PNQ sur l’efficacité du port : Pravind Jugnauth évoque les incohérences du rapport de la Banque Mondiale comme le reconnait l’institution elle-même
· Le Premier ministre explique que le Container Port Performance Index 2022 affiche des données indicatives et non définitives
Les travaux ont repris à l’Assemblée nationale ce mardi 07 juin, avec la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition adressée au Premier ministre, axée sur la performance des activités portuaires.
Xavier Luc Duval voulait des explications sur le classement qu’occupe Port-Louis, dans le rapport du Transport Global Practice de la Banque mondiale, sous le Container Port Performance Index 2022, soit à la 327e position sur 344 ports répertoriés. Le rapport du Transport Global Practice de la Banque mondiale, intitulé « The Container Port Performance Index 2022 » présente une évaluation comparative des performances des ports, basée sur le temps passé sur place.
Le Premier ministre a répondu que ce rapport est fondé sur des données subjectives et empiriques disponibles sur le temps passé par un navire porte-conteneurs dans un port. Ces données portuaires, a fait ressortir le chef du gouvernement, sont à titre indicatif et non définitif. « However, the Report further draws attention to the fact that the Container Port Performance Index is based on available empirical objective data pertaining exclusively to time expended in a vessel stay in a port and should be interpreted as an indicative, but not a definitive measure of container port performance »,a-t-il soutenu.
Pravind Kumar Jugnauth a expliqué que l’indice est élaboré à partir de la durée du temps depuis qu’un navire arrive au port jusqu’à son départ, après le débarquement, l’approvisionnement, les opérations de transbordement de conteneurs, entre autres.
Selon Pravind Jugnauth, la Mauritius Ports Authority (MPA) et la Cargo Handling Corporation (CHC) Ltd ont analysé le rapport du CPPI et ont constaté que l’indice est basé uniquement sur le temps total écoulé entre le moment où un navire est entré dans un port et le moment où il a débarqué.
Le PM a détaillé les facteurs pris en compte dans le rapport. Ils sont comme suit :
(i) le moment où les porte-conteneurs entrent dans les eaux du port ;
(ii) le temps d’attente au mouillage
(iii) le temps pris par les services de pilotage et de remorquage pour amarrer le navire au quai ;
(iv) la durée des opérations de manutention des conteneurs ;
(v) le désarrimage et le départ.
Selon les explications de Pravind Jugnauth :
(i) un navire est considéré comme étant dans le port une fois qu’il a franchi les limites du port et qu’il s’est enregistré auprès de la station radio du port. Toutefois, le rapport ne permet pas de déterminer l’heure d’arrivée du navire, les données ayant été obtenues à partir du système d’identification automatique des navires ;
(ii) la zone d’attente et d’arrivée des navires mentionnée dans le rapport ne correspond pas nécessairement aux limites du port de Port-Louis
(iii) certains navires de collecte restent plus longtemps au mouillage en attendant les conteneurs de transbordement des navires mères, ce qui a une incidence sur la durée de séjour des navires dans le port ;
(iv) parfois, les navires restent à quai après l’achèvement des opérations de chargement pour charger du combustible de soute ou effectuer d’autres activités auxiliaires, ce qui augmente le temps passé dans le port ;
(v) le rapport ne contient que les conclusions de l’étude mais n’inclut aucune donnée pouvant être comparée aux chiffres compilés pour le port de Port-Louis.
Evoquant les incohérences, le Premier ministre a évoqué que le rapport lui-même évoque ses limites. « Le rapport reconnaît en outre que si les ports modernes collectent des données à des fins de performance, la qualité, la cohérence et la disponibilité des données, les définitions utilisées, et la capacité et la volonté des organisations de recueillir et de transmettre des données à un organisme de collecte ont toutes empêché l’élaboration d’une mesure comparable pour évaluer le rendement dans l’ensemble des ports et le facteur temps. L’introduction de nouvelles technologies, l’accroissement de la numérisation et la volonté des intervenants de l’industrie de travailler collectivement à la mise en place d’un système. De vastes améliorations ont maintenant permis de mesurer et de comparer le rendement des ports à conteneurs de manière robuste et fiable », a-t-il évoqué.
Port-Louis devance plusieurs ports plus importants
Les deux ports de conteneurs les mieux classés dans le Container Port Performance Index 2022 sont : Yangshan Port en Chine en première place, suivie par le port de Salalah à Oman en deuxième place. Trois ports du Moyen-Orient sont classés dans le top dix à savoir, Salalah, Kahlifa et Hamad, ainsi que trois des grandes portes chinoises, Yangshan, Ningbo et Guangzhou. Port Louis se classe au 327e rang et les 21 autres ports sont classés sous Port Louis, notamment Hambourg en Allemagne, Manille aux Philippines, La Spezia en Italie, Houston, Los Angeles, Long Beach, Oakland et Charleston aux États-Unis, Durban et Cape Town en Afrique du Sud, Prince Rupert et Vancouver au Canada. Ce qui serait une incohérence.
