MONDE Venezuela : Hugo Chávez est mort…une «perte irréparable» pour l’Amérique latine



Agé de 58 ans, le président vénézuélien est mort d’un cancer. Le gouvernement a déployé l’armée dans tout le pays.

Le président vénézuélien Hugo Chavez est décédé mardi à Caracas à 58  ans des suites de son cancer diagnostiqué en juin 2011, sans avoir pu prendre congé de ses compatriotes, point final de 14 années de pouvoir sans partage qui ouvre la voie à des élections anticipées.

«Nous avons reçu l’information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple. A 16h25 aujourd’hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias après avoir combattu avec acharnement contre une maladie depuis près de deux ans», a déclaré dans une allocution retransmise par toutes les chaînes de télévision du pays le vice-président et héritier désigné, Nicolas Maduro, au bord des larmes.

Agé de 50 ans, Nicolas Maduro devrait être le candidat du Parti socialiste au pouvoir pour l’élection présidentielle anticipée dont l’organisation doit intervenir dans les 30 jours, selon la Constitution. Il sera probablement opposé au gouverneur Henrique Capriles, 40 ans, candidat malheureux contre Hugo Chavez en octobre.

Le ministre des Affaires étrangères Elias Jaua a annoncé par la suite que Nicolas Mandura assurera l’intérim jusqu’à la prochaine élection.«Maintenant qu’il existe une vacance absolue (de la présidence), le vice-président de la République assume (la fonction) de président et une élection est convoquée dans les 30 prochains jours. C’est le mandat que nous a donné le commandant président Hugo Chavez», a-t-il dit à la télévision Telesur.

Peu après l’annonce de la mort du comandante, la capitale, Caracas, a plongé dans le silence. De nombreux commerces et l’ensemble des transports publics ont immédiatement cessé de fonctionner alors que des centaines de partisans du comandante, visiblement incrédules, sont spontanément sortis dans la rue. Le gouvernement vénézuélien a décrété sept jours de deuil et fait savoir que la dépouille de Chavez serait exposée dès mercredi dans le hall de l’Académie militaire de la capitale du pays. Les obsèques du comandante sont prévues vendredi.

Sur la scène internationale, les réactions n’ont pas tardé. Les pays d’Amérique du Sud ont été les premiers à s’exprimer.

Depuis la veille, l’incertitude planait sur le sort du président, hospitalisé dans un établissement militaire de la capitale. Il luttait depuis juin 2011 contre un cancer dans la zone pelvienne et son état de santé s’était aggravé ces dernières heures, selon le gouvernement.

Rumeurs et démentis depuis des semaines

Après plus de deux mois d’hospitalisation à Cuba, Chavez était rentré par surprise à Caracas le 18 février, mais n’avait ni été vu ni entendu depuis cette date.

Depuis des semaines, le pays vivait au rythme des rumeurs et démentis autour de la santé du président, le gouvernement affirmant qu’il continuait de diriger le pays, l’opposition réclamant des informations claires.

Vainqueur de toutes les élections auxquelles il a participé depuis son arrivée au pouvoir en 1999, Hugo Chavez est mort alors qu’il avait été réélu pour un nouveau mandat de six ans, le 7 octobre 2012. Depuis juin 2011, il avait été opéré quatre fois à Cuba pour soigner un cancer, avant de suivre de lourds traitements médicaux.

Charismatique, hyperactif, fervent catholique et admirateur du libérateur Simon Bolivar, le président Chavez a continuellement bénéficié de forts taux de popularité, malgré l’hostilité farouche que lui vouaient ses opposants, qualifiés de «traîtres» depuis une tentative de coup d’Etat contre lui en 2002.

Pourfendeur de «l’impérialisme yankee», même s’il n’a jamais cessé ses livraisons de pétrole aux Etats-Unis, Hugo Chavez se présentait en héritier du leader cubain Fidel Castro et cultivait une image iconoclaste en prenant régulièrement la défense de dirigeants controversés, tels que le Libyen Mouammar Kadhafi, l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad ou le Syrien Bachar al-Assad.

Mardi, avant l’annonce de son décès, le vice-président s’en était violemment pris aux Etats-Unis, accusés à mots couverts de fomenter des troubles dans le pays.

L’armée déployée

Le gouvernement vénézuélien a déployé mardi l’armée et les forces de police dans le pays pour «garantir la paix» après l’annonce du décès du président Hugo Chavez des suites d’un cancer, a annoncé le vice-président Nicolas Maduro.

«Toute la Force armée nationale bolivarienne (et) la police nationale bolivarienne (…) sont en train de se déployer en ce moment pour accompagner et protéger notre peuple et garantir la paix», a déclaré Nicolas Maduro dans une déclaration retransmise par l’ensemble des médias du pays.

RÉACTIONS : Les pays d’Amérique du Sud ont été les premiers à s’exprimer après la mort d’Hugo Chavez. Le président français souligne qu’il a «profondément marqué l’histoire de son pays».

