Budget 2017/2018…Mettons fin à la précarité et la pauvreté !



Non, ce n’est plus acceptable ! Ce n’est plus possible ! Année après année, budget après budget, presque 50 ans après l’indépendance du pays, la situation financière et économique des Mauriciens ne s’améliore pas. La pauvreté gagne du terrain, la classe moyenne s’appauvrit alors que le fossé entre les riches et ceux au bas de l’échelle ne fait que s’agrandir.

Chaque année, les ministres des Finances nous promettent que grâce aux mesures qu’ils proposent la tendance va s’inverser, que la prospérité sera à l’ordre du jour et qu’après les sacrifices viendra le temps des réjouissances. Or, c’est le contraire que nous avons constaté à chaque fois.

L’endettement du pays et de la population gagne du terrain, les ménages peinent à joindre les deux bouts, les prix des denrées alimentaires ne cessent de grimper et c’est la paupérisation à travers le pays. Ne parlons pas du luxe des grandes surfaces commerciales qui ont poussé comme des champignons ces dernières années. Il semblerait que cela soit réservé aux étrangers et à une poignée de Mauriciens qui arrivent à profiter du système au détriment de la masse.

À la veille de la présentation du prochain budget par le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, une réflexion profonde s’impose pour arriver à comprendre les grands enjeux mais surtout la base même de tout succès économique d’un pays, soit le bien-être de sa population. Les Mauriciens vivent-ils heureux ? Sont-ils satisfaits de leurs conditions de vie ? Mais déjà la présence et la dimension de Pravind Jugnauth cette année donnent confiance et espoir.

La question se pose parce qu’aucun grand chantier ne pourra être développé si la population n’est pas partie prenante et si elle ne sent pas que ce développement sera à son avantage. L’actuel gouvernement a mis en branle plusieurs projets de développement qui, s’ils se concrétisent, changeront la face de notre pays pour les 100 prochaines années.

L’investissement qui est projeté, que ce soit dans le Métro Express ou ailleurs, est massif, lourd, voire très lourd et onéreux. Cet argent aurait pu servir à d’autres fins pour soulager la population.  Si celle-ci accorde sa bénédiction au gouvernement, elle doit obtenir des garanties que ce sacrifice bénéficiera réellement aux générations futures et ne sera pas plutôt un fardeau sur le dos de nos enfants. Si tel est le cas, il vaut mieux ne pas se tirer une balle dans les pattes en connaissance de cause.

La précarité gagne du terrain et il faut que le gouvernement agisse. Pravind Jugnauth n’a pas le droit moral de porter des œillères et ne pas entendre la voix de la rue. Le peuple gronde mais l’actuel gouvernement n’est pas responsable de cet état de fait. La situation n’a cessé de se détériorer depuis des décennies. Mais aucun Premier ministre n’a daigné regarder le problème en face pour apporter des solutions durables. Aujourd’hui Pravind Jugnauth ose affronter les vrais défis de la société.

Précarité égale hausse de la criminalité.  C’est ce que nous constatons aujourd’hui. À l’aube du 21e siècle, après les émeutes suivant le décès en détention du chanteur Kaya, plusieurs éminentes personnalités avaient tiré la sonnette d’alarme. Elles ont dit et redit à maintes reprises que si rien n’est fait pour régler le problème d’échec scolaire, incontestable catalyseur du cercle vicieux vers la pauvreté, c’est une véritable bombe sociale qui nous explosera à la figure.

“Dans cette précarité où les difficultés du présent oblitèrent l’avenir, les qualités propres des personnes sont ignorées, déniées, bafouées. La détermination sociale y prévaut et apparaît dans toute sa cruauté. Pour ceux-là qui s’y trouvent enfermés, les illusions de réussite individuelle perdues, ne restent plus que des destins de classe”, écrit Jacques Rigaudiat  dans son ouvrage «Le nouvel ordre prolétaire», 2007.

La précarité est l’état de ce qui est problématique, c’est-à-dire qui n’offre aucune garantie de durée, qui est incertain, sans base assurée, révocable. Dans le domaine économique et social, la précarité est l’absence des conditions et des sécurités permettant à une personne, à une famille, à un groupe, d’assumer pleinement leurs responsabilités et de bénéficier de leurs droits fondamentaux.

La précarité est caractérisée par une forte incertitude sur la possibilité de pouvoir retrouver dans un avenir proche une situation qui est considérée comme “acceptable”. Elle est donc une notion subjective et relative car elle se définit par rapport à une situation “admissible” et au sein d’une société donnée. Le degré de perception de la précarité est, en outre, influencé par de nombreux facteurs culturels.

