Mamy Ravatomanga, Rajoelina, la pauvreté à Madagascar et la désillusion du mouvement Gen-Z



Mamy inquiété ?

Le nom du puissant homme d’affaires Maminiaina ’Mamy’ Ravatomanga agite la scène publique mauricienne. Le magnat malgache fait désormais l’objet d’une attention soutenue. Pour ceux qui le connaissent et qui comprennent la géopolitique de l’Océan Indien, il pourrait ne s’agir que d’une tempête dans un verre d’eau.

Ayant fui son pays après les émeutes où sa vie et celle de sa famille, tout comme celle de l’ancien président Rajoelina était en danger, il doit désormais fait face à quelques soucis administratifs. Après l’ouverture d’une enquête par la Financial Crimes Commission (FCC), à la suite d’une plainte déposée par un ressortissant malgache accusant le milliardaire de pratiques frauduleuses, c’est au tour de la Mauritius Revenue Authority (MRA) de s’intéresser de près aux activités de la deuxième fortune de Madagascar.

FCC et les emmerdes

Lundi un ressortissant malgache, installé à Maurice, a saisi la FCC pour dénoncer Mamy Ravatomanga. Il l’accuse d’opérations financières douteuses et d’investissements suspects dans l’immobilier de luxe. L’affaire, jugée sensible, fait désormais l’objet d’une enquête préliminaire. Il a retenu les services de Me Sailesh Seebaruth. La FCC émet un «report upon departure» contre Mamy Ravatomanga…Ce dernier détient un permis de resident à Maurice

Né le 8 novembre 1968 à Morondava, Mamy Ravatomanga est un homme d’affaires malgache. Il est propriétaire du groupe Sodiat et proche conseiller du président Andry Rajoelina. Il est cité par Forbes, en 2017, comme le deuxième homme le plus riche de Madagascar.

C’est un passionné de l’Ile Maurice où il possède de nombreuses affaires et y séjourne également pour le repos.

Pour rappel, le jet privé immatriculé 5R-HMR, appartenant au groupe SODIAT, a atterri dans la nuit à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam. À son bord se trouvaient Christian Ntsay, démis de ses fonctions de Premier ministre il y a une semaine, et Maminiaina Ravatomanga, dit Mamy, homme d’affaires influent et proche conseiller du président Andry Rajoelina. L’appareil est déjà reparti pour les Seychelles.

A Maurice, la State House a démenti toute communication avec l’ancien président Andry Rajoelina.

Pauvreté

Ce dernier et son régime ont payé le prix fort pour la pauvreté à Madagascar. Ce qui est très élevée, affectant environ 75,2 % de la population nationale en 2022, avec un niveau encore plus marqué dans les zones rurales (79,9 %) et une pauvreté urbaine en forte augmentation. Elle est à la fois monétaire et multidimensionnelle, exacerbée par des facteurs structurels comme la faible productivité agricole, le manque de services de base, et les chocs climatiques comme les sécheresses et les cyclones. Cela conduit à des privations importantes, incluant un manque de revenus, de nourriture et de soins médicaux pour une grande partie de la population. Beaucoup de familles vivent avec moins de 3 euros par jour.

Une réalité qui s’est aggravée avec la pandémie de Covid-19. Le taux d’extrême pauvreté a augmenté et est désormais de 69,2 % selon un seuil de 3 dollars par jour (équivalent à environ 2,7 euros au taux de conversion actuel), plaçant le pays parmi les plus pauvres du monde.

Gen Z et le pouvoir

Quelle suite pour ce mouvement qui pourrait ne pas profiter du fruit de son travail ? Pourtant ça a commencé en septembre par une révolte de la jeunesse malgache qui en a eu assez de l’état catastrophique du pays ; et ça s’est terminé hier par la prise de pouvoir par l’armée.

Ce coup d’état est l’épilogue, sans doute provisoire, d’un mouvement qui avait frappé par sa connexion avec une révolte de la Génération Z, dans plusieurs coins du monde, du Népal au Maroc. Un ras-le-bol générationnel qui, à Madagascar, a provoqué la fuite à l’étranger du président Andry Rajoelina, et désormais, l’arrivée des militaires au pouvoir.

Les jeunes Malgaches, urbains instruits ou chômeurs des quartiers populaires, se sont d’abord mobilisés contre les coupures répétées d’eau et d’électricité. Ils ont adopté le même emblème que dans les autres pays en révolte, un personnage issu du manga le plus lu au monde, « One Piece » : une tête de mort coiffée d’un chapeau de paille. Ce manga est né en 1997, date du début de la Gen Z.

C’est un mouvement sans leaders ni porte-paroles, suffisamment coordonné pour durer, mais pas assez pour s’imposer dans la crise politique.

Les militaires qui ont pris le pouvoir hier parlent d’une transition de deux ans, mais il y a encore trop d’inconnues avec l’accélération des événements. Que vont faire les jeunes manifestants de la Gen Z ? Et qui l’emportera au sein de cette armée qui se retrouve aux commandes ?

Ne pas faire confiance aux militaires

On pense évidemment aux coups d’état en cascade qui se sont produits ces dernières années en Afrique francophone, Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée-Conakry, Gabon… Les militaires tiennent rarement leurs promesses de transitioan vers le retour au pouvoir civil ; et, dans les pays du Sahel, la conséquence a été l’instauration de pouvoirs autoritaires qui tolèrent mal la moindre contestation.

Posted by on Oct 15 2025. Filed under Actualités, Economie, En Direct, Featured, Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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