Soupçon d’un réseau de blanchiment d’argent : Franklin maintient son droit au silence



Les débats entourant sa motion de remise en liberté conditionnelle débuteront le 9 mars prochain

L’ICAC confirme la Drug Connection avec La Réunion

Des policiers qui ont déjà enquêté sur le roi de l’Ouest bientôt interpellés

John Rider arrêté par l’ICAC et sa Ford Mustang saisie

Un jardinier soutient qu’il a aussi servi de prête nom pour l’acquisition d’une BMW pour Franklin

L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) poursuit son enquête dans le démantèlement du réseau de blanchiment d’argent organisé autour de Jean Hubert Celerine, alias Franklin. Alors que, le principal concerné, considéré comme le roi de l’Ouest fait toujours valoir son droit de silence face aux enquêteurs, ces dernières tentent par tous les moyens de compiler des éléments à charge qui pourraient servir contre le suspect dans le procès. Cette semaine, d’autres protagonistes ont été convoqués au réduit Triangle dans le cadre de cette affaire. La commission anticorruption a mis la main sur une énième personne qui a avoué avoir servi de prête nom pour le compte de Franklin. Ces révélations ont, par la suite, conduit à l’arrestation de l’homme d’affaire, Hassenjee Karamuth, dit John Rider. La Ford Mustang de ce dernier a été saisie.

Calendrier bousculé à cause de Freddy

Jean Hubert Celerine a comparu devant le tribunal de Bambous, ce mardi 21 février, dans le cadre de sa motion de remise en liberté conditionnelle. La police a encore une fois objecté à la demande de l’habitant de Rivière-Noire, invoquant les risques d’interférence avec les témoins et les preuves. De leur côté, les enquêteurs de l’ICAC ont fait savoir que l’interrogatoire du suspect n’a pu avoir lieu lundi, en raison de perturbation météorologique provoqué par le passage de Freddy. Ils ont soutenu qu’avec les conditions cycloniques, la marge de manœuvre des enquêteurs a était limitée.

Ainsi, la magistrate a fixé les débats de la motion, au 9 mars. Franklin devra cependant être de retour en Cour le 28 février. Les enquêteurs devront, ce jour-là, donner des précisions sur l’avancée de l’enquête. L’enquêteur principal de l’ICAC devra également faire connaitre ses arguments d’objection quant à la liberté conditionnelle de Franklin. C’est Me Alexandre Le Blanc qui était présent en Cour pour assurer la défense du roi de l’Ouest.

Droit au silence

Jean Hubert Celerine, alias Franklin, était ainsi de retour dans les locaux de la commission anti-corruption pour la suite de son interrogatoire ce mercredi 22 et jeudi 23 février. Les interrogatoires ont été axés sur la construction d’une maison, dont la valeur dépasse Rs 25 millions sur un terrain à La Gaulette, appartenant à Rikesh Sumboo, soupçonné d’être l’un des prête-noms de Franklin. Cependant, le boss de Rivière-Noire est resté campé sur sa position de ne rien dire aux enquêteurs. Franklin était aussi attendu ce vendredi matin dans les locaux de la commission anti-corruption. Mais, il y aurait eu un changement dans le programme des enquêteurs car un autre individu était dans le viseur de l’ICAC.

L’ICAC confirme la Drug Connection de Franklin avec La Réunion

L’ICAC a, cependant, eu de quoi consolider les assises de son enquête pour le délit de blanchiment d’argent lié au trafic de drogue concernant Jean Hubert Célérine. Cela avec des preuves que ce dernier possède des liens directs avec un des accusés condamnés pour trafic de drogue par le tribunal correctionnel de Saint-Denis en juillet 2021, en l’occurrence Laurent Mariaye. En effet, après une descente dans un hôtel du Sud-Ouest, ce jeudi, les enquêteurs ont confirmé que Franklin a organisé et effectué les paiements du séjour du réunionnais, considéré comme étant son fournisseur.

Cette piste a découlé des faits étalés dans le jugement de Saint-Denis en date du 2 juillet 2021 et dans lequel Franklin, qui est décrit comme étant « celui qui orchestrait le trafic de stupéfiants depuis l’ile Maurice avec la collaboration de Laurent Mariaye, ce que celui-ci a confirmé et ce qui est mis en évidence par les écoutes téléphoniques ». Ainsi, à la faveur de cette descente, l’ICAC a pu confirmer que Franklin a bel et bien organisé la venue de son fournisseur réunionnais à Maurice. Si  pour l’heure, on ne donne aucune indication quant aux dates de séjour de Mariaye ou encore de la durée de sa visite à Maurice, les enquêteurs seraient déjà en présence des paiements effectués par Franklin pour le compte de son invité.

Déjà, le jugement de Saint-Denis avait mis en exergue qu’un dénommé Franklin, ressortissant mauricien, recourait aux services d’un skipper surnommé Nono, soit Jérémy Décidée, pour ses liaisons maritimes régulières entre Maurice et La Réunion à partir du port de Sainte Rose. Laurent Mariaye était identifié comme ayant la responsabilité à La Réunion de collecter les stupéfiants, en l’occurrence le zamal, et d’en assurer l’exportation avec l’aide de plusieurs personnes mises en cause dans cette affaire.

Le décryptage des mémoires des téléphones identifiés au port de Sainte-Rose dans la nuit du 24 décembre 2017 à l’aide de « netmonitoring », mettait en évidence des connexions téléphoniques entre deux téléphones mauriciens et deux GSM prépayés réunionnais. Les interceptions téléphoniques mises en place à partir des lignes réunionnaises identifiées, établissaient d’une part des contacts réguliers entre Laurent Mariaye et Nono. Les interceptions téléphoniques à partir du téléphone de Laurent Mariaye avec le téléphone mauricien de Nono permettaient la captation de communications faisant état sans ambiguïté de transports entre La Réunion et l’Ile Maurice pour le compte de Franklin.

