Commémoration du 189e anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice ce jeudi 02 novembre
Le ministre indien Shri V. Muraleedharan, représentant spécial de Shri Narendra Modi, sera l’invité d’honneur
Ce 02 novembre 2023 l’île Maurice célèbrera l’anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés. Les “coolies” ou “indured”, avaient accosté du bateau L’Atlas sur les quais de Port-Louis le 2 novembre 1834. A son bord les 36 engagés immigrants, «simples laboureurs» venant de Calcutta.
Cette année Le ministre indien Shri V. Muraleedharan sera l’invité d’honneur à la célébration du 189e anniversaire de l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice. En sa qualité de représentant spécial du Premier ministre de l’Inde, il sera à Maurice les 1ers et 2 novembre 2023. Durant son séjour, le ministre indien assistera à la cérémonie de signature du protocole d’accord entre le Mauritius Research and Innovation Council et l’Indian Space Research Organisation sur la coopération pour le développement d’un satellite commun. Il procédera également à l’inauguration de divers projets qui ont été réalisés avec l’aide du gouvernement indien. Le ministre participera par la suite à l’inauguration de l’UTSAV–Mega Trade and Cultural Fair, organisée par le haut-commissariat de l’Inde, se déroulant du 1er au 5 novembre au Swami Vivekananda International Convention Centre.
Rappelons que depuis 2001 chaque année le 2 novembre, l’Ile Maurice commémore cette page importante de son histoire à l’Aapravasi Ghat, site du patrimoine mondial de l’UNESCO, situé à l’entrée Nord de Port-Louis, et lieu de débarquement des engagés. Le site comprenait une quarantaine sanitaire obligatoire à l’arrivée des engagés sur le sol mauricien.
Apres l’abolition de l’esclavage par le Parlement britannique, un grand nombre de travailleurs indiens ont commencé à être amenés à Maurice en tant que travailleurs sous contrat. Une convention est officialisée entre la France et la Grande-Bretagne pour exporter cette main d’œuvre bon marché, destinée à prendre le relais des esclaves. C’est ce qu’on appelle le système de l’engagisme ou indenture (qui signifie « contrat ») ou encore coolie trade pour les engagés d’origine asiatique (coolie venant du tamoul et signifiant salaire).
Les travailleurs engagés vont participer au développement de Maurice pour un salaire de cinq à six roupies par mois, 6 jours par semaine, en travaillant dans les plantations de canne à sucre – sur un contrat de 5 ans en moyenne.
A noter que les 36 engagés ne sont pas les premiers. De 1826 à 1834, les historiens pensent que les planteurs mauriciens et britanniques avaient déjà amené plus de 2 250 engagés indiens et chinois – travaillant côte à côte avec des esclaves africains dans les champs de canne à sucre.
D’autres vagues d’immigration de grande ampleur arriveront par la suite en provenance de Bombay, Calcutta ainsi que de Madras, et ce, jusqu’en 1920.
Les 36 premiers engagés d’Arbuthnot
Les 36 premiers travailleurs engagés par les Anglais se nommaient Saroop Sirdar, Sabaram Mate, Bhoodhoo, Champah, Bhundhoo, Choonearam, Juttoo, Chota Bhoodhoo, Bachoo, Aryoon, Rammohan, Sookram, Dhicram, Ghonssee, Bhooosan, Chota Chooneelall, Bigna, Auklah, Lungen, Callachend, Bholah, Tisera Bhoodhoo, Sibchure, Chota Bhundhoo, Deenram, Budhrem, Mugtoo, Jhareeah, Choylun, Choolango, Bhagyarath, Chungaram, Chola Muggroo, Chota Dhicram, Dookhun et Bhomore.
Leurs conditions de travail
Un contrat de cinq ans.
Trois livres par an ou Rs 5 par mois.
Un pourcentage des Rs 5 par mois était déduit pour le coût de leur voyage de l’Inde à Maurice.
