Agression d’enseignants en milieu scolaire: Des peines plus sévères réclamées pour les coupables…



  • Tengur réclame l’installation de caméras de surveillance
  • Violence, agression et ‘laguer mari’ par des filles âgés de 10 ans à 12 ans au menu.
  • La ministre Dookhun-Luchoomun rassure le corps enseignant

« Les enseignants font un travail extraordinaire et il faut les protéger » 

La police d’Abercombie et la Criminal Investigation Division du nord de Port-Louis ont fait le nécessaire depuis la semaine dernière pour faire avancer l’enquête entourant l’agression de l’assistant maître d’école d’un faubourg de la capitale. Ainsi, le mardi 11 octobre, sept personnes, comptant quatre femmes et un mineur, ont été interpellés dans le cadre de cette affaire. Alors que l’enquête se poursuit, des parents d’élèves ont levé la voix pour déplorer le désordre qui règnent dans cet établissement scolaire public.  Et cela tout en pointant du doigt, l’incompétence, le manque de leadership de la direction de l’établissement jugé trop laxiste vis-à-vis des élèves et des parents.

Quelques professeurs et personnel non enseignant avaient déjà évoqué dans le passé, leur écœurement et leur dégoût pour travailler dans cette école primaire. Ils ont soulevé à plusieurs reprises l’environnement chaotique dans lequel enfants et parents se comportent comme bon leur semble et ceci au vu et au su des employés de l’établissement. Pour la plupart, la faute revient à la direction qui ne peut ou qui n’a pas la capacité de faire régner l’ordre. Or, l’agression de l’assistant maitre d’école est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dcs élèves à peine âgé de 10 ans à 12 ans terrorisent l’établissement sans que la direction ne pipent mot. Comme Ponce Pilate, elle a promis de s’en laver les mains.

Agresser dans une salle de classe

Alors que le monde célébrait la journée mondiale des enseignants, le 5 octobre 2022, l’assistant maitre d’école de cette institution primaire, lui, n’était pas dans une humeur de fête. Après avoir été injurié, menacé, battu et humilié devant ses élèves, il a dû prendre un temps de repos pour se remettre de l’embuscade pour ne pas dire le guet-apens dans lequel, il a été victime. Avant cela, l’homme de 55 ans, qui habite dans une localité de la capitale, a dû être hospitalisé à l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis, pour y recevoir des soins après avoir pris une forme 58. Il a également obtenu cinq jours d’arrêts de maladie.

Cependant, c’est dans la soirée du dimanche 02 octobre que ce Portlouisien a porté plainte à la police. Il a décidé de lever le voile sur cette journée fatidique. Le quinquagénaire a expliqué que le vendredi 30 septembre, il était dans une classe de grade 3 lorsqu’il a été appelé dans le bureau du maitre d’école. Et là, il y avait quatre femmes et deux hommes. Le maitre d’école devait alors dire à ce groupe, «ala missie la là». L’homme a alors commencé à crier et à l’injurier le professeur sans vouloir l’entendre. Cet individu a pointé son doigt en ma direction en me disant, «sorti deor mo pou kas… ».

Les quatre femmes, qui étaient en compagnie de cet homme, auraient aussi commencé à l’insulter. Elles étaient hostiles, selon la déclaration du plaignant.  Peu après, il a entendu une voix, «missie … zot pe rey ou loto». Sur le balcon du premier étage, il a pu voir un jeune homme, qui était près de son véhicule. Un enseignant a tenté de l’empêcher. L’assistant maitre d’école dit avoir retiré son téléphone cellulaire pour filmer la scène, c’est alors que cet individu lui a proféré des menaces. Il dit s’être enfermé dans une classe avec deux enseignantes en présence des élèves. Ce jeune homme a fait son entrée brutalement dans cette classe et a commencé à lui infliger des coups à son arcade sourcilière gauche.

