La Congolaise Marie Membo Aposambi : une mère modèle pour ses filles



Par Cathy Lisongo

On l’appelle Maman Catho du nom de sa première fille comme c’est de coutume dans la province de la République Démocratique du Congo où elle a longtemps vécu. Cette Congolaise est épouse et mère de famille. De son vrai nom, Marie Membo Aposambi, elle est la mère biologique de neuf enfants, soit sept filles dont deux sont mortes et deux garçons. Sa vie de couple n’a pas été de tout repos.

Aujourd’hui âgée de 68 ans, maman Marie n’a jamais connu un banc d’école. Unique fille de son père et de sa mère, elle a été contrainte de rester à la maison sous prétexte que les études ne sont  faites que pour les garçons et que pour pouvoir faire une bonne femme au foyer à l’avenir, elle devait rester à la maison et apprendre tout ce qu’il faut aux côtés de sa mère.

Ainsi, à l’âge de 16 ans, elle a été mariée à mon père Paul en échange de quelques pièces de monnaie, d’une pirogue et d’une machette. A 20 ans, elle a quitté son village natal en compagnie de son mari, qui exerçait comme menuisier et maçon. Direction: la ville de Kisangani, capitale de la Province orientale. Là, son mari a suivi d’autres formations appropriées et ses services ont été retenus par l’Université nationale du Zaire (UNAZA) actuellement connue comme l’université de Kisangani.

Comme mon père gagnait un peu plus d’argent, il s’est mis après quelques années et trois enfants à maltraiter ma mère, qui était pourtant sa femme légitime. Sans lui demander son avis, il a épousé d’autres femmes et s’est mis à faire des enfants à droite et à gauche, beaucoup trop d’enfants en fait, soit plus de 30.

A partir de là, les querelles et les disputes sont devenues incessantes dans notre foyer. Pour des riens, il cherchait querelle à notre mère et comme d’habitude, elle restait impassible. Elle a enduré toutes les souffrances en se taisant et en acceptant de donner naissance à d’autres enfants. C’était impressionnant! Il ne faut pas s’empresser de la juger. Ce qu’il faut comprendre par cette attitude soumise, c’est qu’elle était de la vieille école et qu’à son époque, une femme ne se rebellait pas. Elle était obligée de tout accepter de son mari.

Il n’empêche que Maman Marie a été pour nous un modèle de femme, respectueuse des traditions, respectable et respectée. Chrétienne au niveau de sa confession religieuse, elle nous a appris à être patients dans la vie. Et surtout, bien qu’elle n’ait jamais mis les pieds dans une école, elle a insisté pour que nous, ses filles, étudions d’arrache-pied. Elle ne cessait de nous répéter que c’est à cause de ses parents qu’elle est analphabète et qu’elle ne veut pas que nous suivions son exemple. Elle voyait grand pour nous. A raison.

Durant la période la plus turbulente dans son foyer, notre mère a réussi à se faire vendeuse et à grossir les revenus familiaux.  Elle a appris à faire du pain et du savon qu’elle s’est mise à vendre pour subvenir aux besoins de sa maisonnée. Avec le fruit de ses ventes, elle a financé en partie les études de ses enfants, en particulier pendant les absences prolongées de son époux parti courir les jupons.

Valeur du jour, toutes ses filles, soit cinq au total, sont mariées et heureuses en ménage. Elles lui ont donné plusieurs petits enfants. Mais plus important encore, quatre d’entre elles, encouragées par leur mère, ont réussi à faire des études supérieures et à travailler. Maman Marie dont le mari s’est calmé avec l’âge, vit entourée de ses enfants et petits enfants qui lui sont entièrement reconnaissants pour tout ce qu’elle a fait pour eux.

Cathy Lisongo est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

Posted by on Oct 5 2012. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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