Rencontre avec Cadress Rungen, nouveau diacre



« C’est mon père qui a semé cette graine de service à la manière de Jésus- Christ »

  • Il considère les mots de Jésus-Christ « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » comme sa devise
  • « Avec l’apport de ma famille et les autres, je veux continuer à servir les autres tout comme Jésus-Christ l’a fait », soutient-il

Le nouveau diacre, Cadress Rungen, affirme qu’être diacre c’est être au service des autres à la manière de Jésus-Christ. Lors d’une rencontre avec ce dernier, notre invité de la semaine, qui veut continuer à servir les autres, soutient aussi qu’il œuvre pour la justice, une meilleure société où il y a la paix, l’harmonie sociale, l’unité nationale et où il fait bon vivre. D’autre part, il considère les mots de Jésus-Christ  « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » comme sa devise. Cadress Rungen invite aussi les jeunes à découvrir le rôle de CAZADO à la rue St Georges, Port-Louis.

Sanjay Bijloll

Q : Vous faites partie, avec Josian Labonté, Désiré Farla et Lindsay Lapoul, des nouveaux diacres ordonnés dimanche dernier. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

R : Pour moi, c’est une consécration, voire un climax de mon cheminement,  depuis mon enfance.

C’est mon père qui m’a enseigné le texte de l’Evangile Mathieu 25, où Jésus-Christ dit ceci : « J’avais faim, vous m’avez donné à manger, j’avais soif, vous m’avez donné à boire et j’étais en prison, vous êtes venus me rencontrer/visiter. C’est là que j’ai compris que ces grands-pères, grands-mères, tontons et tantines étaient seuls et qu’ils souffraient de la solitude.

J’ai grandi dans une famille pauvre, qui aimait visiter, rencontrer et partager des repas avec les autres. Cet événement qui a marqué ma vie m’a beaucoup inspiré de continuer à aider, servir et à rencontrer les gens nécessiteux.

Etre diacre c’est être au service des autres, à la manière de Jésus-Christ, qui est un exemple. Il avait une grande compassion et a lavé les pieds des apôtres, rencontré les lépreux et guéri les malades.

Moi, j’ai choisi d’être infirmier et en janvier 2019, j’aurai 40 ans de service. Je travaille à la prison de Beau-Bassin depuis 35 ans.

C’est mon père (Claude Rungen) qui a semé cette graine de service à la manière de Jésus-Christ et ma mère (Anamah) qui était plus discrète. Mais quand même, elle se trouvait à nos côtés pour nous encourager de visiter et rendre service aux autres. Je profite de l’occasion pour rendre grâce à Dieu, qui m’a donné de si bons parents.

Q : En quoi cela vous différencie d’un prêtre ou d’un abbé de l’Église Catholique ?

R : C’est une question pertinente. Le diacre n’est pas un assistant-prêtre, père, ni un mini prêtre ou sous-prêtre et non plus un super laïc. Les diacres ont reçu le sacrément de l’ordre. Avant le 13 mai, j’étais laïc. Par la suite, je suis devenu diacre, qui a son propre ministère pour être serviteur à la manière de Jésus-Christ.

Par exemple, à la fin de mon ordination, l’évêque m’a envoyé en mission et nommé à l’église de Sacré Cœur de Beau-Bassin. En plus, il m’a donné cette mission pour travailler et former des agents pour la prévention de l’usage des drogues.

Un diacre ne se trouve pas dans le bâtiment d’une église. Il est partout et au service de tout le monde y compris la réhabilitation des toxicomanes. Le diacre, qui peut célébrer un mariage et un baptême et officier des funérailles, fait le pont entre la communauté et l’évêque. (The Dean is the go between the community and the bishop).

Nous sommes la voix des sans voix. Lorsque je rencontre l’évêque, je lui parle des problèmes de la drogue et nous essayons de trouver des solutions ensemble. Autrement, nous luttons pour la justice, contre la corruption et œuvrons pour une meilleure société, où il y a la paix, l’harmonie sociale et l’unité nationale.