Dans la plainte, le professeur a expliqué qu’il a essayé de se défendre, mais qu’un autre homme lui aurait asséné plusieurs coups de poing et de pied sur le corps. Ce dernier aurait aussi déchiré sa chemise. Le quinquagénaire, qui compte 33 ans de service et qui travaille dans cette école du gouvernement depuis 2018, a ajouté qu’après leur départ, il est descendu pour voir sa voiture. Là, il est tombé des nues : sa roue était dégonflée et il y avait une rayure sur la partie gauche. La police est arrivée et l’a escorté jusqu’à Vallée-des-Prêtres pour sa sécurité.

Sept interpellations

Après la plainte, une enquête a été initiée pour « assaulting an officer of a civil authority ». La police a pu mettre la main sur les sept personnes soupçonnées  d’avoir fait irruption dans l’école primaire. Les sept personnes habitent le même faubourg où se situe l’école. Parmi elles, il y a quatre femmes et un mineur. Le mineur de 17 ans a avoué sa participation à l’agression. Il n’a pas été arrêté en attendant le rapport d’évaluation du bureau de probation. Les six autres personnes ont été autorisées à rentrer chez elles, après qu’elles aient été interrogées. Elles ont nié l’accusation de l’assistant-directeur, mais ont confirmé leur présence à l’école.

Déposition contre la maitresse d’école

Les sept habitants ne sont pas les seuls à avoir fait l’objet de plainte dans cette affaire. Selon des informations, le quinquagénaire aurait également fait une déposition contre la maitresse d’école qui, selon lui, au lieu de protéger ses employés, aurait rendu la tâche plus facile afin que les agresseurs puissent passer à l’acte et cela sans intervenir.

D’autre part, les langues se délient. On raconte que le désordre règne dans l’établissement. Des parents d’élèves ont contacté Le Xournal pour raconter le chaos et indiscipline flagrant qui subsistent dans l’enceinte de l’école pendant les heures de classe ou la récréation. Selon ces personnes, violence, agression et ‘laguer mari’ par des filles âgés de 10 ans à 12 ans, animent la cour de l’école, ce en présence des écoliers. Alors que certains parents entrent et sortent à leur guise, dans la cour de cet établissement.  Certains parents déplorent qu’aucune action et mesure de la part de la direction n’est prise. « Coumadir pe lav lamé », précisent-ils. Ils demandent ainsi l’intervention du ministère de l’éducation pour rétablir la situation.

Par ailleurs, des enseignants de l’établissement craignant pour leur sécurité ne sont pas entrés en classe dans la matinée du lundi 3 octobre. Ils souhaitaient une réaction des autorités pour davantage de sécurité. Un inspecteur fut alors dépêché sur les lieux et a passé un savon à la maitresse d’école. Des nouvelles visites sont prévues la semaine prochaine. D’autant qu’aucune sanction ne serait prise contre les élèves qui débitent des jurons à longueur de journée.

Sécurité et ordre

Vu la situation, le thème de la sécurité pour les enseignants a été au cœur d’un débat radiophonique, dans l’émission au Cœur de l’Info sur Radio Plus, le mercredi 12 octobre. Plusieurs acteurs du monde syndicale scolaire ont évoqué le problème de violence qui perdure depuis bien trop longtemps envers le corps professorat. Les invités ont parlé des failles qui subsistent dans les systèmes scolaires et se sont penchés sur quelques idées pour éviter que d’autres enseignants ne se retrouvent victime de brutalité ou d’agression.  Il est clair que seul un durcissement des peines contre les coupables peut amener une solution dans cet épineux problème.