Lors de son interrogatoire, Laurent Mariaye avait aussi confirmé avoir organisé une exportation de zamal dans la nuit du 23 au 24 décembre 2017 et avoir été en contact avec Franklin et Nono qu’il reconnaissait sur photo et qui se révélait être respectivement Jean Hubert Célérine et Jérémy Décidé. Après avoir admis quatre opérations d’exportation de zamal vers Maurice, il avait confirmé avoir livré trois fois pour Franklin et une fois pour le compte de Rasta, les bateaux étant fournis par les commanditaires. Laurent Mariaye a également révélé que Franklin le payait en espèces, notamment lors de deux déplacements à Maurice en octobre et novembre 2017 et en février 2018 pour récupérer les fonds.

Un jardinier soutient avoir servi de prête-nom à son insu

Toujours ce jeudi 23 février, les enquêteurs ont obtenu des aveux d’un jardinier de 25 ans qui aurait servi de prête-nom au « businessman » de Rivière-Noire. L’habitant de l’Ouest, dont l’identité est gardée secrète pour des raisons de sécurité, a été questionné sur l’acquisition d’une BMW 640i à son nom, estimée à 1,4 million, alors qu’il ne perçoit que son salaire mensuel est de Rs 15 000. Au cours de son interrogatoire, le jardinier a fini par expliquer qu’à un moment où il souffrait de problèmes de santé, un homme lui avait proposé une aide financière s’il acceptait d’enregistrer le véhicule à son nom. Il a identifié Hassenjee Karamuth, dit John Rider, comme étant cet homme qui aurait joué un rôle d’intermédiaire pour Franklin. « Ti dir mwa amenn kart idantite pou anrezistre loto », a-t-il précisé.

Par la suite, la BMW avait été accidentée et déclarée « total loss ». L’assureur du véhicule aurait alors versé la somme de Rs 1,4 million au propriétaire. À ce stade, l’ICAC ignore encore qui a touché l’indemnisation. Un mécanicien qui aurait été sollicité pour réparer la voiture devrait être questionné prochainement.

John Rider arrêté

Après les révélations du jardinier, Hassenjee Karamuth a été convoqué au Réduit Triangle. Il est arrivé dans les locaux de l’ICAC en compagnie de son homme de loi, Me Samad Goollamally. Après un long interrogatoire, l’habitant de Baie du Tombeau a été placé en état d’arrestation. Il a été traduit devant la justice ce vendredi 25 février. A savoir que Hassenjee Karamuth alias John Rider, est le propriétaire de la Ford Mustang, qui avait été servi par Franklin, pour véhiculer le comédien Ivoirien Mimi. L’homme d’affaires avait participé à un premier interrogatoire sur ses liens avec Jean Hubert Celerine alias Franklin, la semaine dernière.  Dans une déclaration, il avait indiqué que les limiers de l’ICAC lui ont demandé de fournir les papiers de sa voiture et des informations sur ses sources de revenus.

Deux voitures suspectées appartenir à John Rider saisie par l’ICAC

Suite à son arrestation, la voiture de luxe de la marque Ford Mustang de John Rider a été saisie dans le cadre de l’enquête de l’ICAC sur Franklin pour blanchiment d’argent allégué. Mais également, la BMW 640i qui avait été entièrement démontée et était en train d’être assemblée à nouveau dans un atelier de l’Ouest, a aussi été remorquée jusqu’au Réduit Triangle. C’est lors d’une descente de l’ICAC la semaine dernière sur le terrain que les limiers ont découvert la voiture. À sa sortie des locaux de l’ICAC, l’avocat de John Rider, Samad Goolamally, a simplement expliqué qu’il ne pourra pas faire plus de commentaire à ce sujet, que l’enquête est arrivée à un «staz assé critik» et ne veut rien faire qui puisse l’entraver. Pour rappel, John Rider avait été convoqué par l’ICAC le 14 février. Il devait fournir les papiers de sa voiture de luxe, une Ford Mustang saisie par l’ICAC dans l’affaire Franklin.

Des policiers seront bientôt interpellés.

Toutes les pistes sont exploitées par les enquêteurs de l’ICAC. Les hommes de Navin Beekarry épluchent également les anciennes enquêtes policières dans cette affaire. Ainsi, des policiers seront interpellés à tour de rôle par la Commission Anti-corruption incessamment. Selon les enquêteurs, ils sont plusieurs limiers à avoir participé aux opérations ciblant le suspect dans le passé. Des perquisitions infructueuses menées au cours des récentes années par la brigade antidrogue à son domicile et celui de ses proches seront passées au peigne fin. Au Réduit Triangle, on veut déterminer si tout s’est déroulé dans de bonnes conditions et de manière appropriée.

La commission anticorruption a déjà établi une liste de policiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) concernés. Outre des ex-limiers de la brigade antidrogue de Rose-Hill, ceux de la PHQ Special Striking Team et des membres d’une équipe de l’ADSU de la Southern Division seront convoqués par l’ICAC pour ce volet de l’investigation. Une enquête axée sur l’interpellation de Franklin à bord d’une Range Rover à La Prairie, après que Rs 525 000 en liquide avaient été découvertes, sera aussi initiée.

 

Posted by on Feb 26 2023. Filed under Actualités, Featured. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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