L’actuel ministre des Finances, de surcroît Premier ministre, est issu d’un parti qui se dit socialiste. Notre pays, la république de Maurice, est connu comme tel à travers le monde mais au niveau de la politique économique pourtant les choses ne se passent pas ainsi. L’honorable Pravind Jugnauth peut-il comprendre qu’il est grand temps de se débarrasser de la tutelle du secteur privé et de prendre en considération les besoins réels de la population en termes d’éducation, de logement, de travail et de salaire, de conditions de vie, de loisirs et de perspectives d’avenir ?

Pravind Jugnauth doit prendre les taureaux par les cornes et venir avec des mesures qui changeront efficacement la vie des gens pour le meilleur. Dans le secteur éducatif, est-il possible qu’en 2017 le nombre d’exclus à l’âge de 11-12 ans tourne toujours aux alentours de 40 %. Nous saluons le courage du gouvernement Lepep de venir de l’avant avec le Nine-Year Schooling, mais des incertitudes subsistent car, selon la version de certains experts, le nouveau système n’a fait que renvoyer le problème vers l’âge de 14-15 ans, quand l’élève devra passer un examen pour trouver une place soit dans une académie, soit dans la filière professionnelle. La dernière mesure annoncée, notamment la nécessité d’obtenir 5 credits pour accéder au Lower VI, vient corser l’addition. C’est un pas dans la mauvaise direction.

Échec scolaire égale précarité, précarité équivaut hausse de la criminalité, hausse de la criminalité veut dire Insécurité. L’équation est simple et faire semblant de ne pas comprendre c’est être irresponsable.

Par ailleurs, le gouvernement MSM/ML doit cesser de tergiverser au niveau du salaire minimal. Bien sûr, on peut garder cette carotte pour appâter l’électorat à la veille des élections générales. Ce serait une fois de plus irresponsable et inacceptable car le peuple souffre.

Des milliers de familles n’arrivent pas à faire face à leurs dépenses courantes malgré le fait que mari et femme travaillent pendant de longues heures. À peine leurs salaires sont ils crédités sur leurs comptes bancaires que deux ou trois jours après le début du mois ils doivent frapper à la porte du boutiquier du coin pour obtenir un crédit. Comment alors établir des plans pour l’avenir dans cette perspective ?

À Maurice aujourd’hui, il est clair que les salaires de la majorité des travailleurs ne leur permettent pas de jouir d’une vie décente. Si nous continuons sur cette voie c’est le pays tout entier qui sortira grand perdant. L’État dépensera encore plus d’argent pour garantir la sécurité de tout un chacun avec le risque que notre pays ne devienne un État policier. Le budget de la Santé continuera d’augmenter parce que les Mauriciens mangent mal. Ils mangent mal parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir un bon repas équilibré et de qualité. Offrir ne serait-ce qu’un fruit chaque jour à son enfant pour l’école demeure toujours du domaine de l’impossible pour de nombreux parents.

Le gouvernement doit une fois pour toutes comprendre que nous ne pouvons plus continuer avec un développement qui produise les mêmes hiérarchies que celles qui prévalaient à l’époque de l’esclavage et de l’engagisme. Le genre de développement que nous avons connu ces dernières années a contribué à maintenir les inégalités et n’a donc pas réduit les barrières sociales, raciales et intercommunautaires.

Les développements ont, certes, créé des emplois et distribué des revenus. Ils n’ont toutefois pas réduit les inégalités sociales. Cette situation et la détérioration des conditions de vie avec le retour de l’inflation et du chômage pourraient, un jour, mettre en péril la stabilité politique du pays et la paix sociale, atouts majeurs de notre pays et condition sine qua non à son épanouissement.

Souhaitons de tout cœur que Pravind Jugnauth entende l’appel du peuple et qu’il écoute son cœur. Souhaitons qu’il entende le cri qui vient de la rue. Maurice est à la croisée des chemins, il y a un risque que nous prenions la mauvaise route qui nous mènerait au précipice. Déjà, le Premier ministre et ministre des Finances nous fascine avec sa capacité d’écoute.

Aucun développement ne peut être durable et acceptable si la population n’est pas gagnante dans l’affaire. La population ne pardonnera pas si les sommes colossales qui seront investies dans le Métro Express et ailleurs n’apportent pas une amélioration tangible dans son niveau de vie. Les générations passées ont consenti d’énormes sacrifices.

Mettons fin une fois pour toutes au cercle vicieux de la pauvreté et de la précarité dans notre pays. Pour cela, Pravind Jugnauth est l’homme de la situation.

Posted by on Jun 5 2017. Filed under Actualités, Blog, Economie, En Direct, Featured. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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