Narendra Modi doit préserver une Inde tolérante



« Le siècle de l’Inde ». Narendra Modi a rêvé tout haut, vendredi 16 mai, en commentant son triomphe électoral aux élections législatives dans la « plus grande démocratie du monde ». La tête d’affiche du Bharatiya Janata Party (BJP) est en passe de devenir le nouveau premier ministre du géant d’Asie du Sud. M. Modi incarne la droite dure indienne. Il est à la fois un nationaliste, un militant hindou au passé radical, un partisan agressif de l’économie de marché. Son arrivée au pouvoir va déplacer les lignes en Inde.

Il soulève un puissant espoir : la réactivation d’un essor économique qui s’est essoufflé. Il suscite aussi une crainte profonde : la fragilisation du pacte social sur lequel l’Inde de Gandhi et Nehru s’était bâtie, à savoir l’harmonie confessionnelle entre la majorité hindoue et les religions minoritaires.

Après cinq semaines de scrutin qui ont vu 551 millions d’électeurs, un record, se rendre aux urnes pour ces élections législatives, c’est un nouveau qui commence pour l’Inde.

Modi, fils d’un vendeur de thé de 63 ans, a monopolisé la campagne électorale en multipliant les meetings, parfois grâce à son hologramme en 3D, avec comme message principal la promesse d’incarner un pouvoir fort à même de relancer l’économie indienne.

es attentes sont fortes au sein de la population indienne après cette campagne centrée sur Modi et son bilan économique dans l’Etat du Gujarat, qu’il dirige depuis 2001. “Je suis allé dans le Gujarat et j’ai vu de belles routes, de bonnes infrastructures et de bons hôtels, c’était un peu comme l’Amérique”, déclare ainsi Ajit Singh, entraîneur de lutte rencontré à New Delhi. “Avec Modi, il y aura des progrès”, estime t-il.

Les marchés boursiers ont déjà anticipé une nette victoire de Modi avec une hausse de 5% sur la semaine, les investisseurs faisant preuve d’un optimisme, que certains jugent exagéré, sur sa capacité à sortir l’Inde de ses difficultés: infrastructures défaillantes, inflation galopante, etc.

Les grands industriels du pays soutiennent le dirigeant du BJP en raison du bon accueil reçu par les entreprises sur ses terres du Gujarat tandis que son ascension sociale a convaincu une partie de la population qu’il pourrait incarner un pouvoir fort et efficace. Au-delà des nationalistes hindous, il a aussi rallié une partie des plus pauvres qui votaient traditionnellement pour le Congrès et ses programmes sociaux.

Les attaques de ses opposants – l’un l’a qualifié de “diable” et de “boucher du Gujarat” – et les mises en garde des minorités religieuses sur les fractures qu’il pourrait créer au sein de la population ne semblent pas avoir fait mouche.

Rupture pour les Gandhi
Le meilleur résultat du BJP remonte à 1999 avec 182 sièges qui lui avaient permis de diriger le pays jusqu’en 2004. Il pourrait cette fois obtenir avec ses alliés la majorité absolue (272 des 543 sièges en jeu). “Modi est arrivé au bon moment, alors que la population est gagnée par l’abattement”, estime Mohan Guruswamy, du think-tank Centre for Policy Alternatives.

Une nette défaite chamboulerait probablement le Congrès et poserait la question de la capacité de la famille Gandhi à diriger le pays. Rahul Gandhi a conduit une campagne jugée terne, incapable de lui donner un élan. “Rahul Gandhi a été incapable de communiquer, il n’a parlé que de façon elliptique”, estime le politologue.

L’arrivée de Modi au pouvoir constituerait un changement radical pour les grands pays occidentaux qui ont boycotté le dirigeant indien pendant près de dix ans après les émeutes qui ont ensanglanté le Gujarat en 2002.

Plus de 1000 personnes ont été tuées dans ces émeutes, essentiellement des musulmans. Modi a été accusé d’avoir encouragé les violences. Pendant la campagne, il s’est abstenu de mettre en avant les revendications nationalistes les plus radicales du programme du BJP.

Le nouveau Premier ministre indien, Narendra Modi, a reçu samedi un accueil chaleureux de ses partisans lors d’une parade organisée dans la capitale pour célébrer la victoire de son parti aux législatives indiennes.

Devant des centaines de personnes brandissant des drapeaux, le Premier ministre indien élu, Narendra Modi, tout sourire, a été accueilli triomphalement, samedi 17 mai, à son arrivée à New Delhi au lendemain de sa victoire écrasante aux législatives en Inde.

À la sortie de l’aéroport de Delhi, peu avant 11 heures (05H30 GMT), Modi a fait le signe de la victoire devant ses partisans avant d’entamer une parade dans la capitale pour célébrer le succès de son parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) qui a remporté la majorité absolue.
“Modi est notre lion! Il va travailler pour le peuple indien, pour le développement et pour chaque Indien”, a lancé Om Dutt, un commerçant de 39 ans venu l’acclamer à l’aéroport.

Posted by on May 19 2014. Filed under Actualités, Featured, Monde, Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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