LE RETOUR DE GÉRARD CATEAUX : La recherche éperdue du temps



Dans les méandres nostalgiques du Port-Louis des années 50. Un gamin à la bouille de chérubin est envoyé en pension pour apprendre les bonnes manières auprès d’une tante institutrice. Le petit Gérard ne voudra plus regagner le village de Vacoas, après ce séjour en ville chez sa tante Thérèse. Avec beaucoup de tendresse, Gérard Cateaux prend le lecteur par la main pour marcher sur les pas du petit Gérard, dans un Ward IV peuplé de personnalités. Un parcours initiatique à l’époque des calèches et du chemin de fer.

Ce n’est pas l’histoire du premier rédacteur en chef de notre confrère Week-End. Ni celle de l’ancien enseignant d’anglais dans la Grande île. Mais bien celle du petit Gérard, jouant au kaléidoscope des souvenirs : des images du cinéma Luna Park appartenant à la famille de son ami Dawood Rawat, des entractes du Cinéma de Familles animés par un jeune poète du nom d’Edouard Maunick. La saison lyrique au Théâtre de Port-Louis; ses spectateurs en chapeau haut de forme, accompagnés de dames gantées jusqu’au coude…

Temps révolu.

Dans cet ouvrage d’une qualité littéraire certaine, l’auteur revient sur les personnes qui ont marqué son enfance et son adolescence jusqu’à l’âge adulte. Sa scolarité primaire au Champ de Lort, avant le Collège Royal de Port-Louis, constitue une immersion dans un temps désormais révolu. Une sorte de paradis perdu dont les bribes sont soigneusement consignées dans ce petit livre dense, illustré de photos d’une époque sentimentale.
Le petit Gérard grandit. Il est admis au secondaire et compte parmi ses camarades des gens devenus aujourd’hui de sommités… La fascination tout adolescente pour l’idole des jeunes des années 50, un géant qui avait la fureur de vivre à l’est d’Eden, mort à toute vitesse, au volant d’une Porsche, le 30 septembre 1955 : James Dean crevait alors la toile…

La patine d’une époque est restituée au long de ces 110 pages. Gérard Cateaux promet une suite à ce Retour.
Notons que la préface est signée Dawood Rawat. Le Retour de Gérard Cateaux sera officiellement lancé après le Ramadan.
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EXTRAITS
“Tante Bijoute, me tenant par la main, me dit sur le chemin du retour : “Ti-Gérard, demain, nous irons acheter tes affaires pour la rentrée scolaire. Tu auras besoin de sandalettes, d’une ardoise et de crayons. Et, pour t’habiller, tu auras besoin d’un short et d’une chemise.”

Le grand jour de la rentrée arriva, enfin ! La calèche nous attendait au petit matin. Dick, le cocher, avait envoyé son fils, Prem, pour savoir à quelle heure nous allions quitter la maison pour la Place de l’Immigration. Chaque matin, Prem enfourchait son vélo. Il commençait sa tournée chez Mademoiselle Gallet, chez Miss Legallant, à la rue Erneskillen, avant d’atterrir, chez nous, à la rue Poivre…”

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“Tante Bijioute était une mordue du cinéma. Ses salles préférées étaient le Cinéma des Familles, qui appartenait à la famille Atchia, et le Luna Park, l’ancien, qui appartenait à la famille Rawat de mon ami des “Petites bourses”, Dawood Rawat. Au Cinéma des Familles, pendant l’entracte, un jeune homme récitait ses poèmes. C’était Edouard Maunick ! Je me souviens encore de lui, debout sur la boîte aux lettres située sur le parvis de l’église Immaculée Conception, discourir sur les grands écrivains et poètes contemporains. Il avait le don de la parole, ce monsieur Maunick !”
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“La rue Madame était une rue sans fin ! Plus au bas, il y avait mon futur professeur de biologie au Collège Royal de Port-Louis, Monsieur Guy Edouard. Un peu plus loin, était fixée à l’intérieur d’une murette en béton, la maison coloniale vitrée de la famille Kasenally, gros propriétaire de cannes dans la région de Rivière du Rempart. C’est ici, dans cette bâtisse imposante, que Rashid Beebeejaun s’implantera comme un pensionnaire. Je le revois encore, en short, enfourchant sa bicyclette, remontant et descendant cette rue Madame, qui s’étendait du pont de la rue Deschartres jusqu’au terrain de football de la Plaine Vénus…”

Posted by on Jul 28 2014. Filed under Actualités, En Direct, Featured. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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