A MONSIEUR NAVIN RAMGOOLAM, LEADER DU PARTI TRAVAILLISTE: Je n’ai pas confiance en vous… Par Firoz Ghanty



Monsieur Ramgoolam,
Je sais que vous savez tout ce que j’ai écrit contre vous, vos gouvernements et le Parti Travailliste. Cette fois je m’adresse à vous personnellement. C’est un acte de défiance pour voir si vous oserez me répondre. Je le dis haut et fort : Je n’ai pas confiance en vous ! Je n’ai jamais eu confiance en vous ! Et je n’aurai jamais confiance en vous !… comme de nombreux citoyens de ce pays. Je m’adresse à vous directement parce que je suis un citoyen, un homme libre et un électeur qui a le droit de vous interpeller publiquement puisque vous sollicitez mon vote, comme vous sollicitez le vote de la Nation pour faire de vous le premier Président élu au suffrage universel pour sept trop longues années et un nombre trop important de pouvoirs, dont celui de dissoudre le Parlement à votre bon vouloir. Je n’ai pas confiance en vous et je ne vous donnerai pas mon vote.

Vous voulez me faire croire que vous avez changé subitement et que vous seriez devenu, on ne sait par quel miracle, un démocrate et un républicain. Nous faire croire que l’Autocrate s’est transformé au point de partager le pouvoir ! Allons ! Vous me prenez pour un c… imbécile ! Si Monsieur Paul Raymond Bérenger veut vous croire, c’est son affaire, mais je ne suis pas prêt à le croire quand il affirme que vous avez changé et malheur à ce pays qu’il incite à vous donner les pouvoirs qui feront de vous un Monarque, vous qui êtes déjà le petit Roi d’une ploutocratie. Je veux bien croire que Monsieur Bérenger croit fermement que tout cela est pour le bien du pays, mais il se trompe gravement et c’est nous qui paieront le prix de son erreur. Je n’ai pas confiance en vous !

Depuis votre premier mandat de 1995 à 2000 et durant vos deux mandats consécutifs de 2005 à aujourd’hui, les affaires, le copinage, le favoritisme, le transfugisme, le népotisme, la violence verbale, les outrances langagières, les menaces, les brutalités policières, les arrestations arbitraires de journalistes et de syndicalistes, vos excès, vos frasques, vos caprices, vos Rolls Royce et autre Aston Martin polluent les colonnes et les micros de la presse, sauf évidemment la MBC, la Voix de son Maître. Vous avez hérité génétiquement de votre Père du PTr, de son histoire, de sa culture, de ses traditions, de ses valeurs réactionnaires, de sa haine de la liberté d’expression, de ses atteintes aux libertés individuelles, de ses réflexes de division communale et castéiste, ne loupant jamais une occasion de montrer que vous en êtes fier. Et vous voulez me faire croire que vous avez changé ! Non, non ! Je n’ai pas confiance en vous Monsieur Ramgoolam !

Vous avez recherché désespérément une majorité des trois quarts au Parlement pour asseoir votre pouvoir et pour instituer un régime absolutiste, pour verrouiller le pays et le mettre à genoux, mais vous n’avez pas réussi malgré toutes vos tentatives, heureusement pour nous, une majorité de ce peuple vous a résisté jusqu’ici. Beaucoup de commentateurs pronostiquent une victoire totale de votre Alliance avec le MMM, allant même jusqu’au fantasme d’un nouveau 60-0. Je n’y crois pas ! Même si vous et votre nouvel allié, malgré votre alchimie provisoire, nous répètent comme une chanson enfantine pour nous endormir, que c’est déjà fait. Le dégoût et la colère profonde grondent dans le pays. Vous savez parfaitement tous les deux que la base du MMM, les activistes du PTr et vos deux électorats n’adhèrent pas massivement à cet Accord Electoral qui est le préambule à une crise politique majeure qui va durer plusieurs années. Vous savez qu’une part importante de l’électorat du MMM ne vous fait pas confiance, comme je ne vous fais pas confiance!

Et vous savez tous les deux que des militants du MMM d’un côté, et des activistes du PTr de l’autre, travaillent déjà pour faire échouer votre Arrangement électoral, en faisant battre les candidats des uns et des autres !

Un grand nombre d’électeurs sait que nous sommes à la croisée des chemins de notre Histoire. Si par malheur vous réussissez, nous savons le drame qui s’abattrait sur nous. Cela voudrait dire que vous, votre Parti Travailliste et vos amis régnerez sans partage sur notre pays jusqu’à au moins 2022. Je n’ai jamais eu confiance en vous ! Je ne vous ferai pas confiance jusqu’en 2022 ! Monsieur Paul Raymond Bérenger nous dit que nous ne devons pas vous faire à tous les deux un procès d’intention et que nous devons vous croire sur parole. Si notre avenir n’était pas en jeu, on pourrait rigoler un bon coup. C’est une hypothèque sur le Futur, sur le Peuple et sur l’Histoire que vous demandez sans aucune garantie en retour, sinon que ce chiffon de papier signé sous les flashs et qui n’a absolument aucune valeur.

J’ai toujours été pour un Président de la République élu au suffrage universel avec un certain nombre de pouvoirs. Mais le projet actuel est mauvais et dangereux, de surcroît en vous confiant à vous des pouvoirs sans contrôle et sans recours. Je ne le répèterai jamais assez : Je ne vous fais pas confiance ! J’affirme qu’il faut voter contre vous ! Il faut vous empêcher d’obtenir la majorité des trois quarts ! Il faut vous battre Monsieur Navin Ramgoolam, battre le Parti Travailliste et battre tous vos candidats, parce que :

Vous Président de la République, c’est la fin de la Démocratie !

Vous Président de la République, c’est la fin de la Liberté d’Expression !

Vous Président de la République, c’est livrer le pays pieds et poings liés au Capitalisme !

Vous Président de la République, c’est encore plus de Pauvreté !

Vous Président de la République, c’est encore plus de Corruption !

Vous Président de la République, c’est la victoire du Communalisme !

Vous Président de la République, c’est le règne du Néocolonialisme !

Vous Président de la République, c’est la fin de l’Unité Nationale !

Vous Président de la République, c’est la Mort de l’Art et de la Culture !

Je termine en vous disant que je suis convaincu que vous ne me répondrez pas, ni dans ce journal, ni ailleurs, parce que le Citoyen n’est rien pour vous, il n’a pas droit à la parole et encore moins un Intellectuel Dissident, un Artiste, un Opposant, un Insoumis et un Homme qui résiste. J’ai combattu votre Père, il m’a fait jeter en prison, mais il n’a pas pu me faire taire ! Alors…
Un Citoyen Révolté !
Cascadelle, ce 12 octobre 2014.
Article paru dans Le Mauricien | 16 octobre, 2014 – 15:00 | Par FIROZ GHANTY

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