Livaković, héros et tous ses gants
Tout d’abord, expédions les chiffres. Oui, lundi soir, debout sur l’une des deux lignes de but du stade Al-Janoub, à Al Wakrah, Dominik Livaković a défoncé les portes de l’histoire et est devenu, à 27 ans, le premier gardien auteur de deux arrêts sur les deux premières tentatives adverses d’une séance de tirs au but de Coupe du monde. Gourmand, il en a ajouté ensuite une troisième dans son sac, ce qui lui a permis de rejoindre Ricardo et Danijel Subašić sur l’étagère des portiers ayant réussi l’exploit d’éteindre trois bougies lors d’une même séance en Mondial. Bon à savoir pour briller en société : avant cette soirée qatarie, où la Croatie a écarté le Japon de la route des quarts de finale après plus de 120 minutes de baston, Livaković n’avait jamais stoppé le moindre penalty avec le maillot de sa sélection sur le dos (dans sa carrière, il en a sauvé 14 sur 54). « Il a été merveilleux aujourd’hui, est pourtant venu saluer le sélectionneur des Samouraïs bleus, Hajime Moriyasu, après la rencontre. À mes yeux, une séance de tirs au but est un mélange de chance et d’entraînement, et il est clair que c’est un point que nous devons travailler. Je veux quand même saluer le courage des joueurs qui sont allés se présenter et ont assumé cette immense pression. Je leur ai demandé de choisir eux-mêmes les tireurs, ils l’ont fait ,et ce qui est arrivé est arrivé, même si cela ne doit pas faire oublier tout ce qu’on a fait durant cette Coupe du monde. Ces joueurs ont prouvé qu’ils avaient leur place sur une aussi grande scène. »
Un ancien étudiant en relations internationales
Puis, Zlatko Dalić s’est pointé, a salué la qualité d’un Japon qui aura posé « d’énormes et différents problèmes » à ses hommes, et s’est ouvert sur la performance de celui qui est son numéro 1 depuis le printemps 2019 : « Il a été insurmontable. On s’est entraînés aux tirs au but hier, et je dois dire qu’il a sorti plusieurs parades, donc quand la séance a commencé, j’étais plutôt confiant, mais ce qu’il a fait ce soir est exceptionnel, à la hauteur de ce qu’a fait Danijel en Russie. » Voir briller en Coupe du monde un homme qui, après avoir grandi au milieu d’une famille d’intellectuels (son père a un temps été secrétaire d’État du ministère de la Mer, des Transports et des Infrastructures de Croatie, et sa mère est prof d’anglais), a étudié il y a quelques années les relations internationales a pourtant quelque chose de logique. C’est aussi une confirmation pour un type qui a été plus que performant dans le but du Dinamo Zagreb lors de la dernière phase de poules de Ligue des champions, avant de confirmer dans une défense qui n’a jusqu’ici craqué que deux fois dans ce Mondial. Face au Japon, Livaković ne s’est d’ailleurs pas contenté d’installer un fauteuil dans les têtes adverses pour la séance de tirs au but. Il s’est aussi offert deux superbes parades (58e, 105e) et a été le symbole d’une Croatie qui a su progressivement calmer les transitions offensives brutales d’une troupe de Samouraïs bleus qui a brillé pendant un peu plus de 45 minutes. Les Vatreni ont ensuite bouclé leur entrée de deuxième tour de la même manière qu’en 2018. On connaît la suite : ces mecs sont définitivement faits d’un autre bois.