Autopsie des élections générales 2014… l’effet Ivan Collendavelloo a fait mouche !



• Il est clair que Bérenger doit lui laisser les rênes du MMM

Retenez bien ce nom. Il symbolise le courage contre l’adversité. La dignité versus l’imposture. La sagesse versus l’arrogance. A lui seul, il fait basculer la majorité silencieuse dans le camp de l’alliance Lepep. Ivan Collendavelloo a redonné aujourd’hui une moralité à la classe politique qui en souffrait cruellement. Il a su dire non là ou tous les suiveurs ont fait forts de dire oui à Paul Bérenger. Ses 3 000 voix d’écarts sur ce dernier sont là pour le confirmer. C’est lui le seul et le véritable artisan de la victoire du 10 décembre 2014. Son nom sera à jamais gravé en lettres d’or au panthéon politique mauricienne. Là ou l’on retrouve les Cure, Anquetil, Pandit Sahadeo, Seeneevassen, Rozemont, Razack Mohamed entre autres.
E. Julien

Quand il démissionne en 1989 de l’assemblée nationale pour avoir signer le passeport de Sol Kerzner, beaucoup pensaient alors que c’était une action anodin. La vérité, c’est que aujourd’hui 25 ans après, ce geste prend toute sa dimension et rejaillit sur le principal concerne. Ivan, n’a pas changé. Il est reste fidele a lui-même : c’est-a-dire un homme de principe a qui on ne fait pas miroiter la promesse de gain facile contrairement aux Alan Ganoo, Shaffick Hamuth, Rajesh Bhagwan et Paul Berenger.

L’homme n’aime pas et n’a pas confiance en Navin Ramgoolam. Il ne lui a jamais pardonne sa trahison envers les militants en 1995 après l’avoir propulsé comme Premier ministre du pays. C’est pourquoi, il choisit de démissionner, le mardi 22 avril dernier, de toutes les instances du MMM. Il explique dans une lettre adressée au leader du parti, Paul Bérenger, qu’il a démissionné en raison des zones d’ombre entourant le pouvoir du président dans le projet de 2e République.

Pourtant, il avait rejoint le MMM en 1983 fort d’un idéal politique. Au cours de ses 31 ans passés au sein du MMM, Ivan Collendavelloo s’est surtout illustré comme un ténor de la profession légale. Loin d’être une bête politique, les militants lui ont cependant toujours prêté une oreille attentive. Ses analyses pointues en matière légale lui ont toujours valu le respect. Un homme qui pouvait de mémoire citer un jugement vieux de dix ans et le tout expliqué dans un vocabulaire fluide.

L’homme est doté d’un franc-parler légendaire et d’une grande humilité. En effet, que ce soit pour les anciens membres du Bureau politique (BP) ou pour ceux qui sont toujours en poste, Ivan Collendavelloo pouvait surtout se permettre de tout dire au leader des Mauves, Paul Bérenger, lorsque les débats étaient axés sur des jugements, des textes de loi ou des procès en Cour.
L’avocat aura également marqué les esprits en 2004. Année où il fera ses marques en présidant un Select Committee de l’Assemblée nationale afin d’étudier les conclusions du rapport Sachs sur la réforme électorale. Cela n’aura toutefois abouti à rien puisque le MMM et le MSM n’étaient pas parvenus à trouver un accord. Maintenant le MSM approuve cette formule.
Le nom d’Ivan Collendavelloo est également indissociable de la Prevention of Corruption Act (PoCA) puisqu’il est l’une des personnes à avoir rédigé ce texte de loi qui mènera à la création de l’Independent Commission against Corruption (Icac) qui succédera à l’Economic Crime Office (ECO).

Plus récemment, l’homme de loi s’est fait remarquer en évoquant la création d’un cadre légal sur le financement des partis politiques. Cette déclaration remonte au mardi 15 avril, soit une semaine avant qu’il ne démissionne du MMM. Ce dernier avait d’ailleurs affirmé que « certains politiciens n’ont pas envie d’une réforme du financement des partis politiques. Cette situation leur permet de brasser des millions, surtout en période électorale, sans qu’ils ne soient redevables de rien, même vis-à-vis de leur parti. Si au moins il y avait un mécanisme de contrôle au sein des partis, mais il n’y en a pas. »
Son courage, il l’a démontré en allant défier Paul Bérenger dans son fief du No 19, a Stanley/Rose-Hill. Ce qui relevait alors d’une mission impossible. Mais Ivan Collendavelloo y a cru jusqu’au bout. Ce n’est pas un hasard, qu’a un certain moment du décompte, Paul Bérenger n’était même pas élu.

Puissant orateur, chacune de ses déclarations fait mouche et attire des sympathisants du MMM vers l’Alliance Lepep. Il a su exploiter les faiblesses de Paul Bérenger avec des cinglants : « Ki pé arrive toi Paul » dans ses interviews radiophoniques. Puis à la télévision, il a été de loin le plus convaincant des orateurs de l’Alliance Lepep. A l’opposée, chaque intervention du duo Ramgoolam/Bérenger leurs faisaient perdre des centaines de voix.

