Diplômé en ‘General nursing’ : Winley Azmoth, un exemple d’humilité et de persévérance
La vie n’a pas toujours souri à Winley Azmoth. Toutefois, avec l’aide de ses parents et une volonté de fer, il a prouvé qu’on peut déplacer des montagnes et réaliser ses rêves. Issu d’un milieu modeste et habitant de Batterie Cassé à Roche-Bois, une localité qui est souvent associée à des stéréotypes, Winley vient de décrocher son diplôme en ‘General nursing’. C’est un rêve qui se concrétise pour lui. Winley souhaite que son parcours puisse servir d’exemple à tous les «zanfans cités». Portrait…
Un sourire sage éclaire son visage. Il affiche une maturité qui frappe pour un jeune de son âge, lui qui respire surtout la confiance et l’humilité. C’est ainsi que nous avons rencontré Winley Azmoth, un jeune habitant de Batterie Cassé à Roche-Bois au courant de la semaine. Le jeune homme revient sur son parcours quelque peu surprenant. « Je suis issu d’un milieu modeste et j’ai toujours mené une vie simple. J’ai dû faire beaucoup d’efforts et de sacrifices pour gravir les échelons sociaux. Actuellement, je suis titulaire d’un diplôme en General nursing et j’exerce en tant qu’infirmier à la prison de Beau-Bassin. Jamais je n’aurais pensé en arriver là un jour. Mais je suis fier de mon parcours », confie notre interlocuteur.
La vie n’a pas toujours été facile pour ce jeune Roche-Boisien. Issu d’une famille humble et modeste, avec son père Jocelyn qui exerçait comme électricien et sa maman Danièle, appelée affectueusement Danny, qui travaillait comme institutrice, Winley a aussi quatre autres frères. « Notre vie n’a pas été de tout repos, mais nous ne l’avons pas pris comme une fatalité pour nous apitoyer sur notre sort. Nous étions motivés pour sortir de notre misère au lieu de nous lamenter », dixit le jeune homme. Ce dernier confie que ses parents ont dû travailler d’arrache-pied afin de subvenir aux besoins de la famille.
« En primaire, j’étais un slow-learner »
Enfant, Winley a fait ses études primaires à l’école du gouvernement Beaugenre à Port-Louis. Durant ses quatre premières années à l’école primaire, l’habitant de Batterie Cassée confie qu’il rencontrait des problèmes d’apprentissage. « J’étais un slow learner. Contrairement aux autres élèves de la classe, je n’arrivais pas à concentrer ou encore maîtriser les explications de mon enseignant. Je me rappelle encore que j’avais échoué complètement aux examens en quatrième », se remémore-t-il. Ce dernier affirme qu’en dépit de ses mauvais résultats scolaires, ses parents lui disait toujours qu’il n’était jamais trop tard pour apprendre et qu’il peut toujours se rattraper dans ses études.
Deux années plus tard, alors qu’il était en CPE, Winley affirme que son professeur lui avait dit qu’il n’allait pas réussir à ses examens. A cette époque, le jeune gamin caressait déjà le rêve de pouvoir un jour travailler le monde médical. « Cette phrase de mon prof a été comme un déclic. Je me suis dit pourquoi les autres peuvent apprendre et réussir à leurs examens mais pas moi ? J’ai alors mis en pratique les précieux conseils de mes parents et j’ai commencé à prendre mes études au sérieux », poursuit-il. Et d’ajouter : « je voulais prouver à mon prof qu’il avait tort de porter un jugement sur moi ».
Il réussisse ses examens de la CPE
Ses efforts ont fini par payer et Winley a, effectivement, obtenu de très bons résultats à ses examens de la CPE. Il s’est alors tourné vers le collège Père Laval à Sainte-Croix pour ses études secondaires. « Meme si avec mes résultats, j’aurais pu étudier dans un établissement secondaire dite élite, mon choix s’est tourné vers le collège Père Laval pour plusieurs raisons notamment pour la qualité d’éducation qu’elle offre à ses élèves. J’avais aussi un grand frère qui avait fait ses études dans ce collège », affirme-t-il.
