La parité hommes-femmes butte toujours sur des obstacles en RDC



Par Arthur Kayumba

La célébration de la Journée Internationale de la Femme en République Démocratique du Congo (RDC) comme partout dans le monde constitue une opportunité pour que la Congolaise puisse comprendre, à l’aube du bilan de l’application des Objectifs du Millénaire pour le Développement en 2015, son importance dans le développement socio-économique de la nation et que par conséquent elle s’implique avec détermination et compétence dans tous les domaines de la vie. Si dans les textes de loi en RDC et en particulier dans la Constitution de la 3e République, le principe de la parité hommes-femmes est consacré, son application pratique reste souvent théorique.

Et pourtant, les efforts déployés par le gouvernement pour combattre la pauvreté dans ce pays ont mis en cadence le rôle crucial que joue la femme dans le développement socio-économique. En RDC, les Congolaises gèrent 50 à 80% de la production, du traitement et de la commercialisation des denrées alimentaires. Le secteur informel où s’exercent toutes sortes d’activités commerciales est dominé par les femmes qui progressivement prennent de l’ascendance sur les hommes. Il en va de même par rapport au cambisme de rues.

Toujours dans le cadre des efforts de lutte contre la pauvreté, le gouvernement congolais s’efforce de plus en plus de renforcer les capacités d’assistance au développement des femmes afin qu’elles puissent jouir de leurs droits fondamentaux. L’égalité des sexes et la promotion de la femme congolaise sont à ce prix et demeurent des questions très sensibles pour les pouvoirs publics.

Mais  eu regard aux articles 13-14 du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, de nombreux efforts restent à fournir pour que la Congolaise puisse être à parité dans tous les domaines avec le Congolais. Les dispositions prises par la Constitution pour « assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation» n’ont pas encore été assorties de mesures d’application. Les lois promulguées, notamment sur les élections et les partis politiques, garantissent la parité, mais elles ne prévoient pas de pénalités en cas de non respect des mesures spécifiées.

Les femmes sont minoritaires dans les instances de prises de décisions, comme par exemple, au gouvernement et au Parlement où elles sont moins de 10%, comme l’indique le Baromètre de Gender Links. Catherine Nzeba, chargée des finances au Bureau Stratégique pour la Promotion du Statut social (BSPS) le confirme. « Nous sommes encore loin de l’idéal. Même si la parité hommes-femmes a été insérée dans la Constitution, à cause de l’analphabétisme de la majorité des femmes, surtout dans les milieux ruraux, elles sont en majorité toujours victimes d’exploitation sexuelle, de violences corporelles, d’injures, de spoliation de biens en cas de divorce, ainsi que de coutumes barbares sous le toit conjugal ».

Geneviève Inangosi, la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant en est consciente. « Le ministère reste un élément catalyseur pour relever tous ces défis. Il doit mener des activités tous azimuts pour la promotion de la femme à tous les niveaux ». Ce qui explique que le thème national pour la Journée Internationale de la Femme a cette année été « Ensemble contre la guerre et les violences à l’égard des femmes et des filles en consolidant la paix et la justice en RDC ».  Thème révélateur, même si celui à l’international était «Une promesse est une promesse ».

Le thème congolais démontre l’engagement ferme du gouvernement à aider la femme congolaise à participer activement à toutes les activités projetées pour qu’elle se fasse une place dans tous les domaines. Ce même ministère qui développe des actions et stratégies insiste sur le fait qu’après l’engagement des autorités congolaises et de leurs partenaires dans la lutte contre ces violences, ce combat ne peut avoir de sens que si les auteurs de ces actes barbares sont punis.

« La femme a hérité des vertus qui font d’elle, non seulement, une porteuse de vie, mais une personne habilitée à la conserver soigneusement », soutient Martin Kankonde, journaliste en RDC , qui ajoute que si il y a encore un peu de paix dans le monde, c’est à cause des femmes parce que, leur combat, bien qu’ignoré par les hommes, a pour base l’amour pendant que leurs partenaires masculins s’égarent souvent en prenant de mauvaises décisions qui amènent parfois la déception et la destruction.

L’Etat congolais en général et le ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant en particulier, ne peuvent que sensibiliser la population – hommes comme femmes -, tout en autonomisant ces dernières. Il appartient aussi aux femmes de ne pas baisser la tête et de faire valoir leurs droits.

Arthur Kaymba est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

Posted by on Mar 30 2013. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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