Il y a eu les attaques injustes contre Sandya Boygah, Ameenah Gurrib Fakhim ou encore Kobita Jugnauth. Une véritable honte pour le leader du MMM tandis que Ivan Collendavelloo reussi a exploiter ces failles en demandant aux militants de Virer Mam. Mais quand Ramgoolam lui a servi un caviar avec ce « requin ek so moustaches » qu’il a pêché avec « ene la viande ek so disang » , Ivan Collendavelloo a sorti un colère mauve des militants pour faire basculer l’élection sachant que l’électorat du MMM a été blessé. Sans compter les attaques de Ramgoolam contre Collendavelloo au sujet de sa maladie.

Si Nitin Chinien a interdit à Paul Bérenger de démarrer ses rassemblements ou ses interventions avec la mythique chanson « Soldat Lalit Militant ». Ivan Collendavelloo, lui se faisait un devoir, d’utiliser cette chanson pour faire vibrer une fibre patriotique des militants. En bref, il a été létale pour le MMM.

Mais la ou on reconnait les grands hommes, c’est que le leader du Muvman Liberater, n’a pas pris la grosse tête. Pourtant, il aurait pu. Son parti formé en avril avait démarré des explications devant seulement 80 personnes à Surinam. Puis seulement 18 personnes à Camp Levieux. Aujourd’hui il compte 8 députés en 7 mois d’existence contre 12 au MMM en 45 d’existence.

A 15h00 le jour des élections, Ivan Collendavelloo était accueilli comme un sauveur sur la table des militants du MMM. Il avait fait cette déclaration. « Je ne sais pas si je serais élu, mais je m’attèlerais à la reconstruction du MMM. » Selon lui, « Paul Bérenger paie le prix d’une alliance avec le PTr. Alors que moi j’avais dit que c’était un suicide pour le MMM. J’ai un espoir pour le MMM. Si besoin est, je suis prêt à reprendre le flambeau du MMM. J’appelle à l’unité du MMM pour le moment autour de ma personne. Au sein du Muvman Liberater, nous pourrons trouver une formule pour réunir la grande famille militante. »

Mais le destin en a voulu autrement, il sera élu en tête de liste dans la circonscription n°19 avec 15 296 votes ce jeudi 11 décembre, s’est voulu rassembleur dans la victoire. «Ena sertin ti pe koze zot pou fini MMM, zot pa pou kapav tan ki mo la. Mo pou fer lans enn mesaz a mo kamarad militan dan le zour a suivre», a-t-il poursuivi.

Pour le leader du Muvman Liberater, ce scrutin est «une leçon d’humilité à la classe politique. J’espère que jamais nous ne retrouverons cette arrogance qu’on a vue depuis le 16 avril de la part des deux partis».

Fazila Daureeawoo, autre candidate de l’alliance Lepep, a obtenu 12 582 votes, et se hisse à la seconde position. Paul Bérenger, leader du MMM, s’est fait élire de justesse avec 12 239 votes. «Nous pensions au départ que nous gagnerions 3-0, mais Ramalingum Maistry est tombé dans cette lutte. Je vous demande de l’applaudir», a souligné le nouveau député. «Nou finn fer enn score tre honorab.»

Ivan Collendavelloo a par ailleurs tenu à «remercier l’électorat formidable, ki finn fer enn campagne calme». Il devait toutefois déplorer des provocations de la part de certains. Mais «nous sommes des soldats», a-t-il soutenu.

Il est clair que Bérenger doit lui laisser les rênes du MMM. Pour la première fois depuis sa première participation à des élections générales en 1976, le MMM, seul ou en alliance, a perdu globalement dans son bastion de Stanley/Rose-Hill. Seule consolation pour les militants, leur leader fait partie des trois élus. Mais Paul Bérenger n’est à aucun moment apparu à Notre Dame des Victoires RCA pendant le dépouillement du scrutin. Ses deux colistiers, Stéphanie Anquetil et Deven Nagalingum, qui étaient présents toute la matinée ont quitté discrètement les lieux quelques minutes après l’annonce officielle dès premiers résultats partiels.

En dépit d’importants moyens logistiques et humains déployés par le PTr/MMM durant la campagne, les résultats d’hier sont venus démentir la force de cette alliance sur le terrain. Au deuxième pointage vers 14 h 45 confirmant qu’au moins deux candidats de l’Alliance Lepep, à savoir Ivan Collendavelloo et Fazila Daureeawoo, entreraient au Parlement, les partisans munis de tout un arsenal bruyant affluaient et c’est une marée orange-blanc-bleu très excitée qui a envahi la cour de l’école lorsque les portes se sont ouvertes vers 17 h 45. L’ancien député mauve Kee Chong Li Kwong Wing, est venu lui aussi féliciter « son ami Ivan ». Celui-ci, visiblement ému à côté de son fils Irvin, a demandé à ses agents de faire entendre à la foule le « Soldat lalit Militant » — l’hymne des militants qui avait été joué à chaque fois qu’il prenait la parole dans les meetings de l’Alliance Lepep.

Posted by on Dec 15 2014. Filed under Actualités, Economie, En Direct, Featured, Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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