Meurtre du couple Sookur : Cinq suspects arrêtés par la police, passent aux aveux

• Une histoire de vengeance comme toile de fond
• Les complices se renvoient la balle pour désigner le meurtrier
• La bande suspectée d’un autre vol
• Sandrine Rathbonne et Nacir Buckreedun, avouent un second homicide

L’enquête sur le meurtre du casseur Presram Sookur et de son épouse Indira, retrouvés sans vie à leur domicile, le mercredi 20 septembre, est en phase d’être bouclée. Depuis dimanche dernier, cinq suspects dont deux couples, ont déjà été arrêtés dans le cadre de cette affaire. Ces derniers ont avoué leurs participations à ce double crime sordide et ont donné la raison pour laquelle, ils se sont attaqués au couple de retraités. Ils ont également participé séparément à des reconstitutions de faits au courant de la semaine. Ils ont ainsi expliqué en détails les différentes étapes qui ont menées à ce drame. Les cinq ont comparu en Cour sous une charge provisoire de meurtre et demeurent en détention.

Arrestation

Les premiers suspects à être arrêté dans cette affaire sont Cedric Kersley Beegun, employé dans un magasin et âgé de 28 ans et sa compagne Marie Sarah Selvina Bhundoo, âgée de 26 ans. Ces derniers ont été interceptés dans l’après-midi de dimanche dernier par la Major Crime Investigation Team (MCIT) et la Criminal Investigation Division (CID), à Flic-en-Flac, après une course poursuite.

Après la découverte macabre, la police avait visionné les images des caméras du Safe City Network de la région en vue de reconstituer le trajet emprunté par la voiture du couple, de marque Suzuki, et qui a été volée dans sa cour. Au vu des indices collectés sur les lieux du crime, les enquêteurs soupçonnaient depuis le début que les victimes connaissaient en partie leurs agresseurs. L’un des premiers suspects n’était autre que le dénommé Cédric Beegun, qui a été vu au volant d’une voiture de marque Toyota Vitz à Clairfonds une semaine avant le drame. La police a appris qu’il était un ancien locataire des Sookur.

Les enquêteurs ont ainsi pu obtenir des informations sur le véhicule dans lequel le suspect principal se déplaçait. La voiture a été localisée à Flic-en-Flac dans l’après-midi du dimanche 24 septembre 2023. Il s’agissait d’une Toyota Vitz équipée d’un GPS. Les enquêteurs ont pris la voiture en filature et ils ont intercepté le suspect à St-Martin. La police a immédiatement arrêté Cedric Kersley Beegun, qui voyageait avec Marie Sarah Selvina Bhundoo. Soumis à un interrogatoire, il a avoué sa participation au meurtre du couple Sookur. Il a aussi fourni l’identité de ses autres complices. Outre la jeune femme, Jean-Marie Pascal Jacquette, un bûcheron de 37 ans, originaire de Chebel, a été arrêté plus tard dans la même soirée. Il se trouvait à son domicile, lorsque les policiers se sont mis à sa recherche.

Dans l’après-midi de ce mardi 26 septembre, cela a été au tour de Muhamed Nacir Buckreedun, 27 ans, et sa compagne Marie Sandrine Rathbone, 30 ans, d’être arrêtés. Le jeune couple, habitant Pailles a été appréhendé lors d’une opération montée par la Divisional Crime Intelligence Unit et du Field Intelligence Office et, dirigée par l’assistant surintendant de police (SP) Sailesh Omrawoo. Ils avaient été repérés à la rue Edward, à Rose-Hill, non loin d’une banque. A savoir que pendant le week-end, le Passport and Immigration Office avait été notifié que le couple faisait l’objet d’un « arrest upon departure » au cas où il tenterait de fuir le pays.

