Lindsay Louise, un graveur et tombaliste passionné



Le métier de graveur sur pierre tombale ou plutôt tombaliste est moins florissant aujourd’hui, même si à chaque fête des morts, Lindsay Louise qui exerce dans son atelier à Camp-Levieux, Rose-Hill, et aussi dans des cimetières connaît un surcroît d’activités. Ce spécialiste en gravure sur pierre travaille à son compte depuis plus de 20 ans déjà. Un métier d’art méconnu qu’il a vu évoluer au fil du temps…

 

Mercredi dernier, sous le soleil de plomb de Quatre-Bornes, le cimetière St Jean rayonne loin des légendes lugubres à faire claquer les dents. Dès l’entrée, ça sent la rénovation et la peinture fraîche. Pas de noix de coco ni de limons offerts aux entités invisibles devant la grande croix. Bref, nous ne sommes pas passés à l’heure des rituels noirs. Plus de peur que de mal, nous sommes saisis par le son d’un marteau. Lindsay Louise, le tombaliste, sculpte une stèle à l’aide d’un marteau et d’un ciseau dans le cimetière. Il taille des tombes pour les morts depuis vingt ans déjà.

Ce boulot, Lindsay, l’a choisi à la suite de diverses circonstances. « Après le collège, j’ai essayé plusieurs métiers. Mais à un moment donné, je me suis retrouvé sans emploi. Comme j’étais issu d’un milieu modeste, il me fallait à tout prix trouver un job afin de subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. C’est ainsi qu’est venu l’idée de travailler dans un cimetière », confie-t-il.

L’habitant de Camp Levieux affirme que ce n’est pas par pur hasard qu’il a choisi d’embraser le métier de tombaliste. « Depuis l’âge de 8 ans, chaque année, les 1ers et 2 novembre, je me rendais au cimetière de St Jean à Quatre-Bornes pour effectuer quelques boulots. A cet âge, je proposais un service d’arrosage des fleurs sur des tombes avec de l’eau en échange d’une pièce de monnaie.

Lindsay a appris ce métier au fil du temps et en regardant les autres. « C’est un ami qui m’a appris à tailler les pierres et je lui serais éternellement reconnaissant. Il va certainement se reconnaitre », affirme-t-il. Ce dernier indique qu’au cours de ses vingt dernières années il a effectué des travaux sur plusieurs types de rochets dont le «Volvic ». La pierre la plus dure qui soit. « C’est la pierre que je préfère car on peut faire plus de choses. Faire des détails plus fins. Mettre un visage, une expression par exemple ».

Notre interlocuteur affirme qu’en pratiquant ce métier ancestral, le langage est primordial. Lorsqu’il travaille, Lindsay n’est pas vraiment tout seul. Une alchimie se produit avec la matière et ses équipements. « La pierre, elle nous parle. Au fur et à mesure qu’on la travaille, elle sonne différemment. L’oreille est très importante car il faut savoir l’écouter, la comprendre. »

Véritable maestro de la roche, Lindsay travaille avec des outils qui n’ont plus d’âge. « L’outillage n’a pas changé avec le temps. Simplement avant, il était en acier et aujourd’hui en métal. » Broche, ciseaux, marteau, burin… À chaque pierre sa mélodie, il faut donc adapter la partition. Mais toujours à la main. Tel un professionnel dans son métier, il arrive parfois où Lindsay opère sans machine.

Cependant, le plus gros de son métier se passe dans les cimetières, pour de la gravure sur pierre tombale. Un lieu de travail particulier mais Lindsay s’y est habitué au fil des années. « La mort fait malheureusement partie de la vie. Quand je suis dans un cimetière, je fais abstraction de ce qu’il y a autour. Je suis là pour faire une gravure même si parfois, bien sûr, ça nous touche… »

Ce métier requiert beaucoup de qualités dont l’écoute lors de la rencontre avec la famille du défunt. Lindsay veille à prendre en compte l’attente des familles tant dans la forme, la couleur, les inscriptions pour la sépulture tout en les conseillant. Organisation et minutie sont des atouts indéniables dans ce domaine. Il est aussi impératif d’avoir des connaissances en maçonnerie. De plus pour exercer ce métier, il est important d’être en bonne condition physique.

« C’est un travail difficile, il faut être courageux pour le faire. À cette période de l’année, on se retrouve à passer des journées entières au soleil à faire des travaux de rénovation et de restauration. Il faut aimer ce que l’on fait. De nos jours les jeunes ne veulent pas faire ce travail, par peur. Mais je suis fier de transmettre ce savoir-faire à mon fils et de voir que cette tradition familiale va perdurer », se réjouit le tombaliste.

Cependant, Lindsay se dit attristé que ce métier n’attire pas de jeune. « J’ai un petit garçon qui se prénomme Emilien. Pour vous dire, je ne sais un jour s’il va poursuivre dans cette même voie que moi. Aussi, je constate que ce métier n’attire pas les jeunes. Franchement, je les conseillerais d’y essayer ».

Dans son petit atelier à Camp-Levieux, Lindsay Louise travaille méticuleusement. Il prépare des mélodies en mode mineur. En tête à tête avec la matière, il parait même qu’il murmure à l’oreille des pierres… Il ne construit pas uniquement que des tombes, il fabrique également des « roche curry », « roche laver », « mortier », entre autres.

Pour solliciter les services de Lindsay Louise, vous pourrez entrer en contact avec lui sur le 57403417.

 

Posted by on Nov 1 2023. Filed under Actualités, Magazine, Opinion. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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