La Banque nationale helvétique vole au secours de Credit Suisse
Credit Suisse s’est effondré en Bourse mercredi, touché par les inquiétudes du secteur bancaire liées à la faillite de la banque américaine SVB et après que son principal actionnaire a exclu de le sauver en cas de difficultés. La banque helvète a finalement annoncé jeudi un emprunt à court terme de jusqu’à 50 milliards de francs suisses à la banque centrale du pays.
Credit Suisse a annoncé jeudi 16 mars un emprunt à court terme allant jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) à la banque centrale suisse, au lendemain d’une journée cauchemardesque pour la deuxième banque du pays qui s’est effondrée en Bourse.
“Ces mesures constituent une action décisive pour renforcer le Credit Suisse, alors que nous poursuivons notre transformation stratégique afin d’apporter de la valeur à nos clients et aux autres parties prenantes”, a déclaré le directeur général de la banque, Ulrich Körner, cité dans un communiqué.
La banque a parallèlement annoncé une série d’opérations de rachat de dette pour environ 3 milliards de francs suisses.
L’action de la banque, en proie à de grandes difficultés, a essuyé ce mercredi la pire chute de son histoire. Ce qui a créé un vent de panique à Zurich. Le Credit Suisse, en difficulté depuis des années après une série de coûteux scandales, tangue dangereusement, faisant potentiellement peser des risques sur l’ensemble du secteur bancaire.
La deuxième banque helvétique a connu mercredi une véritable descente aux enfers boursière, perdant en séance plus de 30 % de sa valeur avant de clôturer en baisse de 24,24 % à 1,69 franc suisse. Du jamais-vu. La chute vertigineuse du maillon faible de la finance suisse, qui n’est plus valorisé en Bourse que 6,8 milliards de francs suisses, a fait chuter les valeurs bancaires. À Paris, Société générale a plongé de 12,18 % et BNP Paribas de 10,11 %, alors que le CAC 40 abandonnait 3,58 %.
C’est le premier actionnaire de Credit Suisse, la Saudi National Bank qui a mis le feu aux poudres. Le président de la banque saoudienne qui a volé au secours de l’établissement helvétique en novembre, a déclaré à l’agence Bloomberg qu’il ne comptait «absolument pas» investir davantage.
La Banque centrale suisse (BNS) et le gendarme des marchés financiers suisses tentent de rassurer les marchés en affirmant que Credit Suisse “satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités”. Elles ajoutent dans un communiqué commun être prêtes à mettre des liquidités à disposition “en cas de besoin”.
“Le Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d’importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à la disposition du Credit Suisse”, affirment la BNS et la Finma dans un communiqué commun.
Credit Suisse a dit “saluer cette déclaration de soutien”.
Les deux régulateurs du secteur bancaire sortent d’un long silence au terme d’une journée qui a vu la valeur en bourse de Credit Suisse tomber à moins de 7 milliards de dollars et son action chuter à un plus bas historique à 1,55 franc suisse.
Une chute brutale déclenchée par le principal actionnaire de Credit Suisse, la banque nationale saoudienne qui a indiqué qu’elle ne mettrait pas plus d’argent au pot, mais surtout pour des raisons règlementaires.
Pas de risque de contagion
Le président de la banque nationale Ammar al-Khudairy a eu beau ajouter qu’il était très content du programme de restructuration de la deuxième banque suisse, qu’il juge très solide, le mal était fait et les investisseurs ont vendu à qui mieux mieux.
Pour la BNS et la Finma, “les turbulences actuelles sur le marché bancaire américain ne suggèrent pas qu’il existe un risque de contagion directe pour les établissements suisses”.
“Les réactions du marché ont particulièrement pesé sur la valeur boursière et sur le cours des titres de créance du Credit Suisse ces derniers jours”, soulignent les deux régulateurs.
“La Finma est en contact très étroit avec la banque et dispose de toutes les informations pertinentes du point de vue du droit de la surveillance”, souligne encore le communiqué commun.
“La BNS et la Finma suivent de très près les évolutions et sont aussi dans ce contexte en contact étroit avec le Département fédéral des finances afin d’assurer la stabilité financière”, souligne le communiqué.