La Harm Reduction Committee du ministère de la Santé réagi après la mort du petit Eliakim
De nouvelle méthode de distribution de la méthadone à l’étude
« Les toxicomanes redoublent toujours d’imagination pour repartir avec cette drogue » soutient un policier.
À la suite du décès du petit Eliakim, mort à quatre ans, vendredi dernier, après avoir ingurgité de la méthadone appartenant à son grand-père, le ministère de la Santé et du bien-être se penche actuellement sur un nouveau modèle de distribution de cette drogue de substitution destinée aux toxicomanes. Selon des renseignements, les représentants du Harm Reduction Committee du ministère se sont réunis le lundi 17 octobre pour étudier toutes les options, afin que cesse le trafic de cette substance. Des propositions et nouvelles formules seront proposées au ministère et un changement pourrait avoir lieu dans les semaines à venir.
Le Harm Reduction Committee du ministère de la Santé estime important d’améliorer, voire revisiter, le système de distribution de cette drogue, une bonne fois pour toute. Cela car malgré une nouvelle formule instaurée en 2015, plusieurs toxicomanes arrivent toujours à repartir avec cette substance pour la commercialiser au noir. La distribution de méthadone a connu un plan national de décentralisation et de distribution, notamment avec un partage au sein même des postes de police. Mais cette méthode n’a que peu freiné les consommateurs de ce traitement, qui même après l’avoir avalé, parviennent à régurgiter leurs doses dans des fioles pour la revendre.
Dans une déclaration samedi dernier, le ministre de la Santé et du bien-être, le Dr Kailesh Jagutpal, a souligné que « la méthadone, une substance distribuée aux toxicomanes chaque matin afin de réduire leur addiction à la drogue dure, ne doit pas se retrouver en dehors des postes de police ». Il intervenait à la suite du décès du petit Eliakim. Une enquête a été initiée afin de déterminer comment le grand-père du petit a pu détenir de la méthadone. Et depuis c’est l’effervescence au sein du ministère pour trouver un moyen plus sur afin que cesse le trafic de cette drogue. Kailesh Jagutpal, a fait comprendre que le ministère est dans l’attente du rapport de la police afin d’entamer « immédiatement la marche à suivre » dans cette affaire.
A savoir que la distribution de méthadone se fait tôt chaque matin, dans les postes de police de Roche-Bois, de Sainte-Croix, de Trou-Fanfaron et autres centres de santé de l’île. Dans la majeure des cas, ils sont plus d’une centaine de toxicomanes à faire la queue dans les centres de distribution de méthadone. Des officiers du ministère de la Santé viennent dans des caravanes pour abattre cet exercise, selon un protocole stricte établi par le ministère. Ainsi, ceux qui en prennent doivent avaler la substance sur place et retourner le fiole vide. Ils doivent ensuite montrer leurs langues aux ‘dispensing officers’ pour prouver qu’ils ont effectivement avaler la drogue avant de pouvoir partir.
Or, vendredi dernier, beaucoup sont tombés des nus, en apprenant la mort du petit Eliakim, qui serait décédé après avoir ingurgité cette substance. Une première investigation a dévoilé que son grand-père, âge de 58 ans, a ramené la méthadone à la maison. Ce qui constitue un délit. Mais cette affaire a surtout levé le voile sur ce trafic que les autorités veulent à tout prix arrêté. Ce décès a démontré que quelques failles perdurent dans la distribution de cette drogue et que d’autres options plus sures doivent être trouvées.
D’ailleurs, un policier explique que les toxicomanes qui viennent prendre leur dose ne manquent pas d’imagination pour quitter les lieux avec le contenu de la fiole. Il soutient qu’il y a des patients qui font semblant d’avaler la méthadone et ils la régurgitent une fois hors de la vue des infirmiers et du policier de service. « D’autres n’hésitent pas à utiliser du coton pour absorber la méthadone. Pour ce faire, ils placent un morceau de coton dans leur bouche. D’autres apportent sur eux une fiole vide qu’ils remettent au Dispensing Officer pour faire croire qu’ils ont bu toute leur dose de méthadone » dit-il.
Le grand-père du garçonnet arrêté pour homicide involontaire
David Antoine, âgé de 58 ans, le grand-père du petit Eliakim Fanfan, a été arrêté par la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord samedi dernier. Lors de son interrogatoire, il a reconnu avoir ramené la fiole de méthadone à la maison. « Monn poz li lor latab », a-t-il expliqué. Le quinquagénaire a comparu devant la Bail and Remand Court. Il répond d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. Après sa comparution, il a été reconduit en cellule policière.
L’inspecteur Shiva Coothen : « ll faut un contrôle plus rigoureux »
L’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office, souligne que les policiers sont intransigeants envers ceux qui sont mouillés dans le trafic de méthadone. Ça « ça constitue un délit de se retrouver avec une fiole de méthadone en dehors de l’enceinte du centre de distribution. Ceux qui enfreignent la loi doivent en assumer les conséquences. Ils seront arrêtés en vertu du Dangerous Drugs Act », indique-t-il.
L’inspecteur de police fait aussi ressortir que les lieux de distributions nécessitent plus de surveillance. « Ces distributions se font sous la supervision d’un préposé du ministère de la Santé. ll faut un contrôle plus rigoureux. La police est présente sur place pour veiller à la sécurité », précise-t-il