Afrique australe: l’éducation et l’autonomisation des femmes élément clé pour mettre fin à la VBG



Par Anushka Virahsawmy

Nous ne pouvons pas traiter la violence basée sur le genre (VBG) en isolation des autres fléaux sociaux tels que la pauvreté et un niveau éducatif très bas. Si les femmes ont un accès inégal à l’éducation de qualité, elles seront moins financièrement indépendantes et cela les rendra aussi moins vulnérables aux différentes formes de violence. Si nous devons gagner la bataille contre la VBG, nous devons améliorer l’éducation des filles et leur statut économique.

Selon les études de base menées sur la violence envers les femmes au Botswana, Lesotho, Maurice, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe, la forme de VBG la plus courante subie par les femmes et commise par les hommes a lieu dans des relations intimes.

La prévalence de toute une vie rapportée par les femmes était de 90% dans les quatre districts de la Zambie, de 69% au Zimbabwe, de 62% au Lesotho, de 60% au Botswana, de 49% dans les quatre provinces d’Afrique du Sud et de 23% à Maurice. Dans les six pays, la forme de violence la plus courante dans ces relations intimes était la violence émotionnelle. En raison de la dépendance économique des femmes sur leurs partenaires et maris, elles n’ont souvent pas le choix que de rester dans ces relations abusives et de subir la violence.

Gender Links a développé un programme de formation à l’entreprenariat que des facilitateurs appliquent au sein de 100 collectivités locales dans dix pays de l’Afrique australe. Ce programme de formation enseigne aux survivantes de violence basée sur le genre une combinaison de compétences d’entreprenariat et de vie, de même que des connaissances de base sur le business et l’informatique. La VBG est un des obstacles majeurs à l’égalité du genre et des femmes économiquement dépossédées sont moins capables de fuir cet abus, d’où l’objectif d’autonomiser les femmes en augmentant leurs capacités et leur indépendance.
Cependant, en cas d’inadéquations dans la qualité et l’accès à l’éducation de base, tous programmes d’entreprenariat et initiatives d’autonomisation économique des femmes seront inefficaces.

Des 64 survivantes ayant suivi le programme d’entreprenariat à Maurice, 46% étaient des analphabètes alors que les 54% restantes ne maîtrisaient pas l’alphabétisation fonctionnelle. Les femmes sachant lire et écrire avaient du mal à suivre le cours d’informatique et luttaient pour écrire leur business plan et même pour rédiger un paragraphe sur leur vécu. Les formateurs ont dû dispenser les cours oralement et utiliser des photos pour permettre aux participantes de comprendre les différents concepts.

Bien que le niveau d’alphabétisation chez les femmes à Maurice est de 88%, qu’il y a un plus grand nombre de femmes dans l’enseignement supérieur que les hommes, en réalité, en raison de l’accès en terme de politique de langues, plusieurs enfants sont désavantagés car ils ne peuvent apprendre les concepts de base dans leur langue maternelle. Cela a un impact direct sur l’alphabétisation fonctionnelle.

Dans toute la région, le manque d’accès des filles à l’éducation demeure un obstacle majeur à l’autonomisation économique des femmes et à l’égalité du genre. Plusieurs facteurs ralentissent l’admission, la rétention et la performance à différents niveaux d’éducation en Afrique australe : services primaires, pratiques culturelles telles que les mariages et grossesses précoces, et le VIH depuis que les filles sont devenues les principales pourvoyeuses de soins. Les abus sur les enfants, la VBG, le harcèlement sexuel dans les écoles et les instituts d’enseignement supérieur commis aussi bien par les enseignants que leurs pairs continuent à affecter l’éducation des filles dans les pays de la SADC.

Selon le Baromètre régional de la SADC 2013, en sus du Lesotho et des Seychelles, les femmes en Afrique australe ont un niveau d’alphabétisation inférieur à celui des hommes. Moins de la moitié des 15 pays de la SADC ont atteint l’égalité du genre à tous les niveaux éducatifs. Jusqu’ici, le Botswana, le Malawi, les Seychelles, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Tanzanie et le Zimbabwe ont 50% ou plus de filles admises au primaire.

L’éducation secondaire n’est pas obligatoire dans les pays de la SADC et l’éducation gratuite à ce niveau est rare. De ce fait, le nombre de recalés reste élevé en dépit du fait que plusieurs pays aient connu la parité. En République Démocratique du Congo (RDC), les filles ne constituent que 36% des élèves du secondaire alors qu’en Tanzanie, au Mozambique et en Angola, elles sont 44% et 45% au Malawi.

Le Botswana, Maurice, la Namibie, l’Afrique du Sud, le Swaziland et la Zambie sont les seuls six pays de la région ayant un pourcentage plus élevé de femmes admises dans les instituts d’enseignement supérieur que les hommes. La RDC, avec 26%, a le plus faible taux de femmes admises dans ses instituts d’enseignement supérieur.

Ces facteurs sont les principales causes continuant à contribuer aux inégalités pour les femmes, à leur dépendance économique et à leur vulnérabilité à la violence domestique. L’éducation est l’élément clé de l’indépendance économique des femmes. Nous ne pouvons aborder la VBG sans nous attaquer simultanément à l’accès des femmes aux droits humains de base. Si nous voulons réduire de moitié le taux de prévalence de la VBG, il nous faut un engagement de 365 jours en faveur de l’éducation des filles et de l’autonomisation économique des femmes.

Source: Gender Links

Posted by on Dec 10 2013. Filed under Société. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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