FINANCE BILL…Pravind Jugnauth: « La Horse Racing Division sera un ‘game changer’, non seulement pour l‘industrie hippique mais aussi pour le MTCSL »
La pérennité des courses hippiques passe aussi par la mise sur pied d’un nouvel hippodrome moderne…
There will be no retreat, no surrender. Je veux que cela soit bien compris de tous.
« Les courses hippiques à Maurice souffrent de pratiques douteuses… »
Les turfistes ont été les plus grandes victimes
Quant au MTCSL, je ne peux que condamner cette obsession de vouloir à tout prix défier le gouvernement et la GRA.
Dans son intervention sur le Finance Bill, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est revenu longuement sur les amendements à la Gambling Regulatory Act pour dissiper tous les doutes et toutes les appréhensions et dénoncer la démagogie en cours. D’emblée, il dira que tout le tollé que suscite le projet de création d’une Horse Racing Division au sein de la GRA est totalement injustifié. Selon lui, les courses hippiques sont a la croisée des chemins. Soit on prend une décision pour entreprendre une refonte complète pour un avenir meilleur ou durable ou laisser l’industrie mourir d’une mort inexorable qu’aucune personne sensée et responsable ne souhaiterait.
De graves inquiétudes concernant les courses hippiques à l’île Maurice ont été exprimées depuis de nombreuses années. « J’ai dénoncé à plusieurs reprises dans le passé les malversations et les problèmes d’intégrité qui ont prévalu pendant si longtemps », a-t-il fait ressortir.
D’ailleurs répondant à une interpellation parlementaire en date du 22 juillet 2014, l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam avait affirmé: “Government views with great concern the wide-ranging allegations about the organisation and management of horse racing in Mauritius. Government is equally concerned about criticisms levelled at agencies dealing with horse racing and betting activities related thereto. It is very obvious that public confidence in the integrity of the horse racing industry has been severely dented….. I have decided to set up a Commission of Inquiry to look into all aspects of horse racing in Mauritius.”
Ce qui a débouché sur la Commission Richard Parry le 24 septembre 2014 avec comme assesseurs MM. Dennis Gunn et Paul Scotney. La Commission a présenté un rapport accablant en mars 2015, trois mois seulement après l’entrée en fonction de l’Alliance Lepep après les élections générales de décembre 2014. Il a confirmé les maux qui affligent l’industrie des courses de chevaux dont la mauvaise administration, la corruption, la collusion, les conflits d’intérêts et les clans, le trucage des courses et d’autres malversations.
Ce rapport affirme :
“The Commission notes that allegations of corrupt races have been a major issue for Mauritian horse racing for many years. Common themes that were highlighted in the Rault Report in 1985 and, in the view of the Commission, are still relevant include:
- clarity around whose responsibility it is to deal with corruption in horse racing;
- the inability through the structures and processes of the MTC to adequately deal with the issue of fixed races;
- conflicts of interest that inhibit improvements around integrity;
- the management and control of both Mauritian and foreign jockeys;
- the illegal betting markets; and
- inadequate application of the rules and regulations around corruption”.
Selon, ce n’est pas la GRA qui devrait s’occuper de cette tache mais d’avoir une organisation séparée la Mauritius Horseracing Authority qui serait un nouvel organisme statutaire indépendant chargé de superviser la réglementation et la gouvernance des courses de chevaux à Maurice. La Commission a estimé qu’il y avait lieu d’envisager de changer le statut du MTC d’un club privé à une société limitée par des actions en vertu du droit des sociétés. Elle a également recommandé une meilleure coordination entre le GRA, le MRA, le FIU et la Police des Jeux pour traiter efficacement les malversations et les activités corrompues dans l’industrie des courses de chevaux
« Comme je l’ai dit, ce n’est un secret pour personne qu’année après année, l’organisation des courses a été décriée par tous les ‘stakeholders’ concernés. Rapport après rapport, de Rault à Parry en passant par Balgobin et Glover, le constat a été unanime et accablant : les courses hippiques à Maurice souffrent de pratiques douteuses. Les turfistes ont été les plus grandes victimes », a-t-il déclaré.
Le Chef du gouvernement dira qu’il fallait agir. Le gouvernement a commencé à prendre le taureau par les cornes dès le début de son mandat en 2015. Comme recommandé par le Rapport Parry, il fallait donner à la GRA des muscles et des dents pour évoluer d’un bouledogue sans dents à un bouledogue qui sait mordre.
Si la GRA n’était pas ‘fit for purpose’ en 2014 comme mis en exergue par la commission d’enquête, c’est que cette institution régulatrice n’avait qu’une dizaine d’employés, la plupart des retraités qui ne faisaient que du ‘rubber stamping’ sous le joug d’un nominé travailliste qui agissait comme Chairman.
