L’entrain de Lamine
Les favoris de cette Coupe d’Afrique des nations 2023 étaient prévenus. Le Nigeria et l’Égypte tenus en échec, le Ghana défait, le droit à l’erreur n’était plus permis. Ce lundi, le Sénégal a bien révisé. Opposés à la Gambie dans un Derby du fleuve toujours stressant à gérer, les Lions de la Téranga ont excellemment entamé leur CAN. Une victoire nette (3-0), sous la chaleur de Yamoussoukro et grâce au pied droit soyeux de Lamine Camara. Le milieu offensif de 20 ans a ainsi eu le luxe de faire gagner la nation, en transperçant la défense gambienne d’abord, et en nettoyant la lucarne de Baboucarr Gaye, ensuite. Sa spécialité.
Tireur lorrain
« Ce serait bien qu’il fasse la même chose aux seize mètres. » Le ton amusé, mais tout de même un peu sérieux, László Bölöni avait vu juste. En conférence de presse à Louis-II le 22 octobre dernier, l’entraîneur roumain du FC Metz analysait avec froideur le geste de Lamine Camara. Quelques minutes plus tôt contre l’AS Monaco, son joueur s’était en effet illustré en lobant Philipp Köhn depuis la ligne médiane, pour inscrire – déjà – l’un des buts de la saison en Ligue 1. « C’est le genre de geste qu’il maîtrise. Il sait qu’il a une bonne frappe », concluait Bölöni. Contre la Gambie, Camara a donc décidé d’écouter son coach et de se rapprocher de la surface. Pas trop non plus, pour éviter de gâcher la beauté gestuelle. Celle d’un enroulé en lucarne à l’entrée de la surface, après un festival d’Iliman Ndiaye.
Avant de parvenir à ses fins, le Messin s’était illustré plus tôt dans la rencontre en marquant une première fois, de manière moins spectaculaire, mais tout aussi caractéristique. Engouffré dans la surface, il est parvenu à casser la ligne défensive adverse pour conclure d’un ballon placé. De quoi largement contenter les attentes des supporters sénégalais, et confirmer les espoirs placés en lui par Aliou Cissé, en quête de renouvellement générationnel. Cela tombe bien, puisque pour Lamine Camara, cette saison 2023-2024 fait office de naissance footballistique.
Lionceau aguerri
Il y a un peu plus d’un an, son nom n’évoquait rien à personne. Pendant que le Sénégal quittait sa Coupe du monde au Qatar avec les honneurs (élimination en huitièmes de finale contre l’Angleterre), le natif de Diouloulou achevait sa mue du côté de Génération Foot. L’un des mastodontes de la formation locale – aux côtés de Diambars et de Casa Sports, son premier club par ailleurs – avait alors acté le départ de son protégé pour Metz, son écurie partenaire. Chose faite le 10 février dernier. Comme bon nombre de compatriotes, Camara débarquait donc en Lorraine avec envie, mais dans l’anonymat complet. Onze mois plus tard, le voilà international.
Six capes seulement et déjà deux buts au compteur, de quoi donner raison au processus de rajeunissement entamé par Cissé. À l’image de Bamba Dieng ou Nicolas Jackson avant lui, Camara s’inscrit en effet dans cette nouvelle tradition de joueurs formés au pays, explosant au plus haut niveau en l’espace de quelques mois. Et s’il est évidemment trop tôt pour affirmer qu’une belle carrière se dessine, il s’est déjà mis sur le bon chemin. Afin de succéder aux anciens Mané, Gueye ou Kouyaté. Le tout avec des pralines en lucarne.