Acte de terreur à la Citadelle : Le nombre d’arrestations passe à 22…



La liberté sous caution accordée à Anas Ruksheed Lallmohamed

Les autres prévenus restent en détention

Le profilage de certains suspects apporte son lot de révélations

L’enquête initiée dans le sillage du grave incident survenu à La Citadelle, le samedi 21 octobre, ne faiblit pas. Jusqu’au vendredi 3 novembre, la police avait déjà procédé à l’arrestation de 22 personnes suspectées d’avoir participé à cette descente visant à terroriser le public lors d’un concert de bienfaisance. Les dernières personnes à avoir été arrêtées sont deux frères dont la présence à La Citadelle au moment des faits a été confirmée par des témoins. Ces derniers ont déjà été provisoirement inculpés de  ‘damaging property by band’. Après leur comparution devant le Bail and Remand court, la justice ayant objecté à leur remise en liberté conditionnelle, les suspects ont été reconduits en détention policière.

 

Par ailleurs, le suspect Anas Ruksheed Lallmohamed a comparu en Cour de Port-Louis ce vendredi 3 novembre, aux côtés de 14 autres individus suspectés d’être impliqués dans cette affaire. Lors de sa comparution, la police n’a pas objecté à sa remise en liberté sous condition. Anas Ruksheed Lallmohamed devra fournir une caution de Rs 25 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 500 000 lundi prochain pour recouvrer la liberté sous certaines conditions. Certains suspects retourneront en cellule policière tandis que d’autres seront conduits à la prison de Beau-Bassin.

 

À noter que la motion de remise en liberté conditionnelle de sept suspects dans l’affaire des incidents à la Citadelle a été rejetée par la magistrate Shavina Jugnauth en Cour de Port-Louis ce vendredi après-midi, 3 novembre. Dans son « ruling », la magistrate a accepté plusieurs points soulevés par la police, notamment en ce qui concerne le risque que les suspects interfèrent avec des témoins et manipulent des preuves. La magistrate a aussi accepté l’objection de la police selon laquelle les suspects pourraient être en danger et représenter une menace pour la sécurité publique s’ils sont libérés sous caution. D’autres motions de remise en liberté seront entendues par la suite.

 

Nouveaux éléments dans l’enquête

Cette semaine encore, les policiers se sont attelés à la tâche pour mieux comprendre cette attaque. Et de nouveaux développements sont survenus. C’est ce qu’a affirmé le surintendant de police (SP) Hayman Dass Ghoora, qui a été contre-interrogé le lundi 30 octobre 2023. Cela, dans le cadre des motions de remise en liberté de cinq prévenus arrêtés dans le cadre de cette affaire. Lors de son témoignage, SP Ghoora a mentionné que de nouveaux éléments sont ressortis de l’enquête policière. Il a déclaré qu’un des protagonistes avait rejoint un groupe de personnes qui se trouvait au Champ-de-Mars et leur a lancé « boule rouz lor Citadel, pran zarmes monté ».

 

À une question des avocats de la défense lui demandant si les protagonistes avaient forcé un passage à travers la sécurité pour avoir accès à l’intérieur de la Citadelle malgré la fin du concert, le SP Ghoora a répondu que la police tente de recueillir des preuves. D’autre part, le haut gradé a déclaré que ni des armes ni des cagoules n’ont été retrouvés chez les prévenus lors des perquisitions chez ces derniers.

 

Sympathisants et organisateurs d’une marche propalestinienne

Les enquêteurs estiment que les instigateurs de l’attaque ont donné l’ordre de débarquer au Gran Konser Solider du 21 octobre quelques minutes après l’arrivée de sympathisants et d’organisateurs d’une marche propalestinienne à La Citadelle. Une réunion, organisée par le groupe Mauritius Muslim Awakening dans le cadre d’une manifestation pacifique propalestinienne, venait de prendre fin ce soir-là au Champ de Mars.

 

C’est alors qu’ils étaient en route pour le sommet de La Citadelle que certains des individus présents ont lancé qu’il fallait mettre fin au Gran Konser Solider de manière violente et brutale. Initialement, les sympathisants et membres du groupe MMA concernés voulaient installer des banderoles dans le cadre de la marche propalestinienne prévue le lendemain, laquelle devait démarrer à La Citadelle pour se terminer au Square Khadafi de Plaine-Verte.

 

Ce n’est qu’une fois au sommet de La Citadelle que les présumés cerveaux se seraient mis à affirmer que le concert comporterait des propos antipalestiniens, notamment dans la chanson « One-Day », dont l’auteur Matisyahu est un Américano-Juif pro-israélien. C’est ce qui aurait déclenché la démonstration de violence dans l’enceinte de Fort Adélaïde.