Il fallait nommer un nouveau conseil d’administration, restructurer l’institution, et recruter des personnes compétentes ainsi que des consultants pour aider la GRA à assumer ses responsabilités pleinement.
Aujourd’hui, la GRA est dotée d’un Conseil d’administration dynamique et proactif et d’une cinquantaine d’employés qualifiés. Depuis 2015, la GRA a pris une série d’initiatives pour mieux exécuter sa mission telle qu’énoncée dans la GRA Act. Ces initiatives ont tenu compte des observations et recommandations de la Commission Parry.
Ainsi, selon les provisions de la loi, des directives ont été émises à l’intention de l’organisateur des courses hippiques pour s’attaquer au problème de subjectivité et d’iniquité dans la prise de décisions et apporter plus de certitude aux stakeholders concernés.
La loi a été amendée pour contraindre les opérateurs du betting d’opérer à travers une entité corporative pour plus de transparence et conformément à la réglementation contre le blanchiment d’argent. C’est dans cette même optique que le MTC, qui a un statut de club privé, a dû créer une subsidiaire corporative, le MTCSL, pour pouvoir opérer selon les nouvelles dispositions de la loi.
Le contrôle anti-dopage a été renforcé, la GRA prenant à sa charge le contrôle hors-compétition. Sur une recommandation du laboratoire concerné, le contrôle pré-compétition est fait les jeudis suivant la publication du programme des courses. Ce nouvel arrangement permet au laboratoire d’avoir plus de temps pour effectuer un éventail de tests, contrairement à ce qui se pratiquait auparavant.
Pour plus de transparence sur les gains issus du betting, les ‘licensees’ de la GRA sont contraints sous l’Income Tax Act de répertorier les gains dépassant Rs 20 000.
Des accords de partenariat (MoU) ont été signés entre la GRA et d’autres institutions comme la MRA, l’ICAC, la FIU, l’IRSA en vue d’une collaboration étroite pour mieux traquer les actes illégaux ou suspicieux dans le circuit des jeux de hasard et d’argent.
Désormais, il est un devoir légal des ‘licensees’ de la GRA de divulguer leur bénéficiaire ultime, ce qui permet de connaitre l’identité de la personne qui est réellement derrière l’activité concernée.
La Personal Management Licence a été introduite afin de déterminer si une personne engagée dans le secteur des jeux de hasard et d’argent est ‘fit and proper’. Son importance est maintenant mieux comprise, car l’exercice de ‘due diligence’ qui précède l’octroi de la Personal Management Licence permet de mettre à l’écart des individus suspectés de ne pas être ‘fit and proper’.
La loi a été amendée pour contraindre les institutions financières à ne pas honorer des transactions liées à des paris illégaux sur le net.
Dans peu de temps, la Police des Jeux passera sous la GRA en vue d’une meilleure coordination en ce qu’il s’agit des opérations coups de poing sur le terrain.
Et, finalement, il y a eu l’introduction d’un mécanisme de contrôle en ce qui concerne l’achat des chevaux, les paiements effectués aux jockeys et les versements pour l’entretien de chevaux, communément appelé ‘keep money’. Désormais, toutes ces transactions, de par la loi, doivent passer obligatoirement par un compte spécifique de la MTCSL. La responsabilité incombe donc à la MTCSL, valeur du jour, de rapporter à la FIU toute transaction qu’il jugerait suspecte.
Toutes ces mesures montrent que les autorités se sont armées de dispositions légales et de mécanismes pour combattre des actes illégaux dans le secteur des jeux de hasard et d’argent, susceptibles de ternir l’image du pays.
« Evidemment, ces mesures ne plaisent pas à cette mafia dénoncée par la Commission d’enquête Parry. C’est pour cela qu’il y a autant de résistance Et aujourd’hui, à travers les amendements proposés au GRA Act, c’est une autre étape cruciale qui est franchie pour mettre de l’ordre dans l’industrie hippique et assurer sa pérennité. Passer à cette nouvelle étape est nécessaire car il y a encore des entorses répétées aux règles régissant les courses hippiques, au détriment des principaux acteurs du secteur que sont les entraineurs, les propriétaires de chevaux, et les turfistes.
Inspiré par l’une des plus importantes recommandations de la Commission Parry, nous proposons la mise sur pied d’une Horse Racing Division à la GRA. Nous ne créons pas une nouvelle autorité parce que nous estimons inapproprié de dupliquer des institutions, compte tenu de l’exiguïté de notre juridiction. Nous sommes d’avis qu’il faut bâtir autour de ce qui existe et optimiser l’utilisation des ressources disponibles.
Cependant, il est important de souligner que la Horse Racing Division opérera en toute indépendance pour assumer les ‘regulatory and governance functions’ des activités hippiques. Le responsable de cette division consultera le CEO ou l’officier en charge de la GRA que sur des questions d’ordre administratif et de politique générale (policy matters). De plus, cette division, j’en donne l’assurance, comptera en son sein que des professionnels aguerris en matière hippique. Le responsable de la division a déjà été recruté. Il s’agit d’un professionnel australien qui a mis ses compétences au service de plusieurs juridictions hippiques. Il sera épaulé par d’autres consultants réputés dans leurs spécialités respectives. Evidemment, des professionnels mauriciens y feront aussi partie après des exercices de recrutement. », a expliqué Pravind Jugnauth.
Il explique que le gouvernement reconnaît la contribution du Mauritius Turf Club dans les courses hippiques mais que « we cannot turn a blind eye to the numerous concerns expressed by stakeholders of the industry and racegoers. ». De plus, le Premier ministre a démenti les allégations a l’effet que le gouvernement veut prendre le contrôle des courses hippiques. C’est totalement faux. Aucun crime n’est commis. Ce qui est proposé, c’est une évolution pour une industrie des courses de chevaux durable et propre.
« Mais, je pose des questions aux membres de l’opposition:
A qui profite le crime qui est en train d’être perpétué semaine après semaine à l’encontre des turfistes ?
A qui profite le crime de continuer avec des décisions arbitraires et des collusions occultes ?
A qui profite le crime quand certains cautionnent les maldonnes et les activités des corrompus qui ont pris les courses en otage ?
On sait, comment les gains provenant des courses hippiques ont servi de ‘war chest’ pour des politiciens au sein de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire. On sait aussi les relations incestueuses entre ce ‘don’ dénoncé dans le Rapport de la Commission d’enquête et des politiciens de l’opposition. On sait comment des politiciens de l’opposition ont donné des consignes de vote aux dernières élections au Mauritius Turf Club. Alors, ce n’est pas difficile de comprendre les motivations de certains membres de l’opposition. Ce sont eux qui ont politisé le MTC. Qu’ils fassent leur mea-culpa avant tout !
Si je comprends bien les critiques de l’opposition travailliste et MMM, dois-je conclure qu’ils auraient mis le rapport Parry dans un tiroir si jamais ils avaient gagné les élections de 2014 et formé un gouvernement ? Auraient-ils trouvé une parade pour dire que le Commissaire et ses assesseurs ont fauté et qu’il fallait à tout prix maintenir le statu quo et laisser pourrir la situation ? Auraient-ils permis à la mafia dénoncée dans le rapport Parry de continuer à détrousser les turfistes semaine après semaine ?
Quant au Mauritius Turf Club, maintenant Mauritius Turf Club Sports & Leisure Ltd, je ne peux que condamner cette obsession de vouloir à tout prix défier le gouvernement et la GRA. Je le redis : le gouvernement agit en toute bonne foi pour le bien des courses hippiques. Au lieu de contester à tout bout de champ, le MTCSL gagnerait à reconnaitre qu’avec la mise sur pied de la Horse Racing Division, il serait épargné des dépenses conséquentes liées au contrôle anti-dopage et de sa facture salariale la plus onéreuse.
Loin de vouloir tuer le MTCSL comme allégué, l’opportunité est donnée à ce dernier de mieux utiliser les ressources financières qu’il continuera de recevoir des opérateurs de paris, pour améliorer ses infrastructures, moderniser ses équipements, augmenter les ‘stakes money’, améliorer les conditions d’emplois des palefreniers par exemple ou encore planifier l’avenir. Contrairement à ce qui est dit par le président du MTC, un fervent du MMM, il est même un membre du MMM, très proche de son leader, le MTCSL continuera à s’occuper de l’organisation des courses, des ‘race-day operations’ comme on le dit. Depuis la parution du programme officiel jusqu’à la fin d’une journée de course, le MTCSL continuera de s’occuper de ce qu’il fait maintenant.
Clairement donc, la mise sur pied de la Horse Racing Division sera un ‘game changer’, non seulement pour l‘industrie hippique mais aussi pour le MTCSL. »
Poursuivant, le Premier minister a refute les allegations de nationalisation alléguées par certains dirigeants du MTCSL afin de semer la zizanie c’est les turfistes.
La pérennité des courses hippiques passe aussi par la mise sur pied d’un nouvel hippodrome moderne avec toutes les facilités nécessaires et dignes de notre République avant-gardiste. Sur ce chapitre également, l’avènement de la Horse Racing Division à la GRA ouvre de nouvelles perspectives. Je peux dire à la Chambre que des discussions avaient été entamées avec le MTC à la demande de celui-ci pour baliser les contours de la nouvelle industrie hippique.
Une équipe composée des officiers de mon bureau et du ministère des Finances avait été dûment mandatée pour entamer ces discussions. Je suis informé qu’il y a eu sept réunions du 2 décembre 2020 au 15 février 2021, et il y avait consensus sur la marche à suivre, y compris la mise sur pied de la Horse Racing Division qui assumerait les ‘regulatory and governance functions of horse racing’.
Il y avait unanimité sur la nécessité d’un nouvel hippodrome. Il y a bien eu un dialogue avec le MTC, dûment représenté par son ancien Président et son ancien CEO et deux consultants d’Ernst & Young dont les services avaient été retenus par le MTC. Il est donc faux de dire qu’il n’y a pas eu de consultation. Si la nouvelle direction du MTC/MTCSL a changé de cap en s’entêtant dans la provocation et l’insulte et n’a pas voulu poursuivre les discussions, je ne vois pas comment le gouvernement peut être blâmé. Et certainement, nous ne privilégions personne par rapport à un autre. Notre agenda c’est le bien de l’industrie hippique. Rien de plus !
« Je souhaite réitérer que le gouvernement agit de bonne foi en venant de l’avant avec les amendements au GRA Act. Je suis convaincu que dans peu de temps, ceux concernés par l’industrie hippique nous remercieront pour avoir pris les décisions qui s’imposent pour assainir les courses et assurer sa pérennité. Nous faisons ce que d’autres juridictions hippiques comme la Grande Bretagne, le Singapour, et l’Afrique Sud ont fait depuis des décennies.
Nous avons la détermination et la ténacité de mener à bien la réforme à plusieurs volets entamée depuis 2015 dans le secteur hippique. There will be no retreat, no surrender. Je veux que cela soit bien compris de tous. »
Renganaden Padayachy : « Le but de toujours mieux encadrer l’industrie des courses hippiques »
L’Opposition doit se ressaisir
Dans son Summing Up Speech, le ministre des Finances s’est attardé sur la création d’un Horse Racing Division en ces termes : « Il est maintenant opportun et également important de revenir quelques instants sur les modifications qui seront apportées à la Gambling Revenue Authority Act. En ce qui concerne les commentaires divers et variés formulés par les membres de l’opposition, l’honorable Premier ministre a déjà largement éclairé la Chambre.
Permettez-moi d’emboiter le pas à ses propos et de rappeler aux honorables membres de l’opposition que depuis la publication du rapport Parry en 2015, ce Gouvernement a continuellement mis en œuvre les réformes nécessaires.
Et cela dans le but de toujours mieux encadrer l’industrie des courses hippiques. En effet, des préoccupations ont été soulevées dans le rapport Parry concernant des allégations de corruption dans les courses de chevaux à Maurice.
Nous savons bien que ce secteur d’activité fonctionne très largement sur la base de la circulation d’argent liquide, qui est donc plus difficilement contrôlable. Ce n’est un secret pour personne.
Au regard des risques que cela entraine, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, il a été conclu que la ” séparation des pouvoirs ” au sein des courses était nécessaire.
La Division des courses hippiques qui sera créée une fois le Projet de loi voté exercera ses fonctions réglementaires tandis que le MTC continuera à organiser les courses de chevaux.
Cela va dans le sens de l’engagement pris au plus haut niveau par l’Honorable Premier Ministre de faire de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme une priorité de ce Gouvernement.
Je ne cerne donc pas bien la polémique que certains membres de l’opposition semblent vouloir à tout prix créer. Il faut qu’ils se ressaisissent. Il est inacceptable de les laisser jeter de la boue sur nos institutions »
Hors-texte
Au Parlement : troublantes révélations de Pravind Jugnauth sur les relations Jean-Michel Giraud/MMM
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth a fait une fracassante déclaration concernant le MMM au sujet de ce qu’il qualifie de « mafia » au sein de l’industrie hippique.
Dans son intervention au Parlement lors des débats sur le Finance Bill, hier, le Chef du gouvernement, preuves à l’appui, dit-il, affirme que Jean Michel Giraud, président du MTC a participé à la campagne électorale des Mauves en 2019.
Toujours selon Pravind Jugnauth « JMG a travaillé sur le programme électoral des Mauves. » Cela avant d’ajouter que le président du MTC aurait pris la parole lors d’une réunion politique du MMM au Domaine Camellia, Chemin Grenier, le 19 octobre 2019.
Enfonçant le clou, le Premier ministre a allégué qu’une des compagnies de Jean-Michel Giraud renfloue régulièrement les caisses du MMM. « Des millions de roupies atterrissent dans la caisse du MMM, qui clame être le plus pauvre du pays », a-t-il déclaré à l’Assemblée nationale.
Pravind Jugnauth a lancé un défi au leader des Mauves, Paul Bérenger de venir démentir ses propos.