Violences à La Citadelle
La liste de nouveaux suspects dans l’affaire Citadelle s’est encore allongée cette semaine, ne laissant place à aucun répit. Quatre autres personnes soupçonnées d’avoir participé à cette attaque ont été arrêtées par la police, portant le nombre d’arrestations à 26. Il s’agit des deux frères, Zayd Bin Ahmad et Oomar Jeenathally, ainsi que de Shehzaad Seeroo et Muhammad Akram Chotoye. Ces derniers ont été conduits en cellule policière après leur comparution en cour et comparaîtront de nouveau au cours de la semaine. Cela alors que la Major Crime Investigation Team prévoit encore d’autres arrestations dans les jours à venir.
Les deux frères, habitants de Plaine-Magnien, avaient été arrêtés le 3 novembre. Ils étaient recherchés depuis les violences perpétrées lors du concert à la Citadelle dans la nuit du 21 octobre. Appréhendés lors d’une opération de la police, ils ont nié leur implication dans cette affaire. Cependant, ils ont été positivement identifiés par