Les principaux alliés latino-américains du Venezuela ont salué mardi la mémoire du président Hugo Chavez, qualifié d’«homme exceptionnel» dont «la perte est irréparable» pour l’Amérique latine, tandis que le président américain Barack Obama a estimé que le Venezuela «entame un nouveau chapitre de son histoire».

Le régime communiste cubain a décrété un deuil national de trois jours en hommage à son principal allié politique et économique qui avait été hospitalisé durant deux mois à Cuba, avant son retour à Caracas à la mi-février. «Chavez est aussi Cubain ! Il a senti dans sa chair nos difficultés et nos problèmes et a fait tout ce qu’il a pu, avec une extrême générosité (…) Il a accompagné Fidel (Castro) comme un véritable fils et son amitié avec Raul (Castro) est profonde», a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

Le président Barack Obama a affirmé que les Etats-Unis soutenaient les Vénézuéliens après la mort de leur dirigeant, et espéré des «relations constructives» avec le futur gouvernement de ce pays. «Au moment où le Venezuela entame un nouveau chapitre de son histoire, les Etats-Unis continuent à soutenir des politiques qui soutiennent les principes démocratiques, l’Etat de droit et le respect des droits de l’homme», a conclu le dirigeant américain.

Le président bolivien Evo Morales, au bord des larmes, s’est lui dit «anéanti par le décès du frère Hugo Chavez», depuis le palais présidentiel à La Paz. Il a indiqué qu’il se rendrait au Venezuela dans les prochaines heures.

«Quand les passions s’apaiseront (…), il ne fait aucun doute que le monde entier reconnaîtra la grandeur d’un homme extraordinaire, courageux, plein d’amour et d’héroïsme», a déclaré le président équatorien Rafael Correa, la voix brisée, lors d’une allocution.

Le gouvernement du Nicaragua, également membre comme la Bolivie et l’Equateur de l’Alliance bolivarienne des Amériques (Alba), inspirée par le président vénézuélien, a estimé que «les hommes exceptionnels et formidables comme Hugo Chavez ne meurent jamais».

«Le gouvernement brésilien n’a pas toujours été intégralement d’accord avec le président Chavez mais sa disparition représente une perte irréparable. Il était un ami du Brésil et du peuple brésilien», a pour sa part affirmé la présidente de gauche Dilma Rousseff.

«Avenir meilleur et plus prometteur»

«J’ai confiance dans le fait que son amour de la patrie et son engagement pour la cause des plus défavorisés continuera d’illuminer le futur du Venezuela», a de son côté déclaré son prédécesseur à la tête du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva.

En Colombie, le président Juan Manuel Santos a exprimé son «profond regret» pour la mort de Hugo Chavez, rappelant qu’il avait apporté un soutien important pour le processus de paix avec la guérilla marxiste des Farc.

Au Chili, le président Sebastian Pinera a notamment souligné le rôle joué par son homologue vénézuélien dans la création de la Celac (Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes), l’entité régionale fondée lors du Sommet de Caracas en décembre 2011 et dont le premier sommet s’est déroulé à Santiago le 28 janvier, en son absence. «Nous avions des différences mais j’ai toujours su apprécier la force, l’engagement avec lequel le président Chavez luttait pour ses idées», a-t-il conclu.

Au Canada, le Premier ministre Stephen Harper a estimé que le décès du président Chavez ouvre une période de transition qui doit permettre aux Vénézuéliens d’accéder à «un avenir meilleur et plus prometteur».

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a rendu hommage à Hugo Chavez, soulignant qu’il s’était efforcé de «répondre aux aspirations et aux défis des plus vulnérables» dans son pays.

 «Perte d’un champion»

En Europe, le président français François Hollande a estimé que Hugo Chavez avait «profondément marqué l’histoire de son pays». Il «exprimait au-delà de son tempérament et de ses orientations, que tous ne partageaient pas, une volonté indéniable de lutter pour la justice et le développement».

«En tant que président du Venezuela pendant 14 ans, il a marqué les esprits dans son pays et bien au-delà», a pour sa part réagi le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague.

«La Palestine dit adieu à un ami loyal qui a défendu passionnément notre droit à la liberté et à l’autodétermination», a déclaré Nabil Shaath, en charge des relations extérieures du mouvement palestinien Fatah. «Le président Chavez a sans cesse travaillé non seulement pour la dignité et la gloire de son Amérique latine bien aimée, mais aussi pour tous les peuples opprimés, y compris la Palestine, un pays qu’il gardait dans son cœur», a-t-il ajouté.

A Hollywood, le réalisateur américain Oliver Stone, supporteur de longue date d’Hugo Chavez, a affirmé qu’il «restera à jamais dans l’Histoire». L’acteur engagé Sean Penn a également rendu hommage à Chavez, estimant que les personnes pauvres de la planète avaient «perdu un champion» et l’Amérique «un ami qu’elle a toujours ignoré avoir».

Posted by on Mar 6 2013. Filed under Actualités, Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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