Accident de trains en Grèce : le chef de gare a avoué une « erreur »
Au moins 47 personnes ont perdu la vie après qu’un convoi de marchandises et un train de passagers se sont percutés frontalement en Grèce, mardi 28 février.
La Grèce a connu l’un des plus graves accidents ferroviaires de son histoire avec la collision frontale entre un train de passagers et un convoi de marchandises, le mardi 28 février au soir. Le sinistre, qui s’est produit près de la vallée de Tempé en Thessalie, sur la principale voie ferroviaire reliant Athènes à Thessalonique, a fait au moins 47 morts, selon un dernier bilan provisoire, jeudi.
Le chef de gare, mis en cause dans l’accident, « a avoué une erreur », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Yiannis Oikonomou, jeudi. « Je pense que la négligence, l’erreur a été avouée par le chef de gare lui-même », a-t-il indiqué. Quelques minutes plus tard, l’avocat du chef de gare a confirmé qu’il « reconnaît ce qu’il a fait ». Cet homme de 59 ans est poursuivi pour « homicides par négligence » et « lésions corporelles involontaires ». S’il est reconnu coupable, il encourt la prison à vie.
Le train Intercity avec 342 passagers et 10 employés à son bord est entré en collision frontale avec un convoi de fret effectuant le trajet inverse et se trouvant sur la même voie, selon les premiers éléments de l’enquête. Un incendie s’est alors déclenché : les deux locomotives ont été détruites et les trois premiers wagons du train de passagers ont déraillé, pulvérisés dans le choc. Les conducteurs de deux trains ont été tués sur le coup.
Au moins 46 personnes ont été tuées, dont la majorité se trouvait dans les premiers wagons, selon un bilan de la Protection civile. Des dizaines d’autres ont été blessées. Un grand nombre de passagers se trouvait être des étudiants qui rentraient à Thessalonique après un week-end prolongé en Grèce.
Des images « apocalyptiques »
Des équipes de pompiers et de secouristes arrivés sur place ont fait état de scènes « apocalyptiques ». « Une fois arrivées sur les lieux de la catastrophe, nos équipes se sont retrouvées dans un paysage apocalyptique », a ainsi raconté mercredi Yiannis Goulas, le président du syndicat des employés des premiers soins (Ekav) sur la chaîne de télévision publique ERT.
« Des personnes couvertes de sang couraient partout en demandant de l’aide. Des gens jonchaient les champs après avoir été éjectés des fenêtres brisées », a-t-il ajouté.
Les images des wagons calcinés dans un enchevêtrement de pièces métalliques et de fenêtres brisées étaient diffusées en direct par des médias. D’autres wagons moins endommagés étaient renversés sur le côté tandis que des secouristes utilisaient des échelles pour tenter de dégager des survivants à l’aide de deux immenses grues.
Les excuses du nouveau ministre des Transports
Plus tôt dans la journée, le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, qui s’est rendu sur les lieux, a déclaré que « tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine ». Par ailleurs, le ministre des Transports, Kostas Karamanlis, a présenté sa démission.
Le nouveau ministre grec des Transports, Giorgos Gerapetritis, a présenté jeudi ses excuses aux familles des victimes de l’accident de train survenu mardi soir et qui a fait 46 morts, selon un bilan provisoire. « Je voudrais avant tout présenter mes excuses aux familles des personnes qui ont perdu la vie tout en faisant une autocritique complète du système politique et de l’État », a-t-il déclaré alors que de graves défaillances du réseau ferroviaire sont pointées du doigt.
Des excuses qui n’ont pas calmé les ardeurs des 700 personnes, selon la police, qui se sont rassemblées jeudi soir devant le siège de la compagnie grecque des chemins de fer Hellenic Train à Athènes pour protester contre les défaillances qui ont conduit à l’accident de trains meurtrier mardi soir.
Les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des 47 personnes, dont de nombreux jeunes, qui ont trouvé la mort dans cette collision frontale entre deux trains dans le centre de la Grèce, a constaté l’Agence France-Presse.
Un réseau ferroviaire à l’agonie
Le secteur public ferroviaire en Grèce, dont les défaillances sont pointées du doigt après l’accident, connaît « des faiblesses chroniques », a admis jeudi le porte-parole du gouvernement Yannis Oikonomou. « Les retards (pris dans la modernisation des chemins de fer) trouvent leur origine dans les pathologies chroniques du secteur public grec, dans des décennies de faiblesse », a-t-il souligné au cours d’un point-presse.
La polémique enfle sur l’état du réseau ferroviaire grec, dont certains experts disent qu’il est vétuste. Le réseau ferroviaire est traditionnellement peu développé et obsolète, les Grecs bénéficiant d’un maillage dense de liaisons par autocars. Le président de l’union des conducteurs de train, Kostas Genidounias, affirme que « tout se fait manuellement, les systèmes électroniques ne fonctionnant plus depuis 2000 ».
En 2017, la société des chemins de fer grecs (Trainose) avait été achetée par la société italienne publique Ferrovie Dello Stato Italiane (FS) dans le cadre d’un vaste programme de privatisations décidé par les créanciers de la Grèce au cours de la décennie de la crise financière (2009-2019). Contacté par l’Agence France-Presse, FS n’a pas fait de commentaires dans l’immédiat.