Le Front national de Marine Le Pen confirme son enracinement



Il y a un paradoxe Marine Le Pen. Son image se normalise et l’électorat UMP est de plus en plus séduit. Mais, dans le même temps, un sondé sur deux estime que le Front national (FN) « représente un danger pour la démocratie en France » et les deux propositions phare du FN, la sortie de l’euro et la « priorité nationale », sont rejetées en bloc.

Ce sont là les principaux enseignements du baromètre d’image du Front national 2014 réalisé par TNS Sofres pour Le Monde, France Info et Canal+. Ce baromètre présente l’avantage de cerner les évolutions de perception de ce parti sur une longue période puisqu’il fait l’objet d’une édition annuelle depuis 1984. L’étude a été réalisée du 30 janvier au 3 février, sur un échantillon représentatif de 1 021 personnes interrogées en face à face, selon la méthode des quotas.

UN TAUX RECORD D’ADHÉSION AUX IDÉES
L’enquête menée a en tout cas mesuré un record : aujourd’hui, 34 % des personnes interrogées « adhèrent aux idées du Front national », en hausse de deux points par rapport à 2013 ; 59 % des sondés pensent le contraire. Depuis l’accession de Marine Le Pen à la présidence du parti d’extrême droite, le niveau d’adhésion aux idées du FN ne cesse d’augmenter : il était à 22 % lors de la prise de fonction de Mme Le Pen en 2011, bondissant à 31 % l’année suivante et à 32 % en 2013.

Il y a donc une sorte « d’effet plateau », qui voit le FN se stabiliser à un niveau très haut. Une tendance que l’on retrouve dans les niveaux d’adhésion à différentes opinions relevant du programme du FN comme le sentiment de « ne plus se sentir chez soi en France », « la défense des valeurs traditionnelles », le renforcement des pouvoirs de la police ou la demande d’une justice « plus sévère ».
De même, si une majorité des sondés n’adhèrent « ni aux critiques, ni aux solutions de Marine Le Pen », ils sont de moins en moins à le penser (43 %, – 3 points). A l’inverse, 14 % (+ 2 points) adhèrent à ses « critiques et solutions », et 35 %, comme en 2013, souscrivent seulement à ses critiques mais pas à ses solutions.

L ‘IMAGE DE MARINE LE PEN SE NORMALISE
L’image de Marine Le Pen recueille, quant à elle, de plus en plus d’opinions favorables. Ainsi, 58 % des personnes interrogées jugent qu’elle est « capable de rassembler au-delà de son camp » (+ 5 points) ; 56 % qu’elle « comprend les problèmes quotidiens des Français » (+ 7 points) et 40 % (+ 5 points) estiment qu’elle « a de nouvelles idées pour résoudre les problèmes de la France ». « Marine Le Pen renforce ses points de faiblesse, tout en consolidant ses points forts », résume Edouard Lecerf, directeur général de TNS-Sofres.
Autre point essentiel : 46 % des personnes interrogées jugent que Mme Le Pen est « plutôt la représentante d’une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles » (+ 2 points) contre 43 % qui pensent qu’elle représente « une extrême droite nationaliste et xénophobe ». Les deux courbes s’étaient croisées l’an passé. L’écart se creuse en 2014.

LA « DÉDIABOLISATION » PROFITE À MARINE LE PEN
Comment expliquer ces résultats contradictoires ? A la vérité, la présidente du FN a su normaliser son image personnelle, mais pas celle de son parti. C’est plus Marine Le Pen que les Français adoubent que le Front national lui même. Un peu comme si la stratégie dite de « dédiabolisation » avait porté ses fruits pour l’ancienne prétendante à l’Elysée et pas pour le FN.

Cette « dédiabolisation » est menée par Mme Le Pen depuis son éclosion médiatique. Ce choix a été conçu, d’abord, pour banaliser le FN, lui « retirer la tunique de Belzébuth », nourrie du « soupçon d’antisémitisme » qui pèse sur lui, selon les termes de Mme Le Pen. Elle a également voulu se positionner comme une responsable politique « professionnelle » et a tourné le dos aux provocations auxquelles son père, Jean-Marie Le Pen, était habitué. Force est de constater que cette opération fonctionne.
La chance du FN est donc d’avoir une leader qui incarne ses idées, avec un patronyme qui est autant une « marque politique » que le nom du parti. A ce titre, le lancement du Rassemblement bleu Marine, qui confond structure partidaire et personnalité de sa présidente, est une piste à creuser pour la formation d’extrême droite, tout comme l’hypothèse d’un changement de nom du parti.

LA SORTIE DE L’EURO REJETÉE
Cependant, Marine Le Pen n’arrive toujours pas à convaincre les Français du bien fondé des deux points fondamentaux de son programme : la sortie de l’euro et la préférence nationale. 64% des personnes interrogées sont opposées à la sortie de l’euro et au retour au franc, contre 29 % qui pensent le contraire. Un chiffre de mauvais augure à un peu plus de trois mois des élections européennes, où le FN espère sortir en tête. Enfin, en matière d’emploi, 72 % des personnes sont opposées à la « préférence nationale », contre 24 % qui sont favorables à une telle mesure.
Ces résultats entrent en cohérence avec l’image du FN, qui reste un parti protestataire pour 54 % des personnes interrogées quand 35 % d’entre elles estiment que le FN pourrait participer à un gouvernement. Des chiffres stables par rapport à 2013.

Posted by on Feb 12 2014. Filed under En Direct, Featured, Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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