Passer aux aveux

Tous les cinq suspects arrêtés dans le cadre de cette enquête ont avoué leurs participations dans ce cambriolage qui a conduit au meurtre du couple Sookur. Ils ont chacun été soumis à un interrogatoire serré supervisé par le SP Haymaan Dass Ghoora de la Major Crime Investigation Team. Durant cet exercise, Cedric Kersley Beegun, Marie Sarah Selvina Bhundoo et Jean-Marie Pascal Jacquette, Muhamed Nacir Buckreedun et Marie Sandrine Rathbone, ont révélé distinctement leurs rôles respectifs dans ce cambriolage qui a mal tourné. Les versions ont corroboré à quelques détails près.

La bande a affirmé avoir concocter un plan depuis quelques jours auparavant pour cambrioler la maison des retraités, dans l’après-midi du mercredi 20 septembre et que durant le vol, Presram et Indira Sookur ont été tués. Ils ont aussi raconté qu’après les faits, ils ont emporté de l’argent ainsi que d’autres biens, dont un fusil de chasse, des munitions et la voiture des victimes, une Suzuki Swift, qu’ils ont par la suite abandonnés. D’ailleurs, outre l’argent, qu’ils affirment avoir déjà dépenser, plusieurs objets ont été retrouvés dans les endroits qu’ils ont mentionnés.

Reconstitution des faits

Le lundi matin 25 septembre, les trois premiers suspects arrêtés ont été présentés devant le tribunal de Curepipe. Ils ont été provisoirement inculpés de meurtre. La police s’est opposée à leur remise en liberté mais avant d’être conduit en cellule, Cedric Kersley Beegun et Marie Sarah Selvina Bhundoo ont participé, tour à tour, à une reconstitution des faits. Durant cet exercice supervisé par le surintendant Ghoora de la MCIT, ils ont décrit en détail les événements précédant le meurtre et ce qui s’est passé par la suite.

Ils se sont d’abord dirigés vers Chebel, où le jeune homme a guidé les enquêteurs vers l’endroit où le plan de l’attaque a été élaboré. Puis les suspects ont suivi un itinéraire les menant à Clairfonds. À quelques centaines de mètres de la résidence des victimes, Cedric Kersley Beegun s’est arrêté, expliquant qu’ils avaient passé un appel téléphonique à Presram Sookur à ce moment précis.

L’exercice s’est poursuivi au domicile des retraités. Le jeune homme a montré l’emplacement de chacune des victimes au moment de l’attaque. Il a aussi expliqué comment les deux victimes ont été étouffés à l’aide d’un oreiller. Le suspect a ensuite conduit les policiers à la NHDC de Camp Levieux, où il avait dissimulé le fusil de la victime et les munitions. Ils avaient également caché la voiture sur un terrain vague à Roches-Brunes. Mais après la macabre découverte jeudi soir, ils ont déplacé le véhicule.

Cedric Kersley Beegun a aussi demandé aux enquêteurs de le conduire à Quartier-Militaire, pour leur montrer l’endroit où ils ont caché la voiture. Laquelle a été retrouvée dimanche soir, près du bureau de poste de cette localité. La clé du véhicule avait été jetée à Alma.

Donner une leçon à Presram

Dans son récit à la police, Cédric Kersley Beegun, le principal suspect, qui est également toxicomane, a fait comprendre qu’il serait l’instigateur du cambriolage. Il a expliqué que Presram Sookur lui avait loué un appartement, où il logeait avec sa copine, Marie Sarah Selvina Bhundoo. Dans un premier temps, tout se passait bien. Mais à la suite de contraintes financières, il n’arrivait plus à honorer son loyer. Le septuagénaire lui aurait alors demandé de vider les lieux,  le mois dernier et d’évacuer sa propriété. Le jeune homme a pris cette décision du propriétaire comme un affront, car il estimait que le couple Sookur « pena okenn santiman ek zot rod zis kass ».

