Présidentielle 2017 : quel est le poids politique de Rama Yade ?
PORTRAIT – Ancienne ministre, Rama Yade n’a aujourd’hui ni parti ni mandat mais a visiblement encore beaucoup d’ambition.Un électron libre à la relance. Rama Yade tente de se repositionner sur l’échiquier politique et vise l’Élysée. Invitée du 20 heures de TF1 jeudi 21 avril, la jeune femme de centre-droit a annoncé qu’elle souhaitait se présenter à l’élection présidentielle de 2017. Elle marche seule, sans parti ni soutien majeur, ayant été exclue du Parti radical fin 2015. Une situation qui lui permet toutefois de se lancer dans la bataille sans passer par la case des primaires de la droite.
L’ancienne secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2010 (Droits de l’Homme puis Sports) a essuyé de nombreux revers ces dernières années. Cette conquête difficile peut apparaître comme un moyen de se refaire un nom et une santé politique. Rama Yade avait échoué à l’élection à la présidence du Parti radical en 2011 après avoir quitté l’UMP, et avait ensuite contesté cette élection en justice, avant d’être exclue le 29 octobre 2015 pour des “propos de nature à nuire” au mouvement.
“Je n’ai ni ressentiment, ni désir de revanche”, a-t-elle pourtant assuré lors de son intervention télévisée jeudi 21 avril. Une date qu’elle n’a pas choisie au hasard. “Si je me présente aujourd’hui c’est parce 14 ans après (l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour, ndlr), rien n’a changé”, assure-t-elle.
“Ni de droite ni de gauche”
“On rejoue toujours la même pièce de théâtre avec les mêmes mauvais acteurs”. Rama Yade n’est pas tendre avec la classe politique traditionnelle. À 39 ans, elle compte incarner la “France qui ose”, comme l’indique le slogan qu’elle a choisi pour la bataille présidentielle.
Se lancer en soliste comporte quelques avantages. Ainsi Rama Yade dispose-t-elle d’une liberté d’action totale. Exactement comme Jean-Luc Mélenchon, qui s’est lancé dans la bataille de la présidentielle dès le 10 février sans l’appui d’un parti, ou encore du mouvement “En Marche” lancé par Emmanuel Macron (PS) qui se réclame d’un courant “ni de droite ni de gauche”. Une démarche “hors système” qui est à la mode et séduit les Français mais qui n’est pas nouvelle. François Bayrou avait notamment axé une partie de sa campagne présidentielle de 2007 sur ce créneau.
Des ratés de communication dès le départ
Son initiative reste soutenue par un certain nombre de petits partis. Rama Yade s’en félicite d’ailleurs sur les réseaux sociaux. Le lancement de sa campagne sur les réseaux sociaux a d’ailleurs souffert de plusieurs ratés.Rama Yade s’est en effet livrée au jeu très risqué des questions-réponses avec les internautes dès la fin de son passage au journal télévisé de 20 heures. Comme on pouvait le prévoir, et à l’image de l’échec du passage de François Hollande sur Periscope, de nombreuses personnes ont profité de ce moment pour lui poser des questions qui n’avaient rien à voir avec la présidentielle.
Aux gentilles taquineries du type “Laine ou pilou ?” ont suivi des photographies de sa poignée de main avec Mouammar Kadhafi, dont elle avait pourtant dénoncé la visite en France lorsqu’elle était secrétaire d’État aux Droits de l’Homme. Des fautes de frappe et d’orthographe ont été relevées par certains internautes, leur donnant l’occasion de dénoncer un travail “amateur”.
Le chemin jusqu’à l’Élysée paraît donc très long. À un an du premier tour, Rama Yade devra avant tout recueillir les 500 parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter. Une véritable épreuve pour les “petits” candidats qui sont près d’une trentaine à s’être déclarés en vue de 2017.