Une avancée enregistrée dans l’intégration du genre en RDC



Lentement mais sûrement, la République Démocratique du Congo (RDC) s’engage sur la  voie de la matérialisation de tous les accords régionaux signés en matière du genre. Avec la présentation de son premier rapport national genre, le pays montre sa volonté de rendre effectif  les objectifs du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement dont l’année butoir est 2015.

Trois ans nous séparent de cette échéance où chaque pays devra rendre compte de ce qui a été fait par rapport à la parité. Raison pour laquelle la RDC qui ne veut pas rester profil bas lors de ce rendez-vous sous-régional, se met à respecter ses engagements pour promouvoir le genre, qui a aujourd’hui un poids non-négligeable dans les questions de développement.

Présenté devant un parterre de personnalités notamment les représentants des Nations Unies, les membres du gouvernement et ceux du corps diplomatique accrédités en RDC, le rapport national genre montre les efforts que le gouvernement est en train de déployer pour mettre fin aux violences faites aux femmes et par conséquent promouvoir l’équité telle que le stipule l’article 14 de la Constitution de la RDC. «Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits. Ils appliquent dans tous les domaines, notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation».

Le même article poursuit, en outre, « que les pouvoirs publics prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violence faite à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions».

Le tout premier rapport national genre qui est en fait un document bilan sur la prise en compte du genre dans les politiques nationales comprend quatre grands chapitres tous assortis de recommandations.

Le premier chapitre est un état des lieux des inégalités et disparités par rapport aux 12 plateformes de Beijing qui comprennent les violences basées sur le genre, l’éducation, la santé, le VIH/Sida, les conflits armés, la pauvreté, les ressources économiques, l’environnement, les médias, le leadership de la femme, le statut social et juridique de la femme ainsi que de la petite et de la jeune fille.

Le deuxième chapitre met l’accent sur le niveau d’application des instruments juridiques et les engagements nationaux et internationaux en matière du genre. Analyser l’impact réel de ces inégalités dans les différents  secteurs de  la vie  nationale et évaluer  les capacités du gouvernement  et des partenaires à  les réduire ou mieux les faire disparaitre constitue l’objectif du troisième chapitre. Tandis que le dernier chapitre soumet l’ensemble du mécanisme national à une évaluation approfondie et conséquente. Cela en vue d’améliorer la qualité de l’intégration du genre.

Le rapport national genre vient donc enrichir la politique nationale sur le genre et la stratégie nationale de lutte contre les violences  basées sur le genre. Selon Jeannette Kavira, ministre intérimaire du Genre, Famille et Enfant, qui a rendu public ce rapport, ce document sera réactualisé tous les deux ans car les données actuelles sont déjà dépassées. «Elles  indiquent encore des inégalités et disparités flagrantes entre les sexes  alors que dans la réalité, la situation s’est améliorée», précise Jeannette Kavira.

Moussa Kalema,  ministre  du Travail, Emploi et Prévoyance sociale indique, quant à lui, que  ce rapport constitue un instrument de plaidoyer pour la mise en œuvre de la politique du genre en RDC. Selon lui, les disparités et les inégalités entre l’homme et la femme  ne sont pas dues  au manque des textes de loi mais pêchent surtout dans leur application.

Le directeur pays du Programme des Nations Unis pour le Développement, Adama Coulibaly, soutient, de son coté, que la présentation du rapport national sur le genre est un acte à haute portée politique car l’égalité du genre constitue une condition pour le développement.

En sus de la politique nationale sur le genre et de la stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre, la RDC a aujourd’hui son rapport national genre.

C’est une avancée certes mais il reste encore l’adoption de la loi sur le genre. Ce projet de loi a été soumis au bureau de l’Assemblée nationale de la première législature. On estime que l’actuelle assemblée nationale issue des urnes le 28 novembre 2011 placera cette question parmi ses priorités.

En définitive, l’adoption  et la promulgation de cette loi fera avancer le pays non seulement  sur le plan national et régional mais aussi à l’international. Il est donc dans l’intérêt de la RDC de montrer que la question du genre n’est pas qu’un slogan mais plutôt une réalité sans laquelle on ne peut parler du développement.

Blandine Lusimana est journaliste en RDC. Source : Gender Links.

Posted by on May 25 2012. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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