Rs 8.4 milliards investies dans le secteur portuaire depuis 2015
Pravind Jugnauth a expliqué que le gouvernement est déterminé à faire de Port Louis une plaque tournante dans la région pour le secteur portuaire. Pour atteindre cette position, un montant de Rs 8,4 milliards ont été investis depuis 2015 sur des projets portuaires par rapport à Rs 2 milliards pour la période 2005-2014. Ces éléments comprennent :
(i) Acquisition du remorqueur Sir Edouard au coût de Rs 450 millions en août 2016;
(ii) affrètement de deux gros remorqueurs au coût de Rs 160 millions à partir de 2023;
(iii) Modernisation et renforcement des quais du terminal à conteneurs de Maurice au coût de Rs 6,82 milliards ; et
(iv) Mise en service du système de trafic maritime en 2020 au coût de Rs 60 millions.
Le Mauritius Ports Authority met également en œuvre un certain nombre de projets visant à améliorer encore l’efficacité et les performances portuaires. À cet effet, un système de compensation des navires numérisé au coût de Rs 7,5 millions est mis en œuvre pour faciliter l’entrée des navires à Port Louis. Le système devrait entrer en service en juillet 2023.
Un contrat pour la révision du Plan directeur du port au coût de Rs 25 millions a été attribué le 30 mai 2023. Ce rapport, qui ouvrira la voie à de futurs projets de développement portuaire jusqu’en 2050, est attendu d’ici avril 2024.
Quatre petits remorqueurs au coût approximatif de Rs 700 millions seraient achetés. La MPA propose également d’acquérir deux gros remorqueurs au coût Rs 1,2 milliards. Ces acquisitions amélioreraient considérablement les services maritimes à Port Louis.
De son côté, la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) a investi un montant de Rs 2,2 milliards pour la période 2015 à ce jour pour l’acquisition d’équipements modernes clés pour augmenter la productivité, par rapport à un montant de Rs 1,53 milliards pour la période 2005-2014. Cela comprend l’achat de Super Post Panamax Ship to Shore Cranes, Grues à portique pneumatiques en caoutchouc, Reachstackers, Tracteurs et remorques.
Cette organisation a aussi nommé un consultant pour effectuer une évaluation technique de l’équipement existant et formuler des recommandations en conséquence. À cette fin, le consultant a recommandé dans son rapport de février 2023 l’élimination de trois grues achetées en 1998 et leur remplacement par deux grues Panamax Super Post. Des recommandations ont également été formulées pour l’acquisition de matériel de triage supplémentaire. Ces équipements devraient coûter Rs 2,2 milliards et augmenteraient encore l’efficacité et le rendement de la Cargo Handling Corporation Ltd.
Le leader de l’Opposition a vivement critiqué l’actuel directeur de la CHCL pour sa gestion et le fait que plusieurs équipements tombent en pannes. Le Premier ministre a précisé que selon un autre rapport de Price Waterhouse Coopers, brandi par Xavier Duval au Parlement, il y aurait un problème « overstaffing » au sein de cette institution. Ce qui rendrait difficile sa restructuration.
« A la suite de ce rapport, de nombreuses mesures ont été mises en œuvre en termes d’investissement dans le port notamment l’expansion du parc à conteneurs, approfondissement du ‘Navigation Channel’ permettant d’accueillir des navires d’une capacité allant jusqu’à 15 000 tonnes, la construction du terminal de croisière, l’acquisition de trois Super Post Panamax Cranes, la mise à niveau du système de caméras CCTV et du contrôle d’accès, le remplacement du système de gestion du trafic maritime. Certains projets sont en cours de réalisation », a indiqué le PM.
Tout en précisant que ce gouvernement est pleinement conscient du fait que notre port, qui est notre seule porte d’entrée maritime, est une composante essentielle de notre réseau national de transport et de nos chaînes d’approvisionnement et qu’il agit comme catalyseur du développement économique. Le GM continuera donc à investir massivement dans la modernisation et l’expansion de l’infrastructure portuaire et de l’opération portuaire en vue d’améliorer encore les indicateurs de productivité portuaire et de transformer le port de la Capitale, en un important transport logistique et maritime hub reliant l’Europe, l’Afrique et l’Asie, comme le souligne le programme gouvernemental 2020-2024.