Ces femmes chefs d’entreprises qui réussissent à Madagascar



Par Leevy Frivet

On les surnomme souvent avec une pointe de mépris les « Ranavolona » du nom d’une ancienne reine malgache réputée pour sa fermeté et son manque de clémence. Aujourd’hui, le nom est souvent utilisé pour démontrer l’autorité exercée par de nombreuses femmes chefs d’entreprises.

Si l’on consulte les dispositions du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, signé et ratifié par Madagascar, beaucoup reste à faire quant à l’accès égal des femmes à l’éducation et au monde du travail. Mais  certaines femmes ont réussi à se hisser sur les plus hautes marches du podium comme ce fut le cas de la reine Ranavolona.

Ainsi, dans la société malgache, on trouve de nombreuses femmes à la tête d’entreprises. Le plus vieux et un des plus prestigieux quotidiens malgaches, à savoir « Midi Madagascar », est dirigé par une femme. Il s’agit de Juliana Andriambelo Rakotoarivelo. Elle est à la tête du groupe Midi depuis plusieurs décennies, un groupe de médias  comprenant plusieurs journaux malgaches et une chaîne de télévision. Elle est l’épouse de Mamy Rakotaorivela, président du Conseil de Transition, c’est-à-dire du parlement malgache.

Juliana Andriambelo Rakotoarivelo tient d’une main ferme le groupe Midi et a su gérer cet organisme en dépit de l’arrivée d’Andry Rajoelina au pouvoir car tout sépare le pouvoir actuel du groupe de presse des Rakotoarivelo.

Fille de la journalilste Marthe Andriambelo et d’Eddy Rajaofera, poète et journaliste, sa mère maman s’est formée sur le tas en suivant son mari. Juliana Andriambelo Rakotoariveloa fait des études supérieures mais c’était son mari, Mamy Rakotoarivelo, expert-comptable, qui assurait la direction et gestion du groupe de presse Midi.  Il lui a légué le pouvoir quand il est entré en politique, créant dans la foulée, le quotidien malgache le plus vendu nommé « Gazetiko ». A force de forger, Juliana Andriambelo Rakotoarivelo a réussi à tenir solidement les rênes du groupe Midi.

Les médias et surtout la communication sont un domaine où les femmes excellent. On note aussi la montée en puissance de Nathalie Rabe, ancienne ministre de la Communication et Chief Executive Officer de la compagnie de communication Novo Comm Ogilvy. Une agence qui a déjà été primée à plusieurs reprises et dont les compétences ne sont pas remises en cause. Nathalie Rabe a su prouver que la communication est un atout à Madagascar et dans une interview donnée, elle va encore plus loin, en disant que sa boite n’a rien à envier aux entreprises de communication étrangères. « Novo Comm est une agence de communication globale créée il y a neuf ans. Nous œuvrons aussi bien dans la publicité que dans les relations publiques. Novo Comm Ogilvy est une agence de communication qui conseille ses clients et met en œuvre les plans de communication décidés avec les annonceurs. Notre rôle est de définir au mieux les actions pour atteindre les cibles en tenant compte des différentes contraintes sur le terrain ».

Nathalie Rabe ne craint pas la concurrence bien que de nombreuses agences de communication et de boîtes de production aient vu le jour ces derniers temps. « La concurrence permet de stimuler un marché mais elle doit être saine. Il y a encore une mauvaise compréhension du secteur. Certaines personnes pensent que si une société travaille dans le domaine des supports publicitaires, il s’agit d’une agence de communication, il en est de même pour les sociétés de productions audiovisuelles ou même certaines entreprises d’événementiels. Mais les grandes agences de communication se professionnalisent et dans le cas de Novo Comm Ogilvy, nous n’avons rien à envier aux agences étrangères avec lesquelles nous sommes en concurrence dans les concours».

Autre patronne malgache est Johanne Rasamoely, la  directrice de Teknet Group. Johanne Rasamoely a eu le courage de mettre sur pied son entreprise dans une période de crise politique. Teknet Group est une société de services en ingénierie informatique, fondée en l’an 2000. Johanne Rasamoely est diplômée en sciences politiques et en finances-comptabilité. Elle possédait quelques années d’expérience dans un centre d’appels quand elle a tenté sa chance d’être son propre chef.

Elle a commencé par un petit cybercafé offrant toutefois une formation spécifique en ingénierie informatique. Au fil du temps, elle a su gagner la confiance et Teknet a pu élargir ses activités à la représentation exclusive de matériels informatiques de marques connues, au développement de logiciels et de sites Web. Membre de la Chambre de Commerce France Madagascar et de l’Association des Femmes Entrepreneurs de Madagascar, Johanne Rasamoely a reçu le trophée du Jeune Entrepreneur décerné par la Banque nationale d’investissements en 2006. Comme quoi l’ambition, le dur labeur et la persévérance sont toujours payants.

Leevy Frivet est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

Posted by on Jul 30 2013. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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