Au moins 8 000 suppressions d’emplois envisagées chez Air France…



Des avions d’Air France à Roissy en 2012.

Un plan de suppressions d’emplois dans la compagnie toucheraient surtout les personnels au sol et les implantations d’Air France en région, notamment à cause des suppressions de lignes. Si les départs volontaires seront privilégiés, les syndicats redoutent des licenciements.

L’ambiance était plutôt colère à l’étage de la direction d’Air France, à Roissy, mercredi. A l’origine de ce mécontentement, une dépêche de l’agence Bloomberg révélant un plan de suppressions d’emplois concernant 8 000 voire 10 000 postes. L’information aurait dû être donnée officiellement lors d’un comité social d’entreprise (CSE) programmé au début du mois de juillet. A ceci près que de manière plus officieuse, la direction de la compagnie a décidé de rencontrer en tête à tête quatre organisations syndicales lundi et mardi dernier, histoire de tâter le terrain sur l’évolution des effectifs de la compagnie.

Air France envisagerait de supprimer entre 4 000 et 6 000 postes dans les effectifs au sol. Les implantations d’Air France en région seraient particulièrement touchées, notamment du fait des suppressions prochaines de lignes dès lors qu’une liaison ferroviaire de moins de deux heures et demie peut s’y substituer. Paris-Nantes et Paris-Bordeaux notamment seraient concernés.

Importantes indemnités

Dans le même mouvement, Hop, la filiale d’Air France spécialisée dans les vols intérieurs, pourrait voir 1 000 emplois disparaître et sa flotte revue sérieusement à la baisse. Lorsqu’il y a moins de vols et moins d’avions, les personnels navigants sont également concernés. 1 700 postes d’hôtesses et stewards seraient programmés pour passer à la trappe. Et 400 pilotes, essentiellement des commandants de bord en fin de carrière, vont vraisemblablement être invités à quitter la compagnie, de manière négociée et moyennant d’importantes indemnités. Soucieux d’éviter des velléités de grève, le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, a négocié très tôt avec les pilotes et aurait semble-t-il réussi à désamorcer le recours à des arrêts de travail pour cette catégorie qui détient le pouvoir de bloquer le trafic.

Il semblerait toutefois que le boss d’Air France KLM ait été freiné dans ses ardeurs de restructurations par la directrice générale d’Air France, Anne Rigail. Elle aurait réussi à le convaincre de ne pas mettre fin aux «navettes» Paris-Nice, Paris-Marseille et Paris-Toulouse exploitées par Air France. Ces vols nombreux et cadencés à heure fixe s’adressent essentiellement à une clientèle professionnelle, qui paie plus cher ses billets d’avion en échange d’un large choix d’horaires.

«Des ajustements nécessaires»

La direction de la compagnie va semble-t-il privilégier les départs volontaires et les non-renouvellements de postes après départs à la retraite. Il est cependant fort possible que ce ne soit pas suffisant notamment dans les implantations d’Air France en région, qui ont déjà subi sept plans de ce type. Des licenciements secs seraient alors lancés. Pour l’heure et selon plusieurs responsables syndicaux interrogés par Libération, la réaction des salariés d’Air France ne passerait pas par un mouvement de grève. «L’indemnisation par le biais du chômage partiel jusqu’à présent et l’activité réduite de la compagnie freinent toute mobilisation», constate le représentant d’une des principales organisations professionnelle d’Air France.

Ce plan de réduction d’effectifs en préparation, qui intervient moins de quinze jours après celui annoncé par Renault, démontre en tout cas que le soutien financier de l’Etat n’est pas conditionné à l’absence de recours aux licenciements. Air France s’est vu attribuer 3 milliards d’euros de prêt garanti par l’Etat et 4 milliards de financement directement avancé par le budget de la nation. Le 8 juin, en présentant son plan de soutien au secteur aéronautique, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait déclaré à propos d’Air France : «Soyons lucides, il y aura des ajustements nécessaires. Ils doivent être faits dans la mesure du possible sans départs contraints.» Reste maintenant à voir si comme il l’a fait pour le patron de Renault, Bruno Le Maire va convoquer le boss d’Air France pour lui demander de limiter la casse.

Posted by on Jun 19 2020. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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