LEICESTER CHAMPION, LE CASSE DU SIÈCLE



Le club des Midlands a signé l’un des plus grands exploits du sport moderne en décrochant, avec des moyens limités, le titre de champion d’Angleterre au nez et à la barbe des grosses écuries du «Big Five».

C’était impossible. Alors ils l’ont fait. Leicester, promu il y a deux ans en Premier League et jusque-là étiqueté équipe de «losers», est devenu champion d’Angleterre, lundi soir, quand son dauphin, Tottenham, a été tenu en échec par Chelsea (2-2). Sacré dans le championnat le plus relevé du monde, au milieu des Manchester United, Arsenal, Liverpool, Chelsea et Manchester City qui composent le «Big Five». C’est la première fois depuis 1995 et le sacre de Blackburn que le titre échappe à l’un des membres du «club des cinq». Et les Rovers, à l’époque soutenus par un milliardaire, disposaient d’un des plus gros budgets d’Angleterre…

L’incroyable sacre des «Foxes» (les renards) ne doit rien au hasard ou à un hallucinant coup de chance. Après 36 journées, les joueurs du Leicestershire (150 km au Nord de Londres) n’ont perdu que trois matches (deux fois contre Arsenal et à Liverpool), soit autant que le champion de la saison précédente, Chelsea, en 2014-2015. Le public anglais s’est habitué à l’inhabituel, l’exploit s’est forgé au long de la saison : la première fois qu’ils ont pris les commandes de la Premier League c’était après 13 journées, en novembre. Depuis, ils n’ont rétrogradé que deux fois, au soir de la journée suivante, puis entre la 19e et la 23e.

Un recrutement «big data» sur ordinateurmorgan
La «Blue Army» a épaté toute la saison par sa fraîcheur, son état d’esprit. Avec un budget estimé à environ 130 M€, le club des Midlands a fait la nique aux «milliardaires» de Chelsea (388 M€) et Manchester City (414 M€). Et, avec des moyens moindres, il a révélé des talents passés jusque-là sous les radars des recruteurs : Jamie Vardy, buteur enragé (22 buts cette saison) appelé depuis en équipe d’Angleterre et élu joueur de l’année par la presse ; le milieu d’origine algérienne Riyad Mahrez, né à Sarcelles, passé par Quimper et Le Havre et élu joueur de l’année par l’Association des footballeurs professionnels (PFA) ; le petit milieu défensif N’Golo Kanté (1,69 m), appelé en équipe de France, ou encore le gardien Kasper Schmeichel, «fils de» Peter, légende de Manchester United.

Un recrutement judicieux, au rapport qualité-prix sans équivalent, grâce à Steve Walsh, ancien prof de sport, dingue de «big data» qui a détecté ses pépites devant son ordinateur, en épluchant des statistiques.
Récemment, d’autres exploits similaires ont bien eu lieu. En France, il y a d’abord eu, récemment, le sacre de Montpellier, au nez et à la barbe du Paris SG qui venait de passer sous pavillon qatari en 2012. Ou encore l’Atlético Madrid de Diego Simeone, qui a damé le pion en 2014 au Barça et au Real. Mais, Leicester a dû s’imposer contre à une meute de prétendants autrement plus importante.
Ranieri a préféré aller manger avec sa mère en Italie

Le grand artisan du succès des «Foxes» est l’Italien Claudio Ranieri, qui, après plusieurs passages dans les grands championnats européens, n’avait jamais décroché de titre national. Entre 2000 et 2004, il n’y était pas parvenu avec Chelsea. A 64 ans, malgré une expérience d’entraîneur de près de 30 ans, l’ancien entraîneur de Monaco traînait une réputation de «loser». Aucun titre que ce soit à Naples, la Fiorentina, Valence, l’Atlético de Madrid, Chelsea, la Juve, la Roma ou l’Inter Milan. Juste deux titres en deuxième division avec la Fiorentina en 1994 puis l’ASM en 2013.

A l’heure qu’il est, Ranieri ne sait peut-être pas qu’il a enfin décroché un titre de champion. Lundi soir, il avait prévu d’être dans l’avion qui le ramène d’Italie, où il avait prévu de… manger avec sa mère nonagénaire. «Je serai dans l’avion du retour, avait-il prévenu. Je dois voir ma mère. Elle a 96 ans et je voudrais déjeuner avec elle.» Tout aussi improbable que le sacre de son équipe.

Ceux qui n’avaient pas vu venir le coup sont les bookmakers, qui avaient fixé la cote de Leicester champion à 5.000 contre 1 en début de saison. Quelques supporters se frottent aujourd’hui les mains. Les bookmakers beaucoup moins, qui proposent depuis quelques mois de «racheter» les paris (contre des sommes moindres) avant que Leicester ne soit sacré. William Hill, l’une des principales maisons de paris britanniques, a évalué ses pertes à 13 M€. Jamais un champion ne leur avait fait perdre autant d’argent. Un champion qui, la saison dernière, a frôlé la relégation…

Posted by on May 3 2016. Filed under Featured, Sports. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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