Japonzilla !



« Appuie-toi sur ta canne, et non sur les gens. » Voilà un proverbe japonais qui résume idéalement la Coupe du monde des Samurai Blue. Une sélection audacieuse devant, et vaillante derrière, qui n’aura eu besoin d’aucune aide pour renverser l’Espagne (2-1) ce jeudi soir, après en avoir fait de même avec l’Allemagne (2-1). Des victoires de prestige, au culot, venues chasser les vieux démons et ouvrir les portes d’une phase finale dans la plus belle des compétitions.

L’art du rebond

Comme un paradoxe, la réussite japonaise s’est donc dessinée là où personne ne l’attendait vraiment. « On ne s’attendait franchement pas à voir le Japon à ce niveau, narrait à ce titre Pedri en zone mixte. Honnêtement, on a tous été un peu surpris, car ils nous ont pris à la gorge en moins de dix minutes, c’est assez difficile à expliquer. » En effet, comment rationaliser deux succès face à deux monstres européens ? Et comment narrer les scénarios de folie ayant conduit à ces résultats ? Autant d’interrogations auxquelles on ne voudrait pas répondre, pour mieux laisser parler le mysticisme entourant ce type d’exploit.

Pourtant, c’est bien sur le terrain que le Japon est parvenu à ses fins, porté dans sa quête par le cerveau bouillonnant d’Hajime Moriyasu. Un entraîneur suffisamment armé pour rebondir après un échec – en témoignent les deux premières périodes des siens face à l’Allemagne ou l’Espagne, et la désillusion subie devant le Costa Rica (0-1) – et changer ses plans au moment opportun. Le 3-4-3 offensif utilisé lors des 45 dernières minutes de chaque partie, couplé aux entrées décisives de Kaoru Mitoma, Takuma Asano ou Ritsu Doan (respectivement buteurs contre la Mannschaft et la Roja pour les deux derniers) en sont d’ailleurs une illustration concrète.

Des Bleus expérimentés

Car une fois n’est pas coutume, cette année, le Japon n’aura eu peur de personne. Longtemps décriés pour une frilosité devenue caractéristique et un mental fragile, les Bleus ont effectivement déjoué tous les pronostics. D’abord sur le plan psychologique, en renversant des scénarios que l’on pensait figés, après avoir été ballotés en entame de rencontre. Un énième paradoxe dans ce parcours, puisque face au Costa Rica – sa seule opposition « abordable » de ce groupe E -, le Japon s’est laissé griser par l’acabit de l’adversaire, au point de s’incliner sans grand panache. Le bilan d’une sélection ne semblant donc se sublimer que dans l’adversité.

À cet aspect mental s’est ensuite ajouté un aboutissement technique : l’efficacité. Privé d’un véritable buteur depuis la retraite internationale de Shinji Okazaki, et n’ayant jamais su capitaliser sur le talent de Yuya Osako, Yoshinori Muto ou Kyogo Furuhashi, le Japon a donc décidé de coupler ses forces offensives durant ce Mondial. Exit les individualités, place à un ensemble d’attaquants capables d’amener leur létalité : quatre buts sur les dix tirs cadrés cumulés en trois matchs. Cette stratégie payante est notamment symbolisée par l’hyperactivité de Daizen Maeda ou Daichi Kamada aux abords de la surface, et le sens du but de Doan et Asano (trois buts à eux deux). Désormais assuré de faire partie du top 16 international, le Japon entame donc une nouvelle compétition. Celle qui lui permettra de confirmer toutes les certitudes acquises jusque-là et d’entrer définitivement dans sa propre histoire.

Posted by on Dec 2 2022. Filed under Sports. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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