M. Rakotoarisoa Michelson: “Cette alliance ACHEL-PTP a pour but de laisser un héritage aux générations futures”



Il a grandi parmi les chevaux. Âgé aujourd’hui de 89 ans, le président de l’Autorité Hippique pour les courses et de l’Élevage des chevaux de Madagascar (AHCEL), M. Rakotoarisoa Michelson, veut accomplir une dernière mission. “Michel Lee Shim et moi, nous avons les mêmes visions. Nous avons un but commun, qui est de mettre en place les structures portant principalement sur le ‘breeding’ de chevaux dans la grande île à travers un partenariat basé sur l’honnêteté et la sincérité afin de laisser dans quelques années un héritage fort en matière de courses aux générations futures. Sinon je n’aurais pas fait ce déplacement à Maurice. Si les hommes politiques veulent être partie prenante dans ce gros projet, ils seront les bienvenus.”

On a rencontré ce bonhomme 24 heures avant son départ pour la grande île à l’hôtel Le Labourdonnais (ndlr-le lundi 12 septembre). Lorsqu’il parle de l’élevage et des chevaux, son visage illumine. On sent dans ses paroles un amour profond pour la plus grande conquête de l’homme. Quelques extraits de cette interview qui sera publiée dans le magazine de la People’s Turf lors de la 22e journée, dont une partie concernant l’histoire les courses des chevaux à Madagascar.

  1. Rakotoarisoa Michelson, d’abord présentez-vous à nos lecteurs?

J’ai passé 50 ans de ma vie avec les chevaux, car mon père était éleveur de chevaux de courses à Madagascar. J’ai monté à cheval pendant 13 ans comme ‘gentleman rider’ et j’ai été cravache d’Or pendant trois ans. J’ai aussi monté parmi les jockeys dans les plus grands prix de Madagascar. Je suis aussi banquier depuis l’âge de 19 ans et cela jusqu’à ma retraite à l’âge de 55 ans. Je suis père de deux garçons, l’un travaille à Newmarket pour le compte de l’écurie ‘Godolphin’ et le deuxième me seconde dans mes activités. Je souhaite d’ailleurs que ce dernier prenne la relève après ma retraite.

Vous avez consacré une vie entière à la race équine, allant même jusqu’à refuser un poste de directeur à la banque pour rester auprès des chevaux. L’AHCEL c’est votre bébé. Expliquez-nous un peu tout ça et l’idée derrière sa création?

J’ai créé pas mal d’associations pour organiser les courses. C’était difficile d’exister après les changements au niveau de la politique et les crises à Madagascar. C’est tout le système qui change et on rencontre pas mal des difficultés. Et finalement je suis arrivé à l’AHCEL qui est aujourd’hui l’autorité hippique à Madagascar. Je partage la même philosophie de Jean Michel Lee Shim, qui est d’ouvrir les courses hippiques au public sans distinction aucune, tout en faisant beaucoup d’activités sociales. Moi, je suis du côté des éleveurs de chevaux, qui sont à 80% des paysans, à Madagascar.

Les paysans ont souffert pendant ses années vu que les courses se déroulaient en ville. Pour venir faire courir leurs chevaux en ville, ils prenaient le train ou faisaient le trajet à pied. Et cela consiste à traverser 150 à 200 km. Ensuite, ils devaient trouver un lieu pour dormir et garder leurs coursiers. Beaucoup de propriétaires dormaient au final avec leurs chevaux à Tana.

J’ai donc commencé à décentraliser l’hippodrome. J’ai installé de petits hippodromes en brousse. Le premier était à 70 km de Tana à Ambatolampy, un deuxième à Antsirabe, ainsi de suite. Cela permettait aux éleveurs de rester chez eux.

Vous êtes déjà venu à Maurice…

Je suis venu souvent dans votre île comme touriste. Une fois comme invité du ‘Mauritius Turf Club’ à l’occasion de son bicentenaire, et une année à la demande de Jean Halbwachs que je connaissais très bien. On avait même emmené cinq jockeys malgaches pour monter avec les jockeys mauriciens à Maurice. Sir Gaëtan Duval, alors vice-premier ministre, voulait que les deux îles travaillent ensemble à l’époque.

