Une ex-travailleuse du sexe raconte comment elle a eu plus de chance que ses amies



Dix ans qu’elle a fait les trottoirs. Priya, ancienne travailleuse du sexe, qui soufflera bientôt ses 30 bougies,  raconte comment elle a échappé à une mort atroce en 2008 à l’issue d’un viol collectif à Balaclava, région située à la périphérie de la capitale, Port-Louis. Un témoignage recueilli dans le cadre de la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre (25 novembre-10 décembre).

« Je n’oublierai jamais cette fameuse nuit de 2008. Je me prostituais pour pouvoir me payer mes doses de drogue. Ce soir là, un client m’a abordée au Jardin de la Compagnie. Après une petite négociation, j’ai pris place sur le siège arrière de sa voiture et il a pris la route en direction de La Butte.  Il a aussitôt mis le volume de l’autoradio à fond la caisse. Puis quelques kilomètres plus loin, il s’est arrêté et a embarqué trois autres individus. Ils m’ont obligée à baisser la tête. La voiture a roulé jusqu’à Balaclava. J’ai tout de suite reconnu l’endroit malgré qu’il faisait nuit noire car plusieurs autres clients m’avaient déjà emmenée là.

Sur place, ces  individus m’ont trainée par terre. Ils m’ont dévêtue. L’un d’eux m’à forcée à lui faire une fellation.  Les autres m’ont brûlée sur tout le corps avec leurs mégots de cigarette. Puis, les quatre m’ont violée à tour de rôle. Ils m’ont battue et si je commençais à hurler, ils me menaçaient de me tuer.

Heureusement qu’une patrouille de police est passée par là à cette heure-là. Pour ne pas être découverts, ils m’ont trainée dans les buissons avant de se cacher aussi. Lorsque les policiers sont repartis, ils n’ont abandonnée sur place. J’ai alors marché jusqu’à un hôtel tout près. J’ai vu une connaissance à la guérite du portail de cet hôtel quatre étoiles. C’était un ancien policier qui y travaille comme agent de sécurité. J’avais soif. Je lui ai demandé à boire en lui racontant ce qui m’était arrivé plus tôt.

Le vigile m’a alors transportée au poste de police le plus proche où j’ai été examinée par un médecin. C’est accompagnée de policiers que je suis revenue sur les lieux du viol où il y avait toujours les mégots de cigarette. On a retrouvé ma culotte à deux mètres de là.

Trois jours plus tard, les policiers m’ont recontactée pour une parade d’identification. Ils avaient retrouvé ceux qui m’avaient violée. Mais au tribunal, les accusés s’en sont sortis avec une petite amende car ils avaient fait croire que j’étais la fautive et que j’avais menti vue que je suis une travailleuse du sexe.

Mais par la suite, j’ai eu droit aux excuses de la Probation Officer car d’autres plaintes ont également été logées contre ces salauds qui avaient des âmes de bourreaux. Cependant, ces individus voulaient se venger de moi. Un soir, ils ont rencontré Fiya, une de mes amies,  qui est également travailleuse du sexe.

Ils ont fait une confusion entre elle et moi car nous portions les mêmes prénoms de temps à autre et elle me ressemblait beaucoup aussi.  Ils l’ont conduite à Balaclava, l’ont violée, avant de l’asperger d’essence et de l’immoler. Elle n’a pas survécu à ses brûlures. Comme elle, j’ai aussi perdu d’autres amies, à l’instar de Cindy, de Marie-Ange, de Kristelle qui ont toutes connu une fin aussi tragique.

Après le meurtre de Fiya, je me suis dit que la vie m’a donné une deuxième chance.  Je vendais mon corps à cause du Brown Sugar. J’en ai goûté la première fois alors que j’entamais ma deuxième année au collège. Avant cela, j’avais fumé des joints, avalé des comprimes psychotropes, du sirop, du valium, pour ne citer que ceux-là. Mais le Brown Sugar me faisait perdre la tête. J’avais besoin de dix doses de cette drogue et ce, trois fois par jour. Une dose coûtait à l’époque Rs 200. J’étais également dépendante de médicaments tels que le Rivotril, qui se vendait à Rs 450 la tablette au marché noir.

J’avais abandonné les bancs de l’école en Forme III. J’avais pris du travail dans une entreprise fabriquant des maquettes de bateaux. Comme il me fallait attendre chaque fin de mois pour toucher ma paye, j’ai acheté de la drogue à crédit. Mais le marchand de la mort fait crédit seulement trois jours. Alors que moi je devenais accro à la drogue de jour en jour.  Voila ce qui m’a poussé dans les bras de la prostitution. Pour moi, c’était de l’argent facile à gagner pour pouvoir me droguer.

Après la disparition de mes amies, j’ai rencontré un homme.   Pour ma sécurité, je me suis installée avec lui. Il était mon mari mais la drogue était devenue mon amante.

Mon compagnon, bien que plus jeune que moi, était violent. Il me frappait tous les jours. Un jour, je suis allée porter plainte contre lui à la police. Quand il l’a su, il m’a frappée avec un sabre. Pour avoir enfin la paix, j’ai choisi de faire la prison pour amende impayée.  Je ne l’ai plus revu à ma libération.

Depuis janvier dernier, j’ai rejoint l’organisation non-gouvernementale AILE. Avant cela, j’avais fait du volontariat à La Case A.  Après tout ce que j’ai vécu, je souhaite faire du social aussi longtemps que je le pourrai afin d’apporter un peu de choses positives à la société et ainsi réparer tout le tort que j’ai pu lui causer.

Pour lutter contre ma dépendance à la drogue, je me suis mise sur Méthadone. Je veux m’en sortir. Et en même temps, je me bats pour ne pas laisser d’autres commettre les mêmes erreurs que moi…»

Source: Gender Links

Posted by on Dec 3 2012. Filed under Actualités. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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