À la fin de leur contrat, ils étaient censés avoir la possibilité de retourner en Inde mais les propriétaires ne leur ont pas souvent laissé le choix.
De nombreux propriétaires de plantations ont puni les travailleurs en les faisant battre, en chassant ceux qui s’enfuyaient et en les emprisonnant.
Ils devaient travailler tous les jours, excepté le dimanche, du lever au coucher du soleil.
La double déduction impliquait que si un ouvrier était absent un jour, ses employeurs lui enlèveraient deux jours de salaire.
C’est quoi l’Aapravasi Ghat ?
Ce site historique a été classé patrimoine mondial par l’UNESCO, le 12 juillet 2006. Il faut remonter à 1834, année où le gouvernement britannique a choisi Maurice comme intermédiaire parfait entre l’Angleterre et la Compagnie des Indes Orientales, toujours une colonie anglaise à l’époque. L’abolition de l’esclavage devenue une réalité, les Anglais ont dû trouver une nouvelle main-d’œuvre pour développer le pays qu’ils viennent tout juste de ravir aux Français. Cette main-d’œuvre, les Anglais l’ont trouvée en Inde. La transition d’esclaves à travailleurs engagés a alors commencé. L’Aapravasi Ghat est l’endroit choisi par les Britanniques pour débarquer une grande majorité de ces travailleurs, qui venaient trimer dans les champs de canne à sucre. L’Aapravasi Ghat est également un point d’échange des travailleurs étrangers sur l’île. Aujourd’hui encore, les structures de l’Aapravasi Ghat sont parmi les signes les plus visibles de ce qui allait aboutir à un cadre financier mondial et l’une des meilleures relocalisations de tous les temps.
Le Vagrant Depot
Le Vagrant Depot est une ancienne prison pour vagabonds située dans la commune de Port-Louis, à Maurice. La prison est ouverte entre le 28 février 18641 et 1886 durant la colonisation de l’île Maurice par le Royaume-Uni, Les “vagabonds” en question étaient des travailleurs engagés arrêtés sans pouvoir justifier leur présence à tel endroit. Le dépôt central de la colonie a accueilli 60 000 prisonniers entre le 28 février 1864 et 1886.
Sur la route menant à Pointe aux Sables, au nord-ouest de l’île, se trouve un camp de Cipayes. Il s’agit d’un ancien poste militaire. Y étaient casernés les Cipayes faits prisonniers dans l’Inde ou sur des bateaux anglais, du temps du gouverneur Decaen. Deux cents Cipayes participaient à la défense de l’Isle de France contre l’envahisseur anglais en novembre/décembre 1810. En 1864, le camp de Cipayes devient Vagrant Depot ou dépôt pour vagabonds. L’année suivante, l’établissement accueillit des jeunes criminels. Il accueillit, en 1866, 400 enfants coupables de divers délits. Les recherches entreprises montrent que la majorité des hommes étaient des hommes âgés de 15 à 60 ans. À la fermeture du dépôt, les prisonniers furent transférés à la prison de Port-Louis et de Beau-Bassin. Il a été classé monument national en 1958.
Sur la façade du Vagrant Depot, on peut y lire : A.D. 1866 – Vagrant Depot.
En chiffres
462 800. C’est le nombre d’engagés qui ont débarqué à Maurice. Si 452 800 étaient des Indiens, 16 659 étaient Malgaches, Comoriens, Chinois ou en provenance de pays d’Afrique continentale. On comptait aussi des Omanais et Yéménites, ainsi que des Indo-Réunionnais. Et 300 000 d’entre eux ayant appris à aimer Maurice qu’ils ont contribué à façonner, y sont restés et y ont fondé leur famille. Des 162 800 qui retournèrent dans leur pays d’origine à l’expiration de leur contrat, entre 12 000 et 15 000 étaient des Indo-Mauriciens, c’est-à-dire qu’ils étaient nés à Maurice.