Notre interlocuteur ajoute qu’il a été bien encadré par les personnels enseignants du collège Père Laval. « Au collège, mes matières préférées étaient les Sciences. Il y a deux enseignants en particulier nommément Jean-Bernard et Martine qui m’ont beaucoup motivé », dit-il. Elève appliqué au collège, il a obtenu de très bons résultats à ses examens de la School Certificate. Comme cet établissement secondaire Catholique n’avait pas de classe de HSC, c’est vers le collège Bhujoharry que Winley s’est tourné pour compléter ses études secondaires.
Son certificat du HSC en poche, le jeune homme n’a pas eu de grande difficulté concernant son choix d’études. C’est à l’âge de 24 ans qu’il a intégré l’Apollo Bramwell Nursing School en quête d’un diplôme en ‘General Nursing’. « C’était un choix logique d’autant plus que depuis que j’étais enfant, j’ai toujours rêvé de pouvoir un jour travailler dans le monde médical. Petite anecdote, durant mes années au collège, je disais souvent à mes proches qu’un jour je serais gynécologue », raconte-t-il en esquissant un sourire au visage.
À seulement 24 ans, alors qu’il menait une vie heureuse et paisible, un malheur s’abattit sur sa famille. Avec la perte de son papa, son monde s’écroula. Cet évènement tragique affecta tous les aspects de la vie de Winley, particulièrement ses études tertiaires. « Avec le décès de mon papa, j’ai senti que le monde s’est effondré sur moi. J’avais même pris la décision d’abandonner les études d’autant plus que mon papa m’aidait à payer les frais universitaires », dixit-il.
Lorsque Winley a fait part de son intention d’arrêter les cours à sa maman ainsi qu’à ses frères, ces derniers ont objecté à sa requête. « Ma maman et mes frères m’ont conseillé de poursuivre mes études et m’ont réitéré leur entier soutien ». Comme l’argent faisait défaut, le jeune homme a alors approché la Fondation Lagesse pour obtenir de l’aide pour payer ses frais universitaires. « Les responsables de cette fondation ont agrée à ma requête et ont accepté de financer en partie mes études à l’Apollo Bramwell Nursing School ».
Actuellement âgé de 32 ans, Winley Azmoth incarne le symbole de la résilience et le dépassement de soi. Il a déjà récolté le fruit de son effort. Résultat : le jeune habitant de Roche-Bois est titulaire d’un diplôme en ‘General Nursing’. « C’est comme un sentiment de fierté. Cela démontre que mes sacrifices ont fini par payer », dit-il fièrement. « Je souhaite remercier tous ceux et celles qui m’ont aidé directement ou indirectement. Je ne souhaite pas citer des noms afin de ne pas oublier personne. Toutefois, je tiens à exprimer mon entière reconnaissance envers mes parents », dit-il.
Inspiré d’une citation de Rick Rigsby’s, ‘wisdom of a third grade’’’et aussi d’une version biblique « Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins… », Winley exerce depuis peu comme infirmier à la prison de Beau-Bassin. Il définit le rôle d’un infirmier comme un professionnel des soins qui exerce des hautes responsabilités. Selon lui, un infirmier est chargé d’appliquer les prescriptions du médecin, la distribution de médicaments, faire des injections, la pose de perfusions, faire une prise de sang et des pansements. Sa présence au chevet du patient lui permet de surveiller l’état de santé mais aussi de remonter le moral de ce dernier.
Rêves et projets
Des rêves et des projets, Winley en a plein la tête. Il envisage de poursuivre ses études afin d’obtenir un ‘bachelor’ en ‘nursing’. Aussi, il projette d’aller vers d’autres cieux pour y travailler. Il a aussi un message aux jeunes : « Il faut toujours croire en ses rêves même si vous habitez dans une cité. Les efforts finis toujours par payer ».
Empathie, résilience, passion, des ingrédients essentiels pour exercer ce métier et Winley l’a bien compris.