Relations industrielles: Les travailleurs ont le droit d’avoir peur, mais pas d’être confus…



J’ai passé cinq ans comme conseiller en matière de communication au ministère du Travail et des Relations industrielles, travaillant en étroite collaboration avec le ministre actuel, Soodesh Callichurn.

C’est un des rares ministres et ministères qui avait réussi grâce à la collaboration de plusieurs et l’approbation du Premier ministre, Pravind Jugnauth, d’exécuter son programme à la lettre, et à faire voter des lois pour la protection des travailleurs. Mon opinion n’est certainement pas de faire les éloges du gouvernement mais de rectifier certaines vérités et de ne pas politiser chaque amendement apporté récemment au Workers Rights Act.

C’est un fait que le gouvernement MSM-ML et pendant quelques mois le PMSD ont fait énormément pour les travailleurs. Il y avait deux promesses électorales en 2014, notamment d’augmenter le congé de maternité de 12 semaines à 14 semaines et deuxièmement la mise sur pied d’un salaire minimum.

La première promesse sera faite quelques mois après les législatives. Toutes les mamans qui ont eu le bonheur d’accoucher ont eu deux semaines de congé de plus.  Mais en 2017, Pravind Jugnauth, qui avait pris les rênes du pouvoir comme Premier ministre mais conservant le poste des Finances, insista dans son budget à ce qu’il ne fallait plus qu’une femme, ait 12 mois de service dans une entreprise, pour bénéficier de 14 semaines de congé payant.

« Les faussetés de Business Mauritius »

Pour ceux qui sont sûrs que Pravind Jugnauth et Soodesh Callichurn suivent l’agenda de Business Mauritius, voici quelques réponses qui démontrent le contraire. Business Mauritius était farouchement contre l’augmentation du congé de maternité. Au fait, leur argument était pourquoi cela revenait au patron d’entreprises de payer de tels congés et non l’Etat. Malgré leur grognement. Soodesh Callichurn a fait amender l’Employment Rights Act de l’époque pour que ce droit bénéficie à ces femmes courageuses qui sont au premier front du travail et de responsabilité d’épouse et mère.  

Même chose pour le salaire minimum. Business Mauritius avait affirmé que ses membres ne pourront payer la modique somme de Rs 8 500.  Ils ont même pris comme prétexte le Brexit qui ne surviendra que deux années plus tard. A chaque réunion tripartite sur la compensation salariale devant Soodesh Callichurn et Pravind Jugnauth, Business Mauritius s’était toujours plaint, estimant qu’on ne pouvait avoir un salaire minimum, accord collectif et compensation salarial en même temps. Idem pour le PRGF, pension pour les travailleurs dans le secteur privé. Encore une fois, le patronat était contre. Leurs arguments n’ont jamais tenu devant Soodesh Callichurn et Pravind Jugnauth. Certes, la classe syndicale a toujours milité pour les changements apportés mais c’est justement le tandem Jugnauth PM et finances et Callichurn au Travail qui ont fait que leur lutte n’a pas été en vaine. Les lois du travail ont vu le jour car il y a eu des consultations entre syndicats et patronats, puis un comité interministériel présidé par le Premier ministre adjoint, Ivan Collendaveloo. Soodesh Callichurn et l’assistant Directeur au ministère du Travail, Herbert Jouan, qui a pris sa retraite bien méritée lundi dernier, ont bossé dur pour finaliser cette loi. Ce n’était pas dans le but de remporter les élections, mais si cela a pesé lourd dans la joute de novembre dernier.

Le ministre Callichurn s’est fait le devoir pendant cinq ans de rencontrer le monde syndical au moins une fois par mois et la plupart avaient accès à son bureau, dont je coordonnais la rencontre.

Pour ce qui est des récents amendements apportés aux lois du travail, il semble que ce n’est pas Business Mauritius qui en est la cause mais l’incertitude dans lequel nous vivons. L’Organisation International du Travail avait déjà tiré la sonnette d’alarme juste avant que le pays ne se confine.

Une « flexicurité »

D’ailleurs, l’OIT reconnaît que les responsables politiques sont confrontés à la difficile, mais primordiale, tâche de réglementer le marché du travail qui ne cesse d’évoluer dans le contexte de la mondialisation de l’économie.  L’OIT se demande si les dirigeants pourront écouter s les appels en faveur d’une flexibilité accrue : limitation de la protection de l’emploi et de la législation du travail, du pouvoir de négociation des syndicats, des systèmes généreux de protection sociale et des charges salariales élevées ? Ou pourront-ils s’appuyer sur un modèle de « flexicurité » qui mise sur un nouvel équilibre entre la flexibilité et la sécurité de l’emploi, du revenu et de la protection sociale ?

L’OIT encourage une « flexicurité » qui requiert, mais aussi favorise, un taux d’emploi élevé. À défaut d’entreprises compétitives, aptes à faire évoluer leur main-d’œuvre en fonction des conditions du marché, les résultats resteront médiocres en termes d’emploi. Toutefois, un niveau élevé de flexibilité du marché du travail ne résout le problème du chômage que si les travailleurs jouissent d’une sécurité suffisante de l’emploi et du revenu, grâce à des dispositifs d’aide intensive à la recherche d’emploi, à des programmes de politiques actives du marché du travail et à un soutien financier qui les incitent à accepter davantage de mobilité et de flexibilité, et favorisent leur adaptation. Le dialogue entre les gouvernements, les travailleurs et les employeurs sur la politique à adopter est le fondement d’un système axé sur la « flexicurité ». Mais selon moi, toute cela doit se faire dans un environnement sain et dépolitisé ! Trop de confusion règne en ce moment !

« Fameux agenda »

Je concède que des temps durs sont à l’horizon dans le domaine des relations industrielles. Mais j’aurais souhaité que l’opposition nous explique comment par exemple éviter les licenciements dans le secteur de l’hôtellerie ? Comment empêcher un dégraissage dans un établissement qui risque de ne pas avoir des visiteurs pendant des mois ?

De la démagogie uniquement pour politiser le débat et semer la confusion et la haine parmi les travailleurs de ce pays qui ont eu peur pendant quelques mois d’attraper un virus et maintenant de se retrouver sur le pavé. On a le droit d’avoir peur. Dans le monde il y a une crainte car c’est du jamais-vu !  Mais qu’on ne soit pas confus et qu’on cesse de politiser tout et de rétablir les faits !

Si vous pensez que ce gouvernement suit l’agenda de Business Mauritius, aller enquêter ce que faisaient certains de ses membres dans les locaux du ministère du Travail lorsque la loi de 2008 était en train d’être rédigée et « edit » par les big boss de ce pays. En 2008, il y avait ce fameux agenda !

Que l’honnêteté et le travail soient toujours tes compagnons, avait déclaré, Benjamin Franklin. Elle n’est certainement pas dans les rangs de l’opposition travailliste !

Par Leevy FRIVET

Posted by on May 27 2020. Filed under Economie, En Direct, Featured, Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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