Demande de révision pour vendre le pain maison à Rs 5: Le ministre Callychurn ne mange pas de ce pain-là ; « une demande exagérée » dit-il…
Il soutient que les boulangers font des profits avec les pains spéciaux
Une étude entreprise entourant les coûts de production
La semaine dernière, l’association des boulangers a tenu une assemblée avec ses
membres. A la suite, les principaux dirigeants ont tenu une conférence de
presse. Il n’y a pas eu de suspenses. Le sujet évoqué, concerné principalement
leur revendication quant à une révision du prix du pain, par le gouvernement.
Cependant le chiffre réclamait a pris de court de nombreux Mauriciens, surtout
les autorités. Cela car c’est à cinq et dix roupies que les boulangers veulent
vendre respectivement le pain maison et la baguette de 200 grammes
actuellement à Rs 2,60 et à Rs 5,40 la baguette. Un retour à la charge qu’ils
justifient par le coût de production avec notamment la main d’œuvre par rapport
au salaire minimal et des compensations salariales, la hausse du prix du
carburant ainsi que les denrées.
Les autorités ont cependant démontré qu’ils ne comptent pas céder facilement
face à cette requête. La réponse du ministre du Commerce, a été rapide mais
surtout ferme et claire sur ce sujet. Soodesh Callichurn, à la conférence
hebdomadaire du MSM samedi dernier, dit trouver excessive la hausse du prix
du pain réclamée par ces derniers. Il compte d’ailleurs entreprendre des
évaluations pour confirmer le coût de la production du pain maison, qui a été
annoncé à cinq roupies par les boulangers. Le ministre a surtout laissé
comprendre que son ministère ne cautionnerait pas une exagération quel
qu’onques, vis-à-vis de la population et qu’il ne pourra pas accepter une telle
hausse. Parmi les raisons évoquées, les subsides accordées par le gouvernement,
aux boulangers et aussi sur la farine.
Coût de production
Un dossier comprenant les propositions officielles de l’association des
propriétaires des boulangeries devrait être bientôt soumis au ministère du
Commerce. Celui-ci mettra l’accent sur le coût de production du pain et tentera
de persuader qu’une hausse devrait entrer en vigueur. Lors de leur conférence,
ils avaient évoqué que la dernière révision du prix du pain date de 2012. Et que
depuis, ils ont dû payer sept compensations salariales pour les travailleurs. De
l’autre côté, ils soutiennent qu’il y a une flambée continue des prix du blé et de
la levure sur le marché mondial. De plus, disent-ils, la récente hausse du prix du
carburant est venue alourdir leurs coûts d’opération.
Subvention de l’état
Le rapport de l’association des boulangers ne sera cependant pas pris pour du
pain béni. En effet, le ministre a affirmé que dès le dossier et la proposition en
main, un travail de vérification débutera aussitôt et une décision sera prise en
conséquence. Un des arguments qu’il a mis en avant pour justifier sa position est
que le gouvernement accorde des subsides aux boulangers. En effet, le
gouvernement a en maintes fois consenti des subsides sur la farine pour aider
les boulangeries et par ricochet, les consommateurs au lieu d’augmenter le prix
du pain.
VAT Zero Rated
Face aux demandes répétitives des boulangers, le gouvernement de Pravind
Jugnauth a d’ailleurs eu du pain sur la planche pour que le prix du pain reste à
portér des consommateurs. En mars 2019, le gouvernement, après une étude
entreprise par les officiers du ministère du Commerce, avait reclassé le pain
comme un produit ‘VAT Zero Rated’ au lieu de ‘VAT Exempted’. Cela avait
permis aux boulangers de bénéficier d’un remboursement sur les intrants. Ce
qui a eu un impact positif. En 2020, les boulangers avaient fait une demande
pour que le prix du pain maison passe à Rs 3,30 l’unité, l’étude du ministère du
Commerce a conclu que le pain maison devrait être à Rs 2,70. Et le
gouvernement n’avait pas accordé de hausse, affirmant ne pas être justifiée.
Profits et pains spéciaux
Soodesh Callychurn a aussi déploré les dires de l’association concernant le fait
que les boulangers ne puissent joindre les deux bouts. Il a expliqué que malgré
le faible prix du pain normal, les boulangers arrivent à se faire du profit sur
leurs autres produits. Il faisait notamment référence aux pâtisseries, les pains à
l’ancienne, au beurre, au fromage, aux raisins et autres. Sans compter le fait que
plusieurs d’entre eux utilisent cette même farine subventionnée par l’État pour
fabriquer ces « pains spéciaux » vendus beaucoup plus cher et qui ne sont
soumis à aucun contrôle de prix par l’état. D’ailleurs, la semaine dernière, le
ministère a ordonné à des officiers de recenser le nombre de boulangers engagés
dans la fabrication de pain spécial.
98 % de travailleurs étrangers
Autre point avancé par les boulangers et qui ne tient pas la route est au sujet de
la main d’œuvre. A savoir qu’un recensement effectué l’année d’avant avait
mentionné que 98 % des travailleurs affectés dans les boulangeries sont des
étrangers et majoritairement, d’origine bangladaise. Ces derniers toucheraient
Rs 650 par jour. Le tarif passe à Rs 850 le dimanche et Rs 1 200 en jour férié en
termes de salaires. Ainsi, les ouvriers qui travaillent six jours sur sept, touchent
bien plus que le salaire minimum. Il est estimé que les employés de
boulangeries toucheraient entre Rs 17 000 et Rs 18 000. Ce qui est assez
conséquents lorsqu’ils les envoient dans leurs pays.
Jayen Chellum, de l’ACIM : «C’est une demande exorbitante»
En effet, la révision de prix demandée par l’Association des propriétaires de
boulangeries lui laisse un goût amer. Jayen Chellum, de l’Association des
Consommateurs de l’île Maurice (ACIM), la perçoit comme étant exorbitante.
«Il faut avoir tous les chiffres et voir sur quoi les boulangers se basent pour
leur demande. Combien de pains sont planifiés ? Est-ce plus les pains
traditionnels ou spéciaux qui sont produits ? Sur quoi perçoivent-ils des pertes
etc. ?» s’interroge-t-il. D’autres éléments comme la disponibilité journalière et
la qualité sont aussi à considérer selon lui dans la considération de cette révision
de prix. « nous de notre côté, nous avons toujours maintenu que toute hausse
doit être justifiée. Il faudra une instance indépendante pour voir si la demande
d’augmentation du prix pain des boulangers est justifiée », dit-il.
Jayen Chellum attire aussi l’attention sur le fait que lorsqu’il y a eu une baisse
du prix du diesel, comme c’était le cas en novembre 2014, celle-ci n’a pas été
répercutée sur les consommateurs. «S’il y a une demande de hausse de prix, il
faut également que les boulangers se montrent honnêtes lorsqu’une baisse peut
être appliquée», estime-t-il.
L’évolution du prix
Au début de 2008, il fallait débourser Rs 2,15 pour un pain maison. Mais dès le
19 janvier 2008, le prix a grimpé de 23 %, passant ainsi à Rs 2,65 l’unité.
Quelques mois plus tard, donc en décembre 2008, ce tarif a été revu… à la
baisse. Le pain coûtait alors Rs 2,50. Puis suivant une décision du cabinet
ministériel le 15 juin 2012, de nouveaux tarifs ont été fixés. Le pain maison était
majoré de 8 %, équivalant à Rs 2,70 l’unité. Mais cinq ans plus tard, donc en
juin 2017, une mesure budgétaire est venue ramener ce prix à Rs 2,60. En dépit
d’une demande d’augmentation en mars 2019, le tarif a été maintenu jusque-là
par les autorités.
Le Saviez Vous?
Une famille mauricienne consomme en moyenne entre 4 et 9 pains par jour,
indiquent les boulangers.












