Les violences sexuelles sur les femmes âgées en hausse en Afrique australe



Par Leevy Frivet

C’est un phénomène nouveau, désolant, voire inquiétant dans plusieurs pays de l’Afrique australe et que les autorités semblent incapables de prévenir : les violences sexuelles contre les femmes âgées. Plusieurs d’entre elles ont récemment été violées en Afrique du Sud. Certaines ont été tuées après que des bandits les aient agressées, détroussées, violées et sodomisées.

Le viol ne surprend plus dans ce pays le plus développé de l’Afrique australe. Les statistiques à ce sujet sont formelles: une femme sur trois est violée en Afrique du Sud. Et c’est sans compter les cas non-rapportés.  Une enquête réalisé par le Conseil de la Recherche Médicale, de concert avec l’organisation non-gouvernementale Gender Links, a révélé qu’en 2009, un Sud-Africain sur quatre a admis avoir été auteur d’un viol et un Sud-Africain sur dix a avoué avoir été lui-même victime de violences sexuelles durant son enfance.

On ignore encore à quoi l’attribuer mais octobre a été le mois le plus violent de 2012. Trois femmes, toutes âgées plus de 80 ans, ont été violées en 11 jours et quatre autres en un mois. Une situation qui a poussé les autorités sud-africaines à mettre en place des dispositifs pour protéger les personnes âgées, plus particulièrement les femmes.

La police sud-africaine affirme que ce sont des bandits et souvent des toxicomanes qui sont les auteurs de ces odieuses agressions sur des ainées. Les policiers sud-africains, déjà débordés par la criminalité dans ce pays, sont bien décidés, avec l’aide d’organisations non-gouvernementales (ONG) de ce pays, à protéger les grand-mères et autres femmes âgées.

Si celles qui vivent dans des foyers courent moins de risques d’être agressées, ce n’est hélas pas le cas dans les quartiers tumultueux de certaines villes du pays de Nelson Mandela. Le viol d’une femme de 88 ans, à peine mobile, a plongé la population en état de choc. Les ONG sont persuadées que le viol des personnes âgées demeure sous-rapporté comme c’est le cas pour d’autres types d’agressions sexuelles.

Maurice connaît aussi quelques cas de femmes âgées violées. Mais là encore, les dénonciations à la police sont rares et les condamnations le sont encore plus. Un avocat qui tient à garder l’anonymat a sa petite idée sur la question. «Ce sont de personnes âgées, qui peuvent avoir la mémoire qui flanche. Souvent abusées par leurs proches ou par des gens de leur quartier, leur témoignage risque de ne pas tenir la route devant une cour de justice qui normalement écoute l’affaire plusieurs mois après le délit.  Ces femmes âgées ne se souviennent alors plus tellement de détails à propos de leur agresseur et cela aboutit à des affaires rayées et classées sans aucune suite. Des échos d’allégations de viols dans certaines maisons de retraite nous sont parvenus mais là encore, personne n’a voulu aller de l’avant avec des poursuites,» raconte-t-il.

N.Y, une femme de 68 ans, affirme avoir failli être violée par le vigile d’une maison de retraite dans une ville située sur le plateau central à Maurice. «Il pensait qu’à mon âge, j’avais perdu la tête et a tenté à plusieurs reprises de me violer mais j’ai résisté. Mon fils m’a ensuite retirée de cette maison de retraite et la propriétaire nous a suppliés de ne pas porter plainte. Pour avoir moins de tracasseries administratives, nous avons préféré en rester là,» raconte cette femme malgré tout traumatisée.

Nous ne pouvons oublier la révélation de la présidente de l’association congolaise «Force et Lumière», Fernande Marie Camille Catherine Décambi-Mavoungou, qui a déclaré que plus de 350 000 filles et femmes âgées confondues avaient été violées par des civils armés et des éléments de la police au Congo.   Selon elle, les facteurs dus à ces violences sont d’ordre physique, traditionnel, religieux, socioculturel, économique et politique. «Le physique de la femme, souvent plus délicat que celui de l’homme favorise la violence à l’égard de celle-ci; la tradition constitue un moyen privilégié de justification de la violence, alors que la religion s’attache à l’intégrité de la femme », pense-t-elle.

Fernande Marie Camille Catherine Décambi-Mavoungou estime que les médias et en particulier la télévision et la façon dont elle projette l’image de la femme, a tendance à la dévaloriser et à l’exposer à des élans de violences. «Lorsque la femme est souvent présentée en vêtements qui la dénudent et la réduisent à un simple objet de plaisir, cela contribue à la dévaloriser et à inciter les hommes à l’utiliser de la même façon qu’ils le feraient d’un objet».

Après avoir trimé une vie durant à s’occuper des maris, à élever des enfants, à faire bouillir la marmite, les femmes africaines âgées méritent mieux que de subir l’un des pires crimes qu’il soit donné aux femmes de vivre, à savoir le viol. Les pays de l’Afrique australe doivent miser davantage sur la prévention contre toutes formes de violences envers les femmes, quelque soit leur âge.

Leevy Frivet est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links

Posted by on Nov 6 2012. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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