 

Le profil des suspects et leur affiliation avec des groupes étudiés

De l’autre côté, la MCIT a approfondi son enquête pour savoir à quelle organisation appartiennent les fauteurs de troubles. Avec l’arrestation des suspects, la Major Crime Investigation Team (MCIT) a abordé un second volet de l’enquête dès cette semaine, à savoir étudier le profil des suspects mais aussi et surtout leur affiliation avec des groupes. Après une semaine d’enquête, ils soupçonnent ces derniers d’être actifs au sein de différents groupes connus pour leurs méthodes extrêmes, mais qui aujourd’hui font front commun pour défendre la cause palestinienne.

 

La thèse selon laquelle les incidents survenus à La Citadelle ont été planifiés et préparés à l’avance est fortement privilégiée par les Casernes centrales. Les enquêteurs sont déjà en possession d’éléments accablants contre certains fauteurs de troubles qui prouvent qu’ils ont échangé des communications avant les incidents du 21 octobre. Cette semaine, les experts de l’IT Unit du Central Criminal Investigation Department ont commencé à retracer et récupérer des appels ainsi que des textos échangés entre les protagonistes. Cela devrait leur permettre de remonter jusqu’au commanditaire ou jusqu’aux commanditaires de ces actes de violence.

 

Ring Leaders

L’une des tâches des enquêteurs consiste aussi à faire un « profilage » des suspects arrêtés. Ils ont déjà commencé par faire celui de Whalid Delbar, un des présumés commanditaires de l’attaque qui est provisoirement accusé de ‘giving instruction to commit a crime.’ Son entourage et ses antécédents personnels sont passés à la loupe. La MCIT cherche à savoir si cet habitant de Stanley de 34 ans a exécuté des ordres venant d’une tierce personne pour inciter la foule des partisans propalestiniens à interrompre violemment ce concert.

 

Personne connue de Rose-Hill car il exerce comme « marsan konfi » dans le centre-ville, il serait engagé dans des activités sociales, selon des habitants de Stanley. Les enquêteurs approfondissent leurs investigations pour établir si Whalid Delbar a des liens avec un activiste radical qui a, dans le passé, déjà été inquiété pour un délit en vertu de la Prevention of Terrorism Act 2002.

 

Alors que le profilage de chacun des suspects se poursuit, la MCIT s’attelle à faire le lien entre Whalid Delbar et d’autres présumés fauteurs de troubles venant eux aussi de faubourgs de Rose-Hill, de Port-Louis et de Terre-Rouge, entre autres. Parmi les 20 suspects arrêtés, la police a déjà dressé la liste des « Ring Leaders » : Shehzad Seeroo, Yul Ruhomutally et Raeez Salauroo.

 

Arrêté vendredi dernier, Shehzad Seeroo avait, dans un premier temps, prétendu jouer le rôle de médiateur pour prévenir les organisateurs des risques de dérapages. Mais la MCIT a recueilli des preuves, en fin de semaine, indiquant qu’il a été de mèche avec les fauteurs de troubles pour semer le désordre.

 

Proches du FSM

Certains des suspects, issus principalement des faubourgs de Rose-Hill, sont considérés comme étant proches du Front Solidarité Mauricienne (ex-Hizbullah) de Cehl Meeah. Yul Rohomutally, l’homme de 61 ans qui a été arrêté jeudi dernier, est connu comme l’un des bras droits du leader du FSM. En 2014, le sexagénaire a brigué les suffrages sous les couleurs de ce parti dans la circonscription n° 19 (Stanley/Rose-Hill) où il avait récolté 550 voix.

 

Quant à Raeez Salauroo, également issu de Stanley, il n’est pas inconnu des services policiers. En 2006, cet informaticien et deux complices avaient été arrêtés à bord d’une voiture qui contenait tout un arsenal composé de menottes, de gaz lacrymogène, de walkies-talkies et de plaques d’immatriculation. Cette enquête-là avait permis d’élucider le braquage perpétré en 2005 dans une bijouterie de Port-Louis où Rs 785 000 avaient été emportées. L’homme avait fait l’objet d’une accusation provisoire de « vol commis par plus de deux individus ».

 

Le leader du Front Solidarité Mauricienne, Cehl Meeah, avait aussi été arrêté dans cette affaire. Il avait été provisoirement accusé de complot. Mais en 2012, le bureau du Directeur des poursuites publiques avait stoppé toute poursuite contre lui.

Posted by on Nov 7 2023. Filed under Faits Divers. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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