Rencontre presse-PM Le contrôle de l’information et la manipulation de l’opinion publique par la grande presse font craindre les petits journaux



 

La démocratie en péril avec les liens incestueux entre les acteurs économique et une section des médias

 

Deuxième rencontre entre les représentants des groupes de presse et le Premier ministre au bâtiment du trésor, mardi dernier 29 aout. Les représentants de Sunday Times, Inside News, Lepoint.mu, la Vie Catholique, Le Xournal, Channel News, Mauritius Times, le Socialiste et Discover and Invest, la Mauritius Braodcasting Coorporation ont pu faire part de leurs doléances et propositions à Pravind Jugnauth.Cela après une première réunion avec d’autres confrères, qui tenue la semaine dernière.

D’emblée Vedi Bhallah, directeur et rédacteur en chef de Le Socialiste a fustigé une proposition de Lindsay Rivière à l’effet que le Premier ministre devrait s’entretenir régulièrement avec les journalistes chevronnés.  « C’est inacceptable. C’est une atteinte à la liberté de la presse », a-t-il fait ressortir.

Pour sa part Jimmy Jean-Louis, CEO de Le Xournal, avance qu’il faut une réflexion des considérations majeures à tous les niveaux. Il a fait un véritable plaidoyer en faveur du droit à l’existence des petites publications et des journaux en ligne. Au passage, notre CEO, a rappelé que ce sont des petits entrepreneurs qui ont eu le courage de se lancer. Selon lui, l’Etat a le devoir de soutenir la pluralité médiatique notamment avec la manne publicitaire de l’Etat. Il a cité l’exemple de la France où l’Etat soutient financièrement des petites publications pour assurer la pluralité de l’expression peu importe le courant d’opinions ou la ligne éditoriale.

« Ce n’est pas possible que ceux qui obtiennent des millions en recettes publicitaires cherchent également à obtenir le Government Paid Publicity. Que ce soit Sir Seewoosagur Ramgoolam ou Sir Anerood Jugnauth, tous deux avaient jadis affirmé que la pub gouvernementale doit aider les petites publications. J’ai également critiqué la composition actuelle du Media Trust et invite le Premier ministre a amendé la loi pour que les petites entreprises de presses puissent être représentés. Nous ne pouvons pas être écrasés par des grands groupes qui en raison de leurs supers puissances financières, logistiques et en ressources humaines puissent accaparer toutes les postes au sein du Media Trust. J’ai également émis mes préoccupations sur l’attribution du prix Nicolas Lambert», nous a-t-il déclaré.

Madhukar Ramlallah de Mauritius Times a évoqué un risque réelle « que l’information soit contrôlé par des gros du secteur. C’est très mauvais. Il faut un équilibre ».

 

Taariq Dooreemeah, le rédacteur en chef du journal en ligne «  Channel News », le plus jeune des responsables de presse présents, s’est dit très satisfait de cette rencontre où le PM «  a été à l’écoute des doléances de tout le monde, et il dit en avoir pris note ». Il affirme s’attendre à des retombées positives de cette réunion. «  Pourquoi pas une entente parfaite entre la presse et le pouvoir. Ce sera bon pour la démocratie ! », insiste le jeune homme.

 

Pour Mekraj Baldowa, directeur général de la Mauritius Broadcasting Corporation « c’est une rencontre très conviviale, dans une ouverture d’esprit des deux camps ». Il ajoute que le chef du gouvernement a surtout mis l’accent sur l’espace démocratique pour la presse mauricienne. Le chef de la MBC a fait ressortir que la compétition déloyale dont sont victimes les petites boîtes de presse par rapport à celles dites « grosses boîtes » a été largement évoquée.

Le traitement de l’information a aussi été un sujet largement commenté par les invités du Premier ministre. Mekraj Baldowa accueille favorablement de telles rencontres. Une des propositions faites lors de cette rencontre, est une réunion plus élargie avec toutes les parties concernées, indépendamment de l’envergure de la boîte dans le monde de la presse.

De son coté, Zahirah Radha, rédactrice en chef du journal Sunday Times, a déploré que sa publication est victime de boycott publicitaire. Le Premier ministre a, lui, répondu qu’il n’interfère pas dans ces allocations. Elle a critiqué l’inaccessibilité des attachés de presse.

Danielle Babooram de La Vie Catholique explique la publicité gouvernementale doit permettre aux petites publications « de tenir la tête hors de l’eau ».

Krsna Coopoosamy, directeur de First Media (Inside News et Lepoint.mu) félicite l’initiative du Premier ministre d’être en contact avec les responsables de diverses rédactions. Cependant, il est d’avis que cette rencontre aurait dû être faite avec la participation de tout le monde en une seule rencontre, et non en deux sessions. Il a également souligné que « le Media Trust doit jouer son rôle pleinement. Et qu’il n’y ait pas de politique partisane en ce qui concerne l’allocation des formations et l’attribution des honneurs, tels que le “Prix Nicolas Lambert”. »

 

Bernard Saminaden de Discover and Invest évoque lui le risque de la « bipolarisation du contrôle de l’information et de l’opinion publique. Ce n’est pas une bonne chose pour la démocratie. Nous n’avons pas accès aux facilités et nous n’avons pas les revenus importants pour investir. Il faut aussi redéfinir le rôle de l’attaché de presse.

Autre point soulevé par les intervenants, c’est que la démocratie est en péril avec les liens incestueux entre les acteurs économique et une section des médias.  Il y a une tentative de contrôle de l’information et la manipulation de l’opinion publique par la grande presse qui font craindre les petits journaux.

Après la rencontre, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a affirmé : « J’ai eu une deuxième rencontre avec les responsables de presse hier après-midi au Bâtiment du Trésor pendant laquelle nous avons partagé nos opinions sur plusieurs sujets, dont les relations presse-gouvernement et les difficultés que rencontrent les journaux en ligne et hors ligne. J’ai réitéré mon souhait pour que nous ayons des relations respectueuses et que chacun fait son travail dans un climat de respect mutuel. Et je n’ai certainement aucune intention de limiter la liberté de la presse. »

Le Premier ministre a tenu à répondre à une section des médias qui a affirmé que notre situation est comparable à la Corée du Nord. C’est loin, loin et très loin même d’être le cas. Je ne suis pas allergique aux critiques mais aux faussetés qui sont publiées sans que l’on puisse y répondre ».

Posted by on Sep 3 2017. Filed under Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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