Anand Seewoosungkur, qui est intervenu en sa qualité de président de la Mauritius Head Teachers’ Association et d’ex-enseignant s’est montré catégorique. Il affirme que les enfants montrent de plus en plus de signes d’agressivité et que cela est souvent cautionné, influencé voir encourager par les parents. Selon lui, le parent d’un élève ne devrait pas pouvoir entrer dans une école et aller rencontrer directement un enseignant « il faut établir une procédure et un protocole pour assurer la sécurité des enseignants »,

Le Dr Michael Atchia, pédagogue, soutient lui qu’il faut une nouvelle pédagogie. Pour lui, ce qu’il faut surtout, c’est davantage de dialogue mais aussi et surtout un arbitrage pour tenter une réconciliation. « La réponse est dans la réforme du système éducatif. C’est nécessaire car tel qu’il est dans sa forme actuelle, il ne répond pas aux besoins de l’élève », a souligné Michael Atchia. Il est convaincu que le système éducatif doit pouvoir préparer l’enfant à vivre en 2030 et en 2040 et pas seulement à traverser 2022. Il a mis en exergue l’importance d’une égalité entre les trois partenaires que sont l’élève, le parent et l’enseignant pour une relation amicale de travail et de dialogue.

Manishwar Purmanund, président de la PTA de la James Toolsy School, à Curepipe, a ajouté que cette entente entre enseignants et parents doit généralement se faire à travers la Parents-Teachers’ Association (PTA). Il a indiqué que parents et enseignants devraient s’engager davantage pour une meilleure collaboration. « Le respect doit venir de tout un chacun. Le plus important est la responsabilité du parent et celle de l’enseignant » a-t-il fait comprendre.

Pour sa part, Preety Ramjuttun, enseignante et ex-président de la Government Secondary School Teachers Union, soutient qu’un Discipline Master pourrait être d’une aide cruciale pour faire régner l’ordre au sein des établissements scolaires.

Garantie de Leela Devi Dookhun

La vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, n’est pas insensible à ce qui se passe dans les écoles. Dans une réaction à la presse, elle a confié que la sécurité sera renforcée dans certains cas. « Les enseignants font un travail extraordinaire et il faut les protéger. Dans nos écoles, nous demandons que les gens ne puissent pas entrer sans permission ou sans rendez-vous. Il y a déjà des Security Officers dans des écoles à risque. Là où nous sentons qu’il y a un besoin, nous allons faire le nécessaire ».

La No 3 du gouvernement sera face a la presse ce samedi.

HORS TEXTE

La mésaventure d’Atish Cooshna

Autre cas de violence entre le corps enseignant : Le 4 octobre 2022, tout juste après l’heure du déjeuner, le parent d’un élève est entré dans l’enceinte d’un collège des hautes Plaines-Wilhems. Sans demander des explications, il s’est mis à frapper l’un des enseignants qui a puni son fils, à la suite d’un mauvais comportement. « II m’a frappé deux fois au visage à l’aide d’un casque de moto. Puis il m’a donné une claque, sans compter des insultes et des menaces de mort » a raconté le professeur de 37 ans.

Ce dernier qui compte une dizaine d’année d’expérience dans le professorat est encore sous le choc. Pour lui, cette situation aurait pu être plus grave si une autre arme avait été utilisée à la place du casque. Atish Cooshna dit avoir quand même nécessité des soins à l’hôpital de Rose-Belle. Le prof nie les allégations du parent qui l’accuse d’avoir frappé son enfant.

Une assistante maîtresse d’école porte plainte pour agression contre un parent

Cette semaine, encore une plainte, a été enregistrée pour agression en milieu scolaire. Il s’agit d’une assistante maîtresse d’école d’un établissement se trouvant au Morne dans le sud-ouest du pays. L’assistante maîtresse d’école a porté plainte à la police contre le parent d’un élève, qui l’aurait suivi jusqu’à dans sa salle de classe pour l’agressée physiquement.

Dans sa plainte, l’assistante maîtresse d’école, a expliqué que mère de l’étudiant en question lui aurait reproché d’avoir tenu des propos désobligeants envers son enfant. Ainsi, elle est venue pour régler des comptes. La prof a reçu des soins à l’hôpital après l’incident. Une enquête policière a été initiée. La police a débarqué chez la mère de famille pour l’interpeller le jeudi 13 octobre mais elle n’était pas à son domicile. L’enquête se poursuit.

 

Posted by on Oct 15 2022. Filed under Actualités. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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