Sommet du G20 en Indonésie
Dialogue mais aucune détente réelle entre Joe Biden et Xi Jinping
Après environ trois heures d’entretien entre les deux dirigeants, les divergences profondes demeurent. Taïwan reste une ligne rouge pour Pékin, qui persiste à qualifier la situation en Ukraine de « crise ».
Poignée de mains, sourires. Le président américain, Joe Biden, et son homologue chinois, Xi Jinping, se sont enfin rencontrés, lundi 14 novembre, à Bali, où ils s’apprêtaient tous deux à participer, les 15 et 16 novembre, au sommet du G20. « Nous avons passé beaucoup de temps ensemble du temps où nous étions tous les deux vice-présidents, et c’est un vrai plaisir de vous revoir », a amorcé Joe Biden à Xi Jinping, en retrouvant ce dernier dans l’hôtel où il réside. « Nous devons définir la bonne trajectoire pour la relation sino-américaine. Nous devons trouver la bonne voie pour que cette relation bilatérale aille de l’avant et s’élève », a assuré, pour sa part, Xi Jinping.
A la différence de leur entourage, les deux dirigeants ne portaient pas de masque, au fil de plus de trois heures d’entretien, le premier « en présentiel » dans leurs fonctions respectives. Si les divergences de fond demeurent, chacun a fait assaut de bonne volonté. Sans attendre la fin de la rencontre, le ministère des affaires étrangères chinois avait rendu publiques quelques phrases de Xi Jinping supposées marquer l’état d’esprit du dirigeant. Celui-ci jugeait que « l’état actuel des relations sino-américaines ne correspond ni aux intérêts fondamentaux des deux pays et des deux peuples ni aux attentes de la communauté internationale ».
« Nous partageons, à mes yeux, la responsabilité de montrer que la Chine et les Etats-Unis peuvent surmonter leurs différences, éviter que la concurrence ne tourne au conflit », a déclaré à son tour Joe Biden. « Nous pouvons trouver des moyens pour travailler ensemble sur des problématiques mondiales urgentes qui exigent que nous coopérions », a-t-il ajouté en faisant allusion à la lutte contre le changement climatique ou à l’insécurité alimentaire. Après l’entretien, le président américain a répété qu’il ne souhaite pas une « une nouvelle guerre froide » avec la Chine. Si aucun communiqué commun n’a été diffusé, les contacts bilatéraux doivent se poursuivre sur tous les sujets de frictions, ont convenu les deux dirigeants.
Le président américain, Joe Biden, a déclaré lundi avoir expliqué à son homologue chinois, Xi Jinping, que les Etats-Unis renforceraient les moyens mis en oeuvre pour protéger leurs alliés en Asie si Pékin ne parvenait pas à freiner le programme nucléaire de la Corée du Nord.
De son côté, Xi Jinping a déclaré dans un communiqué que Taïwan était “la première ligne rouge” à ne pas franchir dans les relations entre Pékin et Washington, ont rapporté des médias officiels chinois.
Joe Biden a expliqué avoir tenté de rassurer son homologue sur le fait que la politique américaine concernant Taïwan n’avait pas changé. “Je ne crois pas qu’il y ait une tentative imminente, de la part de la Chine, d’envahir Taïwan”, a-t-il ajouté devant les journalistes.
Il a expliqué que si Pékin n’était pas en mesure de freiner la Corée du Nord les Etats-Unis feraient davantage pour protéger leurs alliés dans la région, estimant que Pékin devait tenter de convaincre Pyongyang de renoncer à procéder à un septième essai nucléaire tout en précisant ne pas être certain que la Chine soit en mesure d’y parvenir.
Les deux présidents se sont accordés sur la mise en oeuvre d’un mécanisme permettant des communications plus régulières et le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, se rendra en Chine pour assurer le suivi des discussions, a ajouté Joe Biden. Cette visite à Pékin pourrait avoir lieu dès le début de l’an prochain, a précisé un haut responsable du département d’Etat à Washington.
Réaction russe
Également présent à Phnom Penh, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé lundi Washington de vouloir militariser la région pour limiter l’influence de Pékin. « Les États-Unis et leurs alliés, ainsi que l’OTAN, essayent de conquérir l’Asie-Pacifique », a déclaré aux journalistes le ministre des Affaires étrangères. « Ils envisagent une militarisation de cette région visant clairement à contenir la Chine et limiter les intérêts russes dans la région », a-t-il insisté. Sergueï Lavrov représentera ensuite le président russe Vladimir Poutine au sommet du G20 en Indonésie, officiellement absent pour des questions d’agenda. Pas inscrite dans le programme du sommet, la guerre en Ukraine est néanmoins en tête des préoccupations des dirigeants mondiaux de par son impact sur les marchés alimentaires et énergétiques. Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé le G20 à se concentrer sur les questions économiques à l’origine de la création de ce format réunissant les grandes économies mondiales plutôt que sur les sujets de sécurité relevant de l’ONU.
La Russie devrait être sous pression pour étendre un accord permettant l’exportation de céréales et engrais par les ports de la mer Noire, qui parvient à expiration le 19 novembre. Au minimum, Joe Biden et ses alliés veulent obtenir du G20 un message clair à Vladimir Poutine sur le fait qu’un conflit nucléaire est inacceptable. Mais même sur ce sujet, le rapprochement entre la Chine et la Russie pourrait rendre un message commun avec les Occidentaux inatteignable. Le pays hôte du G20, l’Indonésie, a tout fait pour préserver les équilibres, ne voulant favoriser ni la Chine ni les États-Unis et a résisté aux pressions occidentales lui demandant d’exclure la Russie. Mais Djakarta n’est pas optimiste sur les chances d’un accord débouchant sur un texte commun à l’issue du sommet.