L’Argentine file dans le dernier carré et élimine les Pays-Bas à l’étouffée
Buts : Weghorst (83e, 90e+10) pour les Pays-Bas // Molina (35e) et Messi (74e, SP) pour l’Argentine.
C’était un dîner pour les braves, un rendez-vous pour serviettes nouées et tripes solidement attachées. Un Pays-Bas-Argentine n’étant par définition pas un match pour les cardiaques, celui-ci n’aura pas dérogé à la règle et est entré les cornes en avant tout en haut des matchs de ce Mondial au bout de trois heures angoissantes. L’Argentine pensait pourtant l’affaire réglée au bout de 75 minutes, mais c’était compter sans Weghorst, Emiliano Martínez, et ce petit surplus de folie qui a enseveli Doha, vendredi soir.
Messi appuie sur l’interrupteur, Molina s’allume
Avant les premières rafales, on a pourtant d’abord regardé 22 types échanger poliment durant une bonne vingtaine de minutes, Lionel Scaloni ayant choisi de grimper dans ce quart de finale de Coupe du monde en installant un système – un 3-5-2 – qui est parfaitement venu se caler sur l’animation posée depuis le début du tournoi par Louis van Gaal. Ainsi, l’Argentine et les Pays-Bas se sont vite annulés, et on a alors compris que seule une prise d’initiative individuelle allait potentiellement pouvoir pimenter le débat. Tous les regards se sont donc rapidement tournés vers un homme qui a chanté l’hymne national de son pays les yeux fermés, mais qui ne s’est pas fait prier pour les rouvrir afin d’effacer Marten de Roon sur un pas et appuyer une première fois sur l’interrupteur (22e). Si le premier coup de fusil de Messi n’a pas touché la cible gardée par Noppert, Rodrigo de Paul est venu réveiller le portier batave peu après la demi-heure de jeu (33e) après une bonne remise de son capitaine qui a ensuite allumé une bougie et éclairé le visage d’un Nahuel Molina solide pour inscrire son premier but international sous le nez de Van Dijk (0-1, 35e). Dans la foulée, Lionel Messi a, lui aussi, cadré une tentative, ce que les Pays-Bas n’ont pas réussi à faire une seule fois lors d’un premier acte équilibré malgré une bonne situation pour Bergwijn (24e).
La cape de Martínez
Muet depuis le début de son Mondial, l’attaquant de l’Ajax a été gobé par son Pélican de sélectionneur lors de la pause, tout comme De Roon, et les Pays-Bas sont revenus avec un poil plus d’intention dans leur pressing, ce qui n’a pas empêché l’Argentine, parfaitement organisée sans ballon, de se faufiler entre les mailles orange en transition. Messi a évidemment continué de bomber le torse et est même passé à deux doigts de coller une lucarne à Noppert sur coup franc (63e). Piqué, Van Gaal a chiffonné son schéma pour passer en 4-2-3-1 avec Luuk de Jong en pointe à 25 minutes de la fin, mais ses bonshommes ont cédé une seconde fois après une faute de Dumfries sur Acuna qui a fait tomber un penalty sur le pied gauche de Messi (0-2, 74e). La fin de repas n’aurait ensuite pu être que gestion pour Scaloni, qui a commencé à ranger quelques armes, mais le buffle Wout Weghorst, entré sur les planches à la place de Depay, a filé un petit remontant de la tête à son gang (1-2, 83e) avant que Berghuis ne vienne canarder le petit filet extérieur droit d’Emiliano Martínez (85e). Comme face à l’Australie, l’Argentine s’est alors mise à trembler et, pour embraser le tout, Leandro Paredes a fusillé le banc hollandais après deux tacles posés dans une ambiance incandescente. Puis, elle a fini par céder sur un coup franc malicieusement joué par Berghuis sur Weghorst (2-2, 90e+10). Les digestifs ont été sortis sur la table : la nuit pouvait se prolonger.
D’un coup, les teints sont devenus blafards, les jambes molles et les intentions frileuses. Entre les frissons, Lionel Messi a quand même pris un Timber dans le buffet, mais autrement, peu de choses ont d’abord été à se glisser dans le gosier, si ce n’est deux éclairs du capitaine argentin – un petit coup franc lobé sur lequel Otamendi a été trop court (105e) et une frappe trop enlevée (110e) – ou un coup de serpe de Pezzella sur Gakpo. Jaloux, Lautaro Martínez a envoyé un ballon dans le cou de Van Dijk (113e), avant que Noopert ne voie Enzo Fernandez (114e), Pezzella (115e), de nouveau Martínez (119e), Messi (120e), Di María (120e) et encore Fernandez (120e) lui sauter à la gorge. En vain. C’est alors qu’Emiliano Martínez a ressorti sa cape de super-héros de la Copa América 2021 et a sauté sur les tentatives de Van Dijk, puis de Berghuis, laissant ensuite Lautaro Martínez propulser l’Argentine dans le dernier carré malgré un raté d’Enzo Fernandez. Furieux, Dumfries a voulu passer sa colère sur des Argentins. Il était déjà trop tard : ils volaient.