Manisha Dookhony, économiste « Notre économie est en mode reprise, malgré les difficultés auxquelles nous faisons face »
Dans une interview, accordée au média, l’économiste Manisha Dookhony, affirme que notre économie est en mode reprise, malgré les difficultés auxquelles nous faisons face. « D’abord le secteur du tourisme, qui était en berne face aux restrictions liées à la Covid-19, a recommencé à opérer et le secteur financier aussi à la suite des déboires liés à la liste noire. On peut voir des constructions reprendre un peu partout. Les chiffres de toutes les différentes agences notent une croissance, même si ce n’est pas une croissance vertigineuse », a-t-elle ajouté.
D’autre part, l’économiste a indiqué que le secteur hôtelier est assez particulier. Grands ou petits, les hôtels font tous face aux mêmes défis. Cependant, elle a fait ressortir que de janvier à septembre 2022, nous avons eu la visite de de 638 332 touristes avec un pic de 94 084 visiteurs en juillet dernier. Ainsi, les mois d’octobre, novembre et décembre devront accueillir 361 668, ce qui fait plus de 120 000 touristes par mois ou autour de 4 000 visiteurs par jour. « En décembre 2019, nous avions accueilli plus de 150 000 touristes, mais c’était toujours la période pré-covid. On espère que l’on pourra arriver à ce chiffre jusqu’à la fin de l’année, mais les spécialistes sont sceptiques », avance-t-elle.
Par ailleurs, au niveau de TIC, l’économiste a laissé entendre que c’est de bon augure pour Maurice. « Dans des périodes de récession, le outsourcing est perçu par des entreprises étrangères comme étant un moyen de diminuer les coûts. Donc, il y a une de fortes possibilités que la demande pour les services des Business Process Outsourcing (BPO) se renforce », estime-t-elle.
Manisha Dookhony a également indiqué qu’il faudrait davantage une politique de soutien à un nouveau type de production agro-alimentaire qui utiliserait sans doute moins de sols ou encore des développements visant à amener l’irrigation et l’électricité dans des régions de développement agro-alimentaire. « Il serait aussi intéressant d’explorer la mise sur pied de zones économiques agricoles comme cela se fait dans d’autres pays avec des avantages infrastructurels qui permettraient le développement économique agricole », a-t-elle dit.
L’économiste a déclaré que la sécurité alimentaire est une vraie préoccupation croissante. « L’ile Maurice s’est diversifiée en dehors de la production agricole, tout en attirant historiquement des agriculteurs sur le marché du travail des services », estime-t-elle.
Manisha Dookhony a souligné qu’elle figure parmi les économistes qui pensent que notre économie dépend trop de la consommation pour le développement de notre Produit Intérieur Brut (PIB). Selon elle, le pays est à la croisée des chemins. « Les principes de notre réussite économique-être attractif pour les marchés internationaux dans un monde de plus en plus globalisée », a-t-elle ajoutée.
L’économiste a dans un autre d’idée, affirmé que la question de compétences étrangères est une question économique, mais aussi une question sociétale. « Sur le plan économique, nous avons une population vieillissante. Nous n’avons plus, ce que les économistes décrivent comme le dividende de la transition de notre population, c’est-à-dire peu de jeunes et de moins en moins de naissances. Aujourd’hui, nous faisons face à un problème structurel. Certains hôtels opèrent à moindre de leur capacité, car ils n’ont pas la main d’œuvre qu’il faut pour opérer à pleine capacité », a-t-elle souligné.