Au Maroc cette semaine : 200 journalistes en conclave à Benguérir pour les 49e assises de l’UPF…



L’Union Internationale de la Presse Francophone (UPF) et sa section Maroc ont organisé cette semaine, les 49èmes Assises de la presse francophone du 25 au 27 juillet 2022, à l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguérir.

Quelques 200 journalistes, éditeurs, dirigeants de la presse écrite et audiovisuelle, experts des pays francophones, dont une grande majorité d’Afrique ont pris part à ces travaux. Le thème choisi pour cette 49e édition porte sur le leadership féminin au sein des médias et le rôle des médias dans le renforcement du leadership des femmes.

Conférences, tables rondes et ateliers ont eu lieu pour débattre, échanger et partager notamment : Le Leadership féminin dans les entreprises de presse, Médias et entrepreneuriat, femmes et exercice du pouvoir ; du sexisme et du poids des représentations sociales; journalisme du genre, des spécificités culturelles et des moyens de faire tomber les barrières.

Le pouvoir médiatique des femmes

Les participants ont discuté également des espaces d’expression pour les femmes au pouvoir dans les médias, réseaux sociaux, médias digitaux et des nouveaux espaces de l’égalité ; le pouvoir médiatique au féminin et le rôle des médias pour une participation accrue des femmes et des hommes à la production et à  la prise de direction; de  la place des femmes dans la hiérarchie professionnelle et de l’influence éditoriale des femmes dans les médias ; lutte contre l’écart salarial; de l’égalité professionnelle entre les journalistes femmes et hommes au sein des rédactions, des freins à l’égalité salariale entre autres. Les femmes journalistes ont vu dans cet événement une grande opportunité pour explorer, partager et élaborer de nouvelles idées et solutions « pour le renforcement d’action et de leur promotion ».

Pour sa part, la présidente de la section UPF-Maroc, Mme Meriem Oudghiri, a indiqué que le thème revêt d’une très grande importance parce qu’il y a encore de grands défis à relever dans ce domaine. « Justement ces assises nous ont permis de discuter et de partager toutes les expériences de plus de 200 professionnels de médias venus d’une quarantaine de pays francophones, dont une grande majorité d’Afrique » .

Par ailleurs, les femmes congolaises invitées à ces assises, ont partagé leur expérience en tant que femmes et dirigeantes des médias. Il s’agit de la députée et rapporteuse adjointe de l’Assemblée nationale, Colette Tshomba Ntundu, et la présidente du conseil d’administration de l’Agence congolaise de presse (ACP).

Toutes deux ont retracé, leur parcours journalistique jusqu’à leurs postes respectifs actuels. D’ailleurs, la République Démocratique du Congo (RDC) s’est démarquée à la réunion de Benguérir, avec une forte délégation de 14 journalistes. Le rapporteur adjoint de l’assemblée nationale, l’honorable Colette Tshomba Ntundu et la présidente du conseil d’administration de l’agence congolaise de presse, Nicole Dimbambu Buanga s’alignent également ces Assises internationales au Maroc pour le compte de la RDC.

La secrétaire générale de l’Union internationale de la presse francophone (UPF), l’Armenienne, Zara Nazarian a conduit des mains de maître la cérémonie du lancement de ces assises. Dans son allocution, le président international sortant de l’UPF, Madiambal Diagne a indiqué que le thème de ce forum tombe à point nommé.

C’est donc comme un signe du destin que nos Assises-2022 s’ouvrent sur le thème de leadership féminin parce que nous passons la main à une femme à la tête de notre organisation, a-t-il indiqué. En effet, une femme très dynamique, Anne-Cécile Robert, directrice des relations internationales du média français Le Monde diplomatique vient d’être élue présidente internationale de l’UPF. Un choix judicieux décidé par les membres du Comité international à l’issue des élections lors de l’assemblée générale, dimanche 22 juillet à Benguérir.

Tout en remerciant le partenaire officiel de cet événement l’office chérifien des Phosphates (OCP), partenaire officiel de cet événement, le Sénégalais Madiambal Diagne a reconnu que cette grande entreprise productrice mondiale des phosphates a permis à l’Union internationale de la presse francophone de rayonner pour promouvoir l’essor d’un journalisme libre et responsable.

Lors de son mot de bienvenue, la présidente de l’UPF-Maroc, Meriem Oudghiri a circonscrit le contexte de ce débat sur le leadership féminin dans les médias.

“Actuellement, les femmes “cheffes” au top management dans les médias se comptent au bout des doigts. Les stéréotypes, les stigmatisations et les discriminations sont, eux aussi, toujours présents”, a-t-elle regretté.

Des femmes leaders d’horizons multiples: femmes politiques, dirigeantes de grands groupes, intellectuelles, éditorialistes et femmes actives de la société civile sont présentes pour des partages d’expériences très fournies. Elles étaient là, les femmes de renom à l’instar de Christiane Taubira, femme politique en Guyane, ancienne garde ds sceaux, la présidente de la haute autorité de la communication Audiovisuelle du Maroc, Latifa Akharbach également, Ramatoulaye Diallo N’Diaye, femme politique et femme d’affaires malienne, pour ne citer que celles-là.

« Ces assises ont pour vocation de réunir toutes les personnes qui peuvent produire des idées pour faire avancer cette nécessité d’ouvrir les médias au leadership féminin, mais aussi que les médias soient des plateformes où la cause de l’égalité des sexes puisse émerger et s’exprimer dans toute son importance », a souligné la nouvelle présidente de l’UPF, Mme Anne-Cécile Robert, qui a succédé à M. Madiambal Diagne, à l’occasion de ces 49è assises.

Dans ce sens, elle a relevé que son élection constitue un symbole fort parce que l’UPF a toujours été attachée aux droits des femmes. “C’est une façon pour l’UPF de joindre le geste à la parole parce qu’on proclame des idées, mais il faut aussi les mettre en pratique”, a-t-elle affirmé dans une déclaration à M24, la chaine télévisée de l’information en continu de la MAP.

Mme Robert a par ailleurs salué le travail “formidable” effectué par la section UPF-Maroc. “C’est sans doute un signe que la presse marocaine est ouverte à la cause des femmes et leur donne toute la place qu’elles méritent”, s’est-elle félicitée.

Pour sa part, la présidente de la section UPF-Maroc, Mme Meriem Oudghiri, a indiqué que le thème revêt d’une très grande importance parce qu’il y a encore de grands défis à relever dans ce domaine. “Justement ces assises vont nous permettre de discuter et de partager toutes les expériences de plus de 200 professionnels de médias venus d’une quarantaine de pays francophones, dont une grande majorité d’Afrique”.

“Nous allons sortir avec une feuille de route et des recommandations”, a-t-elle fait savoir, rappelant que l’UPF va lancer une étude mondiale sur la condition des femmes journalistes dans le monde francophone, et “nous sommes très fiers que cette étude soit lancée du Maroc”.

S’agissant du leadership féminin dans les médias marocains, Mme Oudghiri s’est félicitée des progrès réalisés depuis quelques années, mais “y’a encore beaucoup d’efforts à consentir puisque très peu de femmes sont aujourd’hui dans le top management”.

Dans une allocution lors de la cérémonie d’ouverture de ce conclave, le Président de l’UM6P, M. Hicham El Habti, a indiqué que les femmes du corps de la presse, bravant tous les obstacles, “ont conquis leur place dans la perception collective en tant qu’acteur médiatique incontournable”.

“Au-delà du métier même de journaliste, donner le micro à une politicienne, une cheffe d’entreprise ou une militante associative, c’est aussi inspiré des millions de jeunes filles sur ce qu’elles pourraient accomplir à l’avenir. Quoique symbolique, le pouvoir de l’image que détient la presse peut s’avérer être un levier intergénérationnel redoutable de réforme sociale”, a-t-il souligné.

“En tant qu’institution académique, l’UM6P assume également le rôle d’incubateur social, car nous formons les citoyens de demain”, a-t-il relevé, faisant savoir que cette formation requiert des compétences, mais aussi et surtout un transfert des valeurs capables de catalyser le développement à tous les niveaux.

De son côté, le Secrétaire général du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, M. Mustapha Taimi, a indiqué que les travaux de ces assises, vu les excellents niveaux, parcours et qualités des participants, des animateurs et des intervenants à expérience et profils divers, contribueront assurément à une meilleure compréhension des enjeux de l’égalité entre les sexes et du positionnement de la femme journaliste dans le secteur des médias, enrichiront l’analyse afin d’approfondir le diagnostic participatif, généreront de nouvelles données quantitatives et qualitatives sur des aspects de la problématique de cette rencontre, et déboucheront, incontestablement, sur des conclusions et recommandations fort intéressantes, susceptibles de relancer des réflexions novatrices, critiques et porteuses de valeurs égalitaires.

Dans ce sens, il a souligné que “la promotion de la participation et du leadership des femmes correspond à un engagement fort du Royaume, et ce dans la dynamique des hautes orientations Royales, et sur la base de valeurs d’ouverture, de démocratie et d’égalité qui animent nos politiques publiques”.

A 72 ans d’existence, l’Union internationale de la presse francophone (UPF) est la plus vieille et grande organisation des professionnels des médias dans le monde. Elle a été créée à Limoges en France avec comme objectifs majeurs notamment de défendre la liberté de la presse, d’assurer la formation des journalistes, de promouvoir la coopération entre les médias de 110 pays francophones. L’UPF mise aussi sur l’organisation des séminaires, des forums régionaux et internationaux.

Les Assises internationales de la presse francophone sont organisées depuis 70 ans dans des régions différentes de l’espace francophone. Ils accueillent en moyenne 250 à 300 participants sur 3 jours de conférences. La ville de Conakry (Guinée) avait reçu les 46e Assises en 2017, suivies de la 47ème édition à Tsaghkadzor (Arménie), en 2018 et la 48e édition en 2019 à Yaoundé (Cameroun).

 

*-**-*-*-*-*-*-*-*

Extraits de ces discours qui ont retenu l’attention

Anne-Cécile Robert : « Défendre la liberté d’expression, la liberté de la presse et la langue française »

Anne-Cécile Robert, journaliste et directrice des éditions et des relations internationales du Monde Diplomatique, vient d’être élue présidente internationale de l’UPF.  Elle explique que c’est un honneur et une lourde tache et qu’elle aura une action déterminante et déterminée. Anne-Cécile Robert n’a pas manqué de féliciter la branche marocaine de l’UPF pour avoir organisé les assises dans un temps record après le Covid. Elle entend défendre la liberté d’expression, la liberté de la presse et la langue française. A ce sujet, la nouvelle présidente internationale estime que la langue française recule et qu’on utilise souvent un français dégradé. Ailleurs les Chinois multiplient les instituts Confucius, les Allemands les instituts Goethe alors que les français s’endorment. La langue française est plus grande que la France. C’est une autre dimension de la francophonie. Elle a rendu un vibrant hommage à la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée en mai dernier et Julian Assange incarcéré depuis 2019 au Royaume Uni en attendant son extradition.

Christiane Taubira : « Je dis aux femmes, si vous n’êtes pas prêtes à prendre le pouvoir, rentrez chez vous et faîtes la vaisselle. »

L’ancienne garde des sceaux de France, était la véritable superstar au niveau des intervenantes. Connue pour son franc parler, elle affirme avoir hésité avant d’accepter l’invitation. Puis elle s’est laissé convaincre par son expérience au pouvoir pour permettre aux femmes de mieux maitriser cet aspect. Christiane Taubira dira qu’il y a une exagération autour de sa personne. Toutefois, elle a salué Anne-Cécile Robert qui a d’immense qualités pour mener à bien sa mission. Selon elle, les femmes sont victimes d’un syndrome de ne pas croire en leurs capacités.  « J’apprends tous les jours et j’ai assumé des responsabilités car je suis exigeante envers moi-même d’abord. Et que c’est ce rapport d’excellence qu’elle recherche avec les médias. Ce qui fait un rapport intelligent et de culture générale, élargir les possibilités et ne jamais renoncé », a-t-elle soutenu pour explique qu’elle s’impose dans les lieux du pouvoir en se basant aussi sur l’environnement culturel.

« Quand vous êtes dans un lieu du pouvoir, vous devez exercer malgré des codes et des années de discriminations et d’oppression. Je dis aux filles et aux femmes, si vous n’êtes pas prêtes à prendre le pouvoir, rentrez chez vous et faîtes la vaisselle. Inversement, je dis aux messieurs si vous n’êtes pas prêts à changer un chemin pour vos filles, rentrez chez vous et bricolez. », a-t-elle conclu.

Myriam Ezzakhrajy : « L’équipe de football féminine du Maroc a changé beaucoup de regard »

Pour sa part Myriam Ezzakharajy du Maroc a expliqué que la finale de Coupe d’Afrique des Nations de l’équipe féminine nationale et leurs qualifications à la Coupe du Monde 2023 a permis un autre regard sur la capacité des femmes. Journaliste et responsable des médias, Myriam est connue pour son engagement comme formatrice dans les institutions publiques et privées. Elle travaille sur des thématiques comme l’égalité, la diversité et le droit des enfants.

 

Jimmy Jean-Louis

Benguérir, Marrakech

Maroc

 

 

 

Posted by on Aug 1 2022. Filed under Actualités, Opinion. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

Leave a Reply

Search Archive

Search by Date
Search by Category
Search with Google

Photo Gallery

Copyright © 2011-2016 Minority Voice. All rights reserved.