Cédric Beegun avance qu’il a été affecté par cet ordre d’évacuation, car il s’est retrouvé sans toit du jour au lendemain. Sans compter que Presram Sookur avait logé une déposition contre lui début septembre pour vol d’un lecteur CD. Il s’est alors confié à Selvina Bundhoo et tous deux ont alors décidé de donner une correction aux Sookur en cambriolant leur maison. Pour perpétrer ces crimes il aurait fait appel à Jean-Marie Pascal Jacquette ainsi que Muhamed Nacir Buckreedun et Marie Sandrine Rathbone.

Le plan

Le plan initial était de cambrioler la maison du couple Sookur pour donner une leçon à Presram. Il avait été comploter plusieurs jours avant au domicile de Jean-Marie Pascal Jacquette, à Chebel. Sachant que le septuagénaire avait été prêteur sur gages et qu’il avait de l’argent, il était question d’entrer dans la maison, séquestrer les retraités et repartir avec de l’argent sans qu’il n’y ait de vague. Mais si la première partie du plan, qui consistait à pénétrer la maison et à verrouiller tous les issus tout en maitrisant les victimes, a été correctement réalisé, la suite de celle-ci a dégénéré. Cela car Presram faisait de la résistance et son épouse Indira a fini par reconnaitre des membres du groupe.

Guet-apens

Ce mercredi 27 septembre, c’est Marie Sandrine Rathbone qui a participé à un exercise de reconstitution des faits. La police la soupçonne d’avoir joué un rôle clé dans cet acte criminel. C’est elle qui aurait pris le rendez-vous pour piéger Presram Sookur. L’habitante de Pailles aurait dit au septuagénaire qu’elle souhaitait lui louer un des appartements qu’il possédait mais la rencontre n’était, en réalité, qu’un guet-apens tendu à ce dernier en vue de cambrioler sa maison.

Lors de l’exercise de reconstitution des faits, Marie Sandrine Rathbone a fait ressortir que le jour de la rencontre, elle s’était présentée au domicile des victimes, alors que son compagnon Mohamed Nacir Bukreedun, ainsi que ses amis Jean Marie Pascal Jaquette, 37 ans, et le couple Cédric Kersley Beegun, 28 ans, et Marie Sarah Selvina Bhundoo, 26 ans, étaient cachés dans le coffre de sa voiture. Le rôle de la jeune femme habitant Pailles, était d’agir comme éclaireuse. Elle a prétexté vouloir se rendre aux toilettes pour s’assurer qu’il n’y avait personne d’autre chez le couple. La voie étant libre, elle a envoyé un message pour que les autres puissent pénétrer la maison et attaquer le couple.

Rapport de force

Ayant obtenu le signal, Cédric Kersley Beegun, a frappé à la porte et Presram Sookur a ouvert. Ses complices ont alors poussé le septuagénaire avant de maîtriser son épouse. Ils les ont sommés de leur remettre de l’argent. Mais, selon les accusés, Presram Sookur a résisté en leur disant : « MRA inn sezi mo kas. » Cela ne les a nullement refroidis. Ils ont fouillé la maison. Ils ont emmené Presram Sookur à l’étage, où ils ont pris Rs 50 000, une montre, un fusil de chasse de calibre 30-60 de la marque Winchester, ainsi que 21 balles.

Le septuagénaire a tenté de se défendre. C’est là que les suspects l’ont agressé, en le frappant au visage. Pour l’empêcher d’alerter le voisinage, les meurtriers ont placé un coussin du canapé sur son visage, causant ainsi sa mort. Puis cela a été au tour d’Indira Sookur de se faire tuer car elle avait reconnu certains des malfaiteurs. Selon les aveux, la sexagénaire a aussi été étouffée à l’aide d’un oreiller. L’autopsie a d’ailleurs confirmé qu’elle est morte asphyxiée. Les présumés meurtriers disent avoir vérifié son pouls pour s’assurer qu’elle était bel et bien morte avant de quitter les lieux.

Nacir Buckreedun, le présumé meurtrier ?