Q : Vous menez un combat contre la drogue et les fléaux de société. En quoi le diaconat va-t-il vous aider dans cette lutte ?

R : Je crois que le service auprès des toxicomanes et leur accompagnement représente une autre dimension. C’est ma foi et je le fais avec sincérité et du fond de mon cœur. Ce n’est pas un travail facile. Or, le peuple de Dieu et Jésus-Christ sont toujours là pour m’accompagner, me soutenir et m’encourager pour que je puisse réaliser mes œuvres et ma mission.

J’ajouterai qu’environ 7 000 personnes y compris des téléspectateurs ont suivi l’événement quand j’ai été ordonné diacre. C’est le père Mongelard qui m’avait annoncé que l’église m’avait choisi d’être candidat permanent. Je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Je continuerai de servir les autres.

Q : Serait-ce un prolongement de votre engagement social par une voie plus spirituelle ?

R : Certainement. L’extrait de Jean 13, 14-15 se lit ainsi : « Si donc moi, le ‘Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds les uns les autres. Je vous ai donné un exemple pour que vous agissiez comme j’ai agi envers vous », m’inspire beaucoup et me donne la force d’aller beaucoup plus loin dans ma mission.

Je n’ai pas peur des obstacles. Le Seigneur me donne la foi et la force nécessaire pour combattre les fléaux de la société.

Q : Les jeunes s’éloignent de plus en plus de la religion. Comment les faire revenir à l’église ?

R :  Le travail ou la mission d’un diacre c’est d’aller vers les jeunes. Un diacre ne peut habiter dans une cure ou rester dans un bâtiment. Il travaille avec beaucoup de simplicité en utilisant le langage du peuple et reconnaît les valeurs des jeunes sans les juger, mais avec un témoignage de compassion tout comme Jésus-Christ qui se mettait au service des autres.

Il y a une équipe de jeunes qui opère à CAZADO (CAZ comme maison) et ADO comme adolescent) où nous découvrons leurs talents, valeurs et capacités.

Aussi l’ADO (A comme Amour, D comme don de soi et O comme océan de bonheur) organise ce week-end des activités basées sur l’estime, la capacité et comment faire un choix de vie eu égard aux jeunes, qui participent pour donner une autre dimension à cet événement.

Nous ne nous épargnerons aucun effort pour que les jeunes puissent découvrir le côté spirituel. Ils sentent ce bonheur de participer dans les messes. A CAZADO, nous accueillons et organisons des sessions des prières pour tous et célébrons les messes régulièrement. Certains préfèrent venir au CAZADO au lieu d’aller à l’Eglise qui se trouve à côté.

Chez nous, on peut découvrir l’amitié, la joie et l’importance de servir et aider les autres. Ils y chantent, mangent, aiment écouter et se sentent fiers d’être chez nous. Autrement, ils aiment rencontrer, accompagner et servir les gens de la rue. D’ailleurs, ce sont les jeunes qui sont la relève.

Q : Le mot de la fin ?

R : J’aurais 60 ans dans deux mois et je suis un homme heureux. A la veille de ma retraite, je commence une nouvelle vie. Avec l’aide de Dieu et le Seigneur, je me sens rempli de courage et encore plus fort pour servir les autres.

J’invite les jeunes à venir et découvrir les activités au CAZADO. Une phrase de Jésus-Christ que j’aime beaucoup est : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Cette phrase c’est ma devise. Je suis un témoin de cette phrase car je pense qu’il y a plus de joie de donner qu’à recevoir. J’invite les autres en particulier les jeunes à goûter ce bonheur.

Je dirais aussi qu’être diacre c’est l’être en permanence. Avec l’apport de mon épouse (Ragini) et mes deux fils (Dean et Sean), je me sens très très fort. Etre diacre c’est d’abord consolider, réunir et servir les membres de ma famille car  charité bien ordonnée commence chez soi.

Posted by on May 21 2018. Filed under Featured, Opinion. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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