Vous avez assisté aux courses mises en place par le MTC. Vous avez vécu un week-end de courses organisé par la PTP, qui n’a que trois mois d’expérience. Qu’en pensez-vous?

C’est excellent. C’est une bonne organisation malgré qu’on constate qu’il existe encore des choses qui ne sont pas finies. Il y a des gens qui ont de l’expérience.

L’ACHEL avait accueilli une délégation mauricienne dirigée par Jean Michel Lee Shim à Madagascar. Quelles ont été les retombées des discussions?

J’en profite pour les remercier de leur visite. C’était une première prise de contact. Qu’est-ce qu’on va faire? Ce sera un test.

L’élevage des chevaux reste la priorité sur ce qu’on a pu comprendre?

C’est vrai que l’élevage de chevaux à Madagascar a été discuté. Il y a d’autres sujets qui ont été abordés concernant ce grand projet. C’est vrai que nous n’avons pas les médicaments pour traiter les chevaux chez nous et là, Maurice va nous aider. Nous avons de la nourriture qu’on peut aussi exporter. Cela devrait être un ‘win-win situation’.

Maurice n’est pas un pays d’élevage, c’est un terrain de compétition comme Hong Kong. Les Mauriciens ne pensent qu’à une chose. Faire courir les chevaux et gagner de l’argent. Ils ne pensent que comme des hommes d’affaires, soit fructifier leur argent rapidement. C’est mon avis personnel. Or, les courses hippiques sont remplies de défis très intéressants comme le ‘breeding’, entraîné des mâles et des femelles. Cela devient une passion. C’est là où Michel Lee Shim et moi-même, nous nous rejoignons.

Que peut-on s’attendre de cette relation PTP-AHCEL à l’avenir ?

Cela devrait être un ‘win-win situation’ où chaque pays doit apporter ce qu’il a comme expertise. Ce n’est pas une demande d’aide d’un ou de l’autre. Michel Lee Shim et moi, nous avons les mêmes visions. Nous avons un but commun, qui est de mettre en place les structures portant principalement sur le ‘breeding’ de chevaux dans la grande île à travers un partenariat basé sur l’honnêteté et la sincérité. J’ai discuté longuement avec Michel Lee Shim. Lui et moi, nous voulons laisser un héritage fort en matière de courses aux générations futures. Il y a là une alliance entre deux entités qui se complètent et qui ont les mêmes visions. C’est très important. Les deux sont appelés à tirer l’autre vers le haut. Sinon je n’aurais pas fait ce déplacement à cet âge à Maurice pour discuter des projets et voir ce qui est fait. Si la politique des deux pays veut être partie prenante dans ce gros projet, ils sont les bienvenus.

Pourtant à Maurice, les gens arrivent difficilement à comprendre la vision de Jean Michel Lee Shim. Vous l’avez rencontré, qu’avez-vous à dire?

J’ai vu en lui l’homme gentil, l’homme sociable et l’homme travailleur. Je ne le connaissais pas avant personnellement. Je peux vous assurer , de par mon expérience, qu’il sait où il va. J’espère qu’il va réussir à concrétiser ce projet, car l’élevage de chevaux l’intéresse énormément.

On ne comprend pas trop cet acharnement contre lui alors qu’il est en train s’assurer l’avenir des courses hippiques.

Vous savez ce que je pense personnellement de cette situation. Vous avez vécu dans un système colonial et les courses hippiques et c’était une affaire de riches pendant des années. Certains voulaient que cela perdure. Mais Jean Michel Lee Shim est arrivé. Il a touché à quelque chose de très sensible. Il veut porter les courses vers le public, vers le social. Ce que le MTC n’a jamais fait. Michel Lee Shim a brisé quelque chose de très important dans votre structure. J’en ai fait pareil à Madagascar. J’ai pris des jeunes pauvres qui rêvaient de devenir jockey. Je les ai formés et il y a certains qui m’ont quitté par la suite en devenant jockeys, avec une base académique. Au bout de l’effort en équipe, il y a la récompense. C’est ça la beauté des courses de chevaux.

(source: website PTP)

Posted by on Sep 13 2022. Filed under Actualités, En Direct, Featured, Hippisme. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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