2023, l’année de la guerre froide pour les semi-conducteurs ?
L’année 2023 s’annonce pleine de nouveaux défis internationaux, parmi lesquels les semi-conducteurs. Ces puces devenues si vitales pourraient bien provoquer des frictions entre les grandes puissances.
La crise de la COVID a été pour de nombreux pays le révélateur de liens de dépendance incompatibles avec une souveraineté forte. L’un des produits qui a le mieux illustré ces manquements a été le semi-conducteur, en pénurie pendant plus de deux ans. Même si l’offre est meilleure en cette fin d’année, notamment du fait du ralentissement de l’économie mondiale, ces puces pourraient être en 2023 à l’origine de tensions géopolitiques.
Le CHIPS Act, un nouveau « America is back » ?
Il faut dire que les investissements à venir sont colossaux, à l’image du fameux CHIPS and Science Act américain. Avec la signature le 9 août dernier de cette loi, les États-Unis entendent redevenir le premier producteur de semi-composants au monde et inverser une tendance vieille de plusieurs décennies. En 1990, ils assuraient 37 % de la production mondiale de semi-conducteurs, contre 13 % actuellement. Un chiffre beaucoup trop bas au goût de Washington.
C’est ainsi une loi aux proportions démesurées, et bénéficiant d’un soutien bipartisan, qui a vu le jour cet été. Elle va disposer d’une enveloppe totale de 280 milliards de dollars destinée à soutenir le développement de technologies de pointe comme l’intelligence artificielle, les nanotechnologies ou l’informatique quantique. Mais dans ce trésor, ce sont bien les semi-conducteurs qui se taillent la part du lion, avec une part exclusive de 52,7 milliards de dollars, divisée entre des subventions à la production sur les 5 ans à venir (39 milliards), et le financement de la R&D et de la formation (11 milliards).
Les résultats sont déjà là. Selon la Semi-conductor Industry Association (SIA), le CHIPS Act aurait ainsi été à l’origine de plus de 40 projets d’investissement aux États-Unis qui représenteraient plus de 200 milliards de dollars. De quoi se mettre dans une position plus confortable face à la Chine.