Représentativité des femmes dans les collectivités locales de la SADC: Maurice gagne huit places!



Par Loga Virahsawmy

Hervé Aimé, ministre des Administrations régionales, doit être félicité pour avoir redonné aux femmes la place qu’elles méritaient au sein des collectivités locales. C’est la première fois dans l’Histoire de Maurice qu’il y a autant de femmes conseillères. Après les élections villageoises du 3 décembre dernier, qui aura vu le pourcentage de femmes grimper de 5.8% à 25.5%, les résultats des élections municipales de lundi 10 décembre sont tout aussi bons, avec un pourcentage de représentativité féminine passant de 12.7% à 35.5%.

Avec de tels résultats, Maurice qui était un des plus mauvais élèves de la SADC en matière de représentativité des femmes en politique, figurant à la 14e place sur les 15 pays de la région, se hisse à la sixième place et se rapproche de la Tanzanie. La République de Maurice a désormais une représentation féminine de 30.5% au niveau des collectivités locales alors que la Tanzanie affiche le score de 34% de femmes dans ces mêmes instances. Maurice détrône le Zimbabwe qui occupait jusque-là la sixième place avec 19%. Le Lesotho se maintient en pole position avec 49% de représentativité féminine au sein des collectivités locales.

La nouvelle loi Aimé sur les collectivités locales et son quota du genre a donc fait ses preuves. Cette loi innovante ne fait pas que la promotion des articles 12-13 du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement à propos de gouvernance mais ses bénéfices sont également triples. Elle accroît la participation des femmes en politique au niveau local, se positionne en modèle pour augmenter le nombre de femmes en politique auprès des autres pays de la SADC et ouvre la voie pour que Maurice signe le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement.

Après tout, Maurice est signataire de la Déclaration de la SADC sur le Genre et le Développement, signée à Maurice en 1997, qui réclamait que la représentativité des femmes passe de 30 à 50% dans tous les postes de décision d’ici 2015, conformément au Protocole de l’Union Africaine sur les Droits des Femmes.

Dans le cadre de ses communications stratégiques et de son encadrement en éducation aux médias, Gender Links a formé des activistes politiques femmes pour les encourager à se présenter aux élections. Gender Links est fier de voir que la plupart des femmes formées et qui se sont présentées aux élections des collectivités locales, ont été élues.

Maurice prouve désormais qu’elle peut être un modèle de démocratie dans la région de la SADC comme elle prétendait l’être jusqu’ici. De 6.4% de femmes dans les collectivités locales, le pays est passé à 30.5% de femmes dans ces mêmes instances. Et globalement, Maurice montre des progrès par rapport aux 28 dispositions du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, sortant première en matière de santé, d’éducation et faisant très bien dans les autres secteurs également.

Cette nouvelle loi sur les administrations régionales est une étape marquante vers l’égalité du genre. A plusieurs reprises, le Premier ministre a annoncé qu’il y aurait des réformes électorales majeures pour les élections générales. Si c’est le cas, cela changera radicalement le système électoral pour les prochaines générales prévues en 2015, année butoir pour remplir les objectifs du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement et les OMD. Cela prouve aussi que la longue lutte des féministes pour briser les barrières freinant la participation des femmes en politique commence à donner des résultats.

La population mauricienne a fait preuve de maturité en s’assurant qu’il y ait une bonne opposition dans toutes les localités. C’est excellent pour la bonne gouvernance et la démocratie. Contrairement aux autres pays de la SADC, tout le processus électoral, les résultats et les défilés qui ont suivi, se sont déroulés dans l’ordre et le calme.

Il s’agit là d’une autre preuve que Maurice est une démocratie mûre. Les activistes du genre examineront de près le nombre de femmes qui seront nommées présidentes des conseils de districts et maires. Avant la tenue des élections de décembre 2012, il n’y avait aucune femme présidente de conseil de district et rien qu’une femme maire. Ce nouveau chapitre de représentativité des femmes au sein des collectivités locales laisse présager davantage de réformes pour les élections générales de 2015.

Maurice pourrait finalement signer le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement. Ce faisant, le pays montrera qu’il a fait du chemin en matière d’engagements pris pour faire de l’égalité du genre une réalité d’ici 2015.

Loga Virahsawmy est directrice du bureau francophone de Gender Links et présidente de la Media Watch Organisation. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

Posted by on Dec 29 2012. Filed under Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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