Gestion des déchets : éduquer la population congolaise à prendre ses responsabilités



Les Kinoises et Kinois ont encore beaucoup à apprendre sur les gestes élémentaires à poser pour préserver et protéger leur environnement. A l’heure où l’on parle, il se développe de plus en plus à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC) des habitudes peu recommandables dans certaines familles. Actes qui ont un impact immédiat sur l’environnement et sur l’ensemble de la population.

Depuis quelque temps, des parents kinois ne veulent plus utiliser les langes lavables pour leurs nourrissons. «Il faut être à la page. Actuellement, c’est la couche jetable qui convient », entend-on de jeunes mères dire souvent.

Marie Hélène Saidi a accouché il y a deux mois. Comme la plupart des jeunes mères de la capitale, elle n’utilise que des couches jetables. «Il m’est arrivé d’utiliser les langes mais seulement quand j’applique des mixtures sur le corps de mon bébé. Le reste de temps, j’utilise des couches jetables comme le font toutes les mères actuellement.»

Certaines femmes vont jusqu’à vanter des marques de couches jetables lors des séances de pesée des bébés dans les centres de santé. Le pire est que celles qui n’utilisent pas ces couches sont mal vues par les autres.

Ainsi beaucoup de femmes le font par pression des paires, par peur d’être snobées par les autres. Bibiche Mpongo fait partie de cette minorité de mères de familles qui résistent à suivre le courant de la pseudo-modernité. «Il est vrai que les autres mères me regardent avec un certain dédain quand je sors les bons vieux langes pour changer ma fille mais je me fiche de ce qu’elles pensent. Car non seulement, ces couches jetables me coûteraient les yeux de la tête, mais leur gestion en tant que déchets me donnerait également des soucis.»

Le nombre de couches quotidiennement utilisées pour un bébé varie entre quatre et sept, donc cela fait un bon paquet de couches sales jetées à la poubelle. Quand on sait qu’il n’existe pas une réelle politique de gestion des déchets ménagers en RDC, il y a lieu de se demander si cette mode a vraiment sa place dans une ville comme Kinshasa qui compte près de dix millions d’habitants pour plus d’un million et demi de tonnes d’ordures l’an, soit plus de 4000 tonnes par jour.

En effet, les parents qui utilisent des couches jetables pour leurs bébés devraient se poser la question de savoir où vont ces déchets après leur utilisation. A Kinshasa, les habitants recourent, selon les quartiers, à plusieurs pratiques pour se débarrasser de leurs ordures. Ils les jettent dans la rivière la plus proche, les laissent traîner dans un coin de la concession quand ils ne les jettent pas dans le potager ou le jardin familial; les incinèrent ou les enterrent ou encore les entassent dans une poubelle.

Cependant, la collecte des déchets à partir des poubelles demeure un grand problème dans la capitale congolaise. Sa gestion varie d’une commune à l’autre. Le service de voirie n’est pas bien organisé du fait qu’il n’existe presque pas de décharges publiques officielles. Si elles existent, elles sont mal gérées. Quelques initiatives ont été lancées par les pouvoirs publics, de concert avec des partenaires locaux et étrangers, mais la plupart se sont heurtées à l’inconscience et l’incivisme de nombreux Congolais.

Actuellement, la ville est envahie par des déchets ménagers et surtout par ceux en plastique, notamment des bouteilles en PET et des sachets de courses. Certains citoyens n’hésitent pas à incinérer ces déchets à n’importe quelle heure de la journée. Les conséquences de cette mauvaise gestion sont connues sur l’environnement: l’obstruction des rivières, la pollution de l’air, des inondations causées par l’imperméabilité du sol, etc.

Si bien que quand il pleut, les habitants de certains quartiers de la ville sont incapables de sortir de leurs maisons car leur concession est inondée. Ce phénomène récent est lié à la multiplication d’actes irrespectueux de l’environnement.

Il faut un sursaut d’orgueil pour arrêter cette dégradation de la vie car cette gestion irresponsable a des effets sur l’environnement immédiat et sur la santé. Chacun à son niveau doit agir et assumer ses responsabilités.

Les autorités doivent s’organiser pour appliquer la hiérarchie dans la gestion des déchets en favorisant tous les axes de la prévention, en commençant par éduquer la population qui doit impérativement comprendre qu’elle doit réduire ses déchets à la source en faisant en sorte que chaque activité génère le moins de résidus possibles, notamment les couches jetables et les emballages en plastique.

Il faut aussi valoriser les déchets en les recyclant par des méthodes traditionnelles comme pour le compost ou en recourant à l’industrie de recyclage de verre, de papier, de métaux et du plastique etc.

Chaque citoyen a un rôle à jouer dans la préservation de son environnement immédiat et de l’environnement en général. Il faut simplement qu’il soit correctement informé. C’est le défi à relever pour des villes qui connaissent une urbanisation croissante et rapide comme Kinshasa.

Anna Mayimona Ngemba est journaliste freelance en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

Posted by on Aug 1 2012. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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