Energies renouvelables: Les quinquagénaires malgaches formées en Inde veulent transformer leurs communautés



Par Fanja Razafimahatratra

« Namaste !». Germaine, Dotine, Lydia, Florette, Philomène, Zafitsiha et Berthe savent désormais dire bonjour en hindi et comprennent quelques mots essentiels dans cette langue. Qui aurait pu imaginer que ces sept femmes, mariées, mères de famille et déjà grand-mères, vivant au fond de la brousse malgache et donc analphabètes, puissent s’exprimer ainsi. Il n’y a pas que leur parler qui ait changé, leur façon de s’habiller aussi s’est quelque peu modifiée.

Visiblement, l’Inde a transformé ces femmes. Parties pour six mois suivre une formation au Barefoot College, « l’école des pieds nus » dans le petit village indien de Tilonia dans l’Etat du Rajasthan, qui œuvre pour améliorer la vie des miséreux,  elles ont pu apprendre les différentes techniques de fabrication, de montage et démontage, d’entretien et de réparation de systèmes solaires.

Une expérience que chacune d’elles compte appliquer dès qu’elles regagnent leur communauté respective. «Je n’aurais jamais osé penser partir un jour de mon village. Cela a été une belle expérience pour moi et dont je peux être fière», explique Berthe Razanamahasoa, 52 ans, originaire du village d’Iavomanitra. Elle est une sage-femme et trouve que sa formation sera bénéfique à ses patientes qui pourront dorénavant utiliser du matériel moderne et non plus du bois de chauffage lorsqu’elle les aidera à accoucher.

C’est justement pour aider les communautés rurales à réduire leur consommation de bois de chauffage et les émissions de gaz à effet de serre  qui en découlent et qui sont si nocifs au climat que ces femmes ont été envoyées en Inde. Cette démarche s’inscrit dans la mission du  World Wide Fund Madagascar (WWF Madagascar) qui vise à faire les communautés avoir une autonomie énergétique avec l’utilisation de l’énergie solaire, propre et renouvelable. Une indépendance qui pourra contribuer au développement de chaque village concerné en réduisant la pression sur les ressources naturelles.

«Je suis prête à partager avec mon entourage l’expérience acquise durant mon séjour indien. Mon message est simple : il est possible de changer une vie et des habitudes », raconte pour sa part Philomène, 50 ans, originaire de Tsaratanàna.

Toutes ces femmes sont conscientes de l’avantage qu’elles ont eu en tant qu’étudiantes et en tant que femmes. Elles sont heureuses de pouvoir contribuer au développement de leur communauté et d’y apporter le changement. « Ce qui est sur, c’est que nous serons plus écoutées dorénavant », souligne Zafitsiha, qui se souvient encore des efforts qu’elle a faits pour se faire entendre dans son village, sans toutefois parvenir à se faire écouter. Et pourtant, c’est elle que les notables du village ont désignée pour aller en Inde. « Même mon mari a accepté mon départ », raconte-t-elle. Ces femmes ont toutes eu l’aval de leurs conjoints et de leurs communautés. Pour elles, c’était en quelque sorte un signe de reconnaissance sociale.

Même Pascal Razafimahaleo, maire de Miarinavaratra , une des communes d’où sont originaires deux des participantes, est enthousiaste. « Je peux dire que c’est une révolution pour nous. Nous pouvons enfin apporter la lumière dans nos foyers et ce, en utilisant l’énergie générée par le soleil », explique-t-il.

Ces sept femmes constituent la première promotion malgache à être sorties du Barefoot College. Le WWF Madagascar est heureux d’avoir pu contribuer à les autonomiser. « De plus, lorsqu’elles seront de retour dans leur village respectif, elles seront les initiatrices de l’électrification par système solaire dans chaque foyer », souligne Voahirana Randriambola, coordinatrice de ce programme au sein de WWF Madagascar.

Elle précise que la WWF Madagascar a choisi des femmes plus matures car elles voudront retourner dans leur pays une fois la formation terminée et partager leur expérience avec leurs communautés. Les équipements et le matériel, qui sont financés par WWF et ses partenaires, seront bientôt acheminés dans ces villages pour qu’elles commencent à fabriquer les panneaux photovoltaïques. Beau projet qui cadre avec le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement dans le sens où il renforce les capacités des femmes mais aussi avec son ajout qui est de prendre action pour limiter les effets désastreux du changement climatique.

Fanja Razafimahatratra est journaliste en freelance à Madagascar. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

Posted by on Sep 26 2013. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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