Son nom a été balancé par Cedric Kersley comme celui qui aurait perpétré les deux meurtres. Le suspect no1 a expliqué que Nacir Buckreedun, qui pratique les arts martiaux avait la responsabilité de maitriser le septuagénaire. D’ajouter que « li coner ki bann plas bizin apuye. Linn bat bolom ek apre linn touf li ar loreyer ek apre lin touf so madam”. Pour sa part, le jeune de 27 ans, réfute ces allégations.

Dissimulés les articles volés

Cédric Kersley Beegun a fait ressortir qu’après leurs actes, ses complices présumés ont pris le contenu d’un coffre et sont partis avec la Suzuki du couple. Ils avaient caché la voiture sur un terrain vague à Roches-Brunes. Mais après la macabre découverte jeudi soir, ils ont déplacé le véhicule à Quartier-Militaire. Selvina Bundhoo et lui sont partis à bord de la Toyota. Il confirme avoir fouillé la maison et avoir pris un fusil de chasse dans une armoire, qu’il a caché ensuite à Camp-Levieux. L’arme a depuis été restituée à la police. L’argent aurait été divisé le soir même et a été gaspillé durant le week-end, selon leurs dires.

Pour rappel, le crime a eu lieu dans l’après-midi du mercredi 20 septembre, au domicile du couple Sookur, à Vacoas. Les cadavres de Presram et Indira Sookur ont été découverts par leur fille le vendredi 22 septembre. Le couple Cédric Kersley Beegun et Marie Sarah Selvina Bhundoo et leur complice Jean-Marie Pascal Jacquette, ont été arrêtés dimanche dernier et ont avoué leurs forfaits. Ils ont tous trois étaient traduits en cour de justice lundi sous une accusation provisoire de meurtre. Le couple a participé à une reconstitution des faits le même jour pour expliquer leur participation dans le meurtre du couple Sookur.

Sandrine Rathbone et Mohamed Nacir Buckreedun, ont, eux, été arrêtés le mardi 26 septembre 2023. Ils ont aussi avoué leur participation à ce crime perpétré au domicile des retraités à Clairfonds le 20 septembre. Ce mercredi, le couple a été présenté devant la justice pour une inculpation provisoire de meurtre. Par la suite, les hommes du surintendant de police (SP) Hayman Dass Goorah ont conduit la jeune femme sur les lieux du drame.

La bande suspectée d’un autre vol

La police n’écarte pas la thèse selon laquelle cette bande aurait commis un vol avec violence chez un retraité à Curepipe, il y a quelques mois. Ils seront interrogés dans cette affaire par la suite.

Sandrine Rathbonne et Nacir Buckreedun avouent un second meurtre

Dans la soirée du mercredi 27 septembre, lors de leurs interrogatoires à la MCIT South, Sandrine Rathbonne et Nacir Buckreedun, ont par ailleurs, révélé leur implication dans un deuxième homicide survenu en mars de cette année. Le couple dit avoir tué Katiba Goburdun, âgée de 67 ans, lors d’un vol qui aurait mal tourné. Le corps de cette femme avait été découvert le 11 mars 2022 à Cassis. Cependant, après l’autopsie, qui avait conclu à un œdème pulmonaire, la piste de crime n’avait pas été envisagée. Dans l’après-midi de ce jeudi, ils ont participé à des reconstitutions des faits dans le cadre de cette affaire

Injonction pour protéger les biens des clients du casseur décédé

Depuis cette semaine, une requête en Cour suprême est en cours de préparation dans le but d’empêcher les héritiers du casseur décédé, Presram Sookur, de disposer des biens et propriétés des clients. Ces clients sont au nombre de plus d’une centaine, ayant contracté des emprunts auprès de Presram Sookur en échange de bijoux, de véhicules et de terrains. Certains d’entre eux se trouvent actuellement à échéance quant au remboursement de leurs dettes, comme l’explique Doolari Jugnarain, qui s’engage activement en faveur des victimes des usuriers. Elle lance un appel pressant à tous les clients afin qu’ils se manifestent et participent à cette démarche judiciaire.

Posted by Minority Voice on Oct 3 2023. Filed under Faits Divers. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry