Les Cubains votent par référendum sur le mariage homosexuel et la gestation pour autrui
Les Cubains attendent, lundi, le résultat du référendum sur un nouveau Code de la famille, qui inclut notamment le mariage homosexuel et la gestation pour autrui, un texte largement soutenu par le gouvernement.
Plus de huit millions de Cubains étaient appelés, dimanche 25 septembre, à répondre par oui ou par non à une seule question posée par référendum : “Êtes-vous d’accord avec le Code des familles ?”.
La plupart des bureaux de vote du pays ont fermé à 18 h locales (22 h GMT). Certains ont fermé une heure plus tard à La Havane et dans certaines provinces, en raison d’intempéries. Selon le Conseil électoral national (CEN), la participation à 16 h était de 54,82 %. Le taux de participation à la clôture du scrutin n’était pas immédiatement connu.
Selon l’autorité électorale, les résultats devraient être annoncés lundi. Le texte entrera en vigueur immédiatement s’il obtient plus de 50 % des voix.
Sujets sensibles
La nouvelle loi, qui dépoussière en profondeur le texte en vigueur depuis 1975, définit le mariage comme l’union de “deux personnes”, légalisant ainsi le mariage homosexuel et l’adoption par les couples de même sexe.
Outre un renforcement des droits des enfants, personnes âgées et handicapés, le code introduit la possibilité de reconnaître légalement plusieurs pères et mères, outre les parents biologiques, ainsi que la gestation pour autrui sans fins lucratives.
Plusieurs de ces sujets restent sensibles à Cuba, dans une société encore empreinte de machisme et dont le gouvernement communiste a ostracisé les homosexuels dans les années 1960-1970.
Néanmoins, ces vingt dernières années, l’attitude des autorités envers les homosexuels a nettement évolué, et le “oui” a fait l’objet d’une intense campagne officielle.
“Le Code des familles énonce avant tout le respect de l’être humain, le respect de chacune et chacun. Nous reconnaissons et acceptons les différences qui existent déjà dans notre société”, avait insisté le président cubain, Miguel Diaz-Canel, à la veille du référendum.
Le chef de l’État s’est rendu tôt, avec son épouse, dans un bureau de vote de l’ouest de La Havane. “Le Code des familles est une loi juste, nécessaire, actualisée et moderne qui donne des droits et des garanties à tous”, a-t-il déclaré. En chemise militaire, l’ex-président Raul Castro (2006-2018) s’est également rendu aux urnes.
En Amérique latine, le mariage homosexuel n’est légal que dans sept pays et plusieurs États mexicains. La gestation pour autrui n’est, elle, autorisée que dans deux États mexicains. Ailleurs, elle se trouve le plus souvent dans un vide juridique, ni interdite, ni autorisée.
Opposition de l’Église catholique
En 2019, le gouvernement cubain avait tenté d’introduire le mariage homosexuel dans la nouvelle Constitution, avant de faire machine arrière face aux critiques des Églises catholique et évangélique.
La Conférence des évêques a rappelé récemment son opposition à plusieurs articles : l’adoption par les couples homosexuels, la gestation pour autrui et la parentalité élargie.
“Il est contraire à l’éthique de reconnaître comme appropriée la ‘gestation solidaire’, lorsqu’une femme qui porte un enfant dans son ventre pendant neuf mois doit le remettre à d’autres immédiatement après la naissance”, ont notamment dénoncé les évêques.
“Je suis chrétienne, j’ai d’autres conceptions (que le Code), je n’accepte pas cela”, abonde Zulika Corso, une enseignante de 65 ans.
Pendant plusieurs mois, le texte a fait l’objet d’une vaste consultation populaire avec 79 000 réunions de quartiers, consultation qui a conduit à la modification de 48 % du texte, selon les médias officiels.
Cependant, le caractère élargi du texte comptant plus de 500 articles pourrait alimenter le vote négatif ou l’abstention, certains électeurs se disant par exemple favorables au mariage égalitaire, mais opposés à l’adoption.