Le chanteur américain Harry Belafonte est mort à 96 ans



Il est un militant majeur des droits civiques aux Etats-Unis

Harry Belafonte, grand chanteur afro-américain surnommé “le roi du calypso”, est mort mardi à New York à l’âge de 96 ans, a déclaré son agente à l’AFP.  Voix de velours et caractère d’acier, Harry Belafonte portait en lui plusieurs pans de l’histoire américaine du XXe siècle.

On le surnommait le “roi du calypso”. Harry Belafonte, grand chanteur afro-américain à la voix envoûtante et physique charmeur est mort mardi à New York à l’âge de 96 ans, a déclaré son agente à l’AFP. “Harry Belafonte est mort ce matin d’une insuffisance cardiaque à son domicile de New York”, sa femme Pamela à ses côtés, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Artiste emblématique d’une époque, avec ses titres “Matilda”, “Day-O”, “Island in the Sun”, “Jamaica Farewell”, “Try to Remember” ou “Coconut Woman”, celui qui était aussi acteur était devenu un militant majeur pour les droits civiques et s’était lié avec Martin Luther King.

Né à New York en 1927 d’un père martiniquais et d’une mère jamaïcaine, George « Harry » Belafonte n’a que 8 ans lorsque sa famille déménage aux Antilles. De retour aux États-Unis en 1940, il s’engage dans la Marine. À son retour, il ouvre un restaurant qui devient bientôt le rendez-vous des chanteurs folk de la ville.

Le Théâtre Noir de Harlem

Revenu aux États-Unis, il entre au Théâtre Noir de Harlem après la guerre et monte plusieurs pièces avec son ami de toujours Sidney Poitier, avant de se lancer dans la musique où son charisme et ses qualités vocales lui réservent un succès rapide, qui sera le tremplin de son engagement contre la ségrégation raciale. Accompagné par le guitariste Millard Thomas, il y crée un répertoire de chansons essentiellement antillaises, qui lui ouvrent la porte vers des engagements dans des hôtels de luxe.

C’est avec une ballade de mento jamaïcain, « Matilda », qu’il signe chez RCA et décroche un premier succès en 1951. Repéré par le réalisateur Otto Preminger, il éblouit au cinéma dans « Carmen Jones » (1954), première pierre d’une élégante carrière d’acteur. En 1955, il enregistre la chanson « Day-O », magnifique adaptation d’un chant d’esclave, qui obtient un succès mondial. L’année suivante, l’album « Calypso » est un triomphe international. Contrairement à l’intitulé (le véritable calypso est originaire de l’île de Trinidad), la plupart de ses chansons sont issues du folklore jamaïcain. En 1957, la vague baptisée calypso déferle sur l’Amérique, si populaire qu’on lui prédit de succéder au rock’n’roll naissant.

Un militant déterminé

Premier acteur noir à jouer une histoire d’amour avec une actrice blanche (« Une île au soleil » de Robert Rossen en 1957), ce géant de près de 2 mètres devient le premier Africain-Américain à produire un show télé et à remporter un Emmy Award, au crépuscule des années 1950.

Lors des décennies suivantes, la star, blacklistée lors de la chasse aux sorcières menée par McCarthy, s’engage sans relâche pour les droits civiques, aux côtés de Martin Luther King Jr. En 1963, il mène campagne pour sortir de prison le pasteur et plusieurs activistes non-violents, et collecte à cette fin l’équivalent d’un demi-million de dollars d’aujourd’hui. « Lorsque les gens pensent au militantisme, ils pensent toujours que ça implique des sacrifices, mais j’ai toujours considéré cela comme un privilège et une opportunité », affirmera-t-il en 2004 lors d’un discours à Atlanta, ville natale de Martin Luther King.

Pas seulement un symbole

Mais le jeune homme ne se contente pas d’être un symbole. Il s’engage auprès de comités étudiants, milite pour les droits civiques et la fin de la ségrégation, et participe activement à l’organisation de la célèbre Marche sur Washington de 1963. Rapidement, il finance la campagne pour les droits civiques et devient un proche de Martin Luther King Jr.

« Lorsque les gens pensent au militantisme, ils pensent toujours que ça implique des sacrifices, mais j’ai toujours considéré cela comme un privilège et une opportunité », affirmait-il en 2004 lors d’un discours à l’université Emory. En 1963, il lève 50 000 dollars, l’équivalent de presque 500 000 aujourd’hui, pour sortir de prison Martin Luther King, à une époque où les artistes empochent des revenus confortables.

« J’aurais pu gagner 2 ou 3 milliards et finir avec une quelconque addiction cruelle, mais j’ai choisi d’être un combattant des droits civiques à la place », expliquait-il dans une interview au Guardian en 2007. Méfiant à l’égard des hommes politiques, il avait rencontré John Fitzgerald Kennedy en 1960, invitant chez lui celui qui était alors candidat à la présidentielle. Il n’avait, au premier abord, pas été convaincu par le sénateur en quête de soutiens, rapportant par la suite que Kennedy « connaissait très peu de choses au sujet de la communauté noire ».

Mais une fois élu, « JFK » le nomme attaché culturel des Peace Corps. Plus tard, en 1987, il sera nommé ambassadeur de bonne volonté de l’Unicef. Il passe du temps en Afrique, notamment au Kenya, et milite contre l’apartheid en Afrique du Sud. En 1988, il dédie son dernier album « Paradise in Gazankulu » à cette cause. Il est le promoteur principal de « We are the World » chanté, en 1985, par 45 artistes américains récoltant des fonds pour lutter contre la famine en Ethiopie.

Il critique Jay Z et Beyoncé

Après s’être opposé à la guerre en Irak, il a accusé, en 2006, le président George W. Bush d’être un « terroriste », ne valant pas mieux, selon lui, qu’Oussama ben Laden. Il prend aussi des positions controversées, se fâchant avec les héritiers de Martin Luther King qui critiquent notamment son admiration pour le Vénézuélien Hugo Chavez, ou reprochant en 2012 au richissime couple noir Jay Z et Beyoncé d’avoir « tourné leur dos aux responsabilités sociales ».

L’artiste dyslexique, qui ne pariait pas sur le succès après avoir abandonné le lycée, servi dans l’armée ou travaillé comme concierge, a été couvert à la fin de sa vie de récompenses prestigieuses. Ainsi, en 2014, l’Académie lui a décerné un Oscar d’honneur car « dès le début de sa carrière il a choisi des projets mettant en lumière le racisme et les inégalités ».

Les années 1980 le voient notamment militer contre l’apartheid en Afrique du Sud, promouvoir le mouvement caritatif « We Are The World » aux côtés de Michael Jackson et Quincy Jones…

Un de ses dernières apparitions publiques remonte à janvier 2017 : Harry Belafonte était invité d’honneur d’une marche des femmes, en protestation contre l’élection de Donald Trump. Marié à trois reprises, Harry Belafonte a eu trois filles et un fils de ses deux premières épouses.

 

 

Posted by on Apr 26 2023. Filed under Actualités, Monde, Opinion. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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