Rajen Dhaliah, General Manager de la State Trading Corporation…« La STC c’est l’organisation des ti-dimounes pour bénéficier pleinement de l’Etat Providence»



« Nous avons amélioré la distribution avec 5196 points de vente »

« Riz, farine : fini le bal des profitères, la STC a pris les choses en main »

« Carburants : on va essayer de minimiser l’impact sur l’économie et la population »

Dans une interview accordée à Le Xournal, le General Manager de la State Trading Corporation (STC), Rajen Dhaliah, explique que son organisme s’inscrit dans la logique de la consolidation de l’Etat providence. Brillant gestionnaire, il commente ses futurs projets et justifie la décision de ne pas augmenter le prix des produits pétroliers dans notre pays malgré la tendance internationale. Au passage, il évoque la situation géopolitique avec la tension entre l’Iran et les Etats-Unis.

Propos recueillis par Jimmy Jean Louis / Sanjay Bijloll

Si vous aviez à situer l’importance de la State Trading Corporation, que diriez-vous?

La STC a pour vocation de sécuriser la population en termes de la fourniture de riz, de farine et du gaz ménager. Tout cela fait partie de la décision et la philosophie du gouvernement de maintenir et de consolider l’Etat providence. Nous sommes l’organisation des « ti-dimounes ». Ce qui permet aux consommateurs de bénéficier pleinement des subsides. Nous n’avons pas négligé la qualité avec une batterie de tests pour chaque produit.

La State Trading Corporation (STC) a intensifié son rôle de fournisseur de denrées de première nécessité ces dernières années. Comment vont les choses à ce niveau ?

Je dirais qu’on a amélioré beaucoup de choses concernant la qualité de nos produits. On ne s’est épargné aucun effort pour assurer la distribution des denrées dans tous les coins du pays. Nous touchons actuellement 5196 points de vente.

Deuxièmement, je dois faire ressortir qu’on a baissé les prix de la farine et du gaz ménager grâce à la volonté du gouvernement pour minimiser l’impact des prix.

Concernant la farine, je dirais que la STC a décidé de revoir son modèle de distribution pour être en ligne avec notre objectif de rendre ce produit incontournable dans la vie des Mauriciens et disponible à travers l’île, incluant les poches de pauvretés.

Au juste, qu’est-ce qui a changé au niveau de la farine ?

Sous l’ancien système, la farine était vendue en logement de 25 et 50 kg aux grossistes enregistrés auprès de la STC. Ces derniers commercialisaient alors cette farine sous d’autres noms, dans des logements de 2,5 kg. Ils décidaient eux-mêmes des prix à pratiquer. La population ne bénéficiait donc pas de subsides du gouvernement sur ce produit.

L’ancien système n’assurait pas également une distribution équitable à travers l’île. Ce qui nous a poussés à revoir notre modèle de distribution. Nous avons maintenant sept distributeurs agréés qui procurent la farine auprès de la STC pour les rempaqueter dans des logements de 2,5 kg pour la farine blanche.

Qui plus est, le rempaquetage se fait dans des sachets de farine sous le label de la STC. Toujours, dans un souci de faire profiter des subsides pleinement à la population, le prix est désormais affiché sur les nouveaux sachets de farine. Outre les 5196 points de vente, nous nous sommes alignés sur les normes internationales pour la qualité.

Qu’en est-il pour le riz ration ?

Là également, nous voulons répondre aux attentes de la population. La qualité a connu une très grande amélioration. Le riz est doublement poli et de texture plus soyeuse. Tout comme pour la farine, le riz ration, qui est un produit subventionné par l’Etat, n’était pas disponible partout à travers l’île et il n’y avait pas de contrôle sur le prix de vente. La STC a donc pris les devants pour s’assurer que toute la population, surtout ceux au bas de l’échelle, aient accès à ce produit, et ce, au prix fixé par le gouvernement. Au niveau de la STC, nous avons aussi mis en place un service clientèle pour être plus proches de nos collaborateurs.

Diriez-vous qu’il y avait une ‘mafia’ qui opérait auparavant et profitait des démunis?

Je ne dirais pas « mafia ». Ce genre de personnes, je les qualifie plutôt de ‘profiteers’. C’est vrai que dans le passé, certaines personnes étaient impliquées directement ou indirectement dans la distribution et vente des produits tels le riz et la farine. Heureusement, on a pris des mesures pour redresser la situation.

On note aussi que parfois il y a des abus dans l’utilisation du gaz ménager comme le « decanting » pour les voitures ou par les restaurants. Qu’en pensez-vous ?

Il n’y aucun problème en ce qui concerne l’utilisation du gaz ménager au niveau domestique. Je déplore cependant que certaines personnes utilisent le gaz pour faire le ‘decanting’ en dépit des lois et des descentes des lieux effectuées par la police. C’est dangereux car le gaz est un produit inflammable.  Ces personnes prennent des risques énormes.  Il faut aussi souligner que l’utilisation du gaz ménager par les restaurants est illégale. Au niveau des hôtels, ils utilisent une ‘bonbonne’ à l’usage ‘non domestique’.

Serait-ce parce que nous avons l’un des prix les plus bas de la région ?

Oui. Tout à fait. A travers des baisses successives, on a soulagé le fardeau de la population plus particulièrement ceux qui se trouvent au bas de l’échelle. Maintenant on utilise plus le pétrole lampant ou le bois ainsi que le ‘kerosène’ pour préparer les repas. A travers l’utilisation du gaz, on protège l’environnement et on évite des accidents.

Quid des Rs 1,3 milliards des subsides qui sont injectées par le gouvernement ?

R : Cette somme, qui est énorme, a su améliorer le processus d’achat du riz, de la farine et du gaz ménager et la population a largement bénéficié des subsides gouvernementaux.

Le prix des carburants a récemment connu une hausse sur le marché international. Or, le prix des produits pétroliers est resté inchangé à Maurice. Comment est-on parvenu à ce numéro d’équilibriste ?

Plus qu’un numéro d’équilibriste, je dirais que c’est un travail de longue haleine. On a pris des mesures  en amont et des décisions au bon moment qui ont permis de maintenir le prix de l’essence et du diesel sur le marché local malgré la tendance à la hausse à l’international et le Price Stabilisation Account qui était déficitaire. Une somme de Rs 350 millions a été transférée du ‘Subsidy Reserve Fund’ vers le PSA.

Compte tenu de la volatilité du marché, est-ce que la situation géopolitique avec la tension entre l’Iran et les Etats-Unis va peser lourd dans la balance ?

On ne peut prévoir ce qui va se passer à l’avenir concernant l’importation des produits pétroliers à Maurice. On suit l’évolution des cours mondiaux. La situation géopolitique pourrait changer avec les récents évènements et faire retomber la pression quelque peu. On va essayer de minimiser l’impact sur l’économie et sur la population.  En outre, il y a plusieurs facteurs qui doivent être pris en compte et à propos desquels personne ne peut se prononcer définitivement.

Qu’en est-il pour le « Mer Rouge Old Storage Terminal » ?

A travers ce projet, on veut augmenter le stockage des produits pétroliers.  On a fait du ‘savings’ pour pouvoir investir une somme de Rs 600 millions pour concrétiser ce projet et ce pour le bien-être de la population. Cela nous donnera un stockage confortable de 25 000 tonnes métriques.

Qu’avez-vous à dire sur le projet de ‘bunkering’?

L’un des gros projets qui concerne le ‘bunkering’, porte déjà ses fruits en termes de croissance. Il y a une augmentation dans les ventes.

Et du gaz naturel liquéfié ?

La STC est aussi partie prenante eu égard à la décision des autorités concernées d’introduire le LNG à Maurice. Nous voulons d’un Leading Role sur ce produit dans la région.

Quid des autres projets ?

L’autre projet majeur concerne le ‘Petroleum Hub’ qui sera réalisé à Albion. Il avance selon les délais prescrits. On attend le rapport du consultant pour pouvoir faire bouger les choses.

Il y a aussi le projet de ‘Warehouse’, concernant le stockage du riz et de la farine. Les appels d’offres seront bientôt lancés. Nous envisageons également de réaliser un projet semblable à Rodrigues.

L’autre projet concerne le renforcement d’un ‘Security Plan’ pour contrôler l’accès comme le suggère la commission d’enquête sur la drogue. Nous allons ajouter des mesures, comme des caméras et restreindre l’accès à des endroits stratégiques.

Posted by on Oct 25 2018. Filed under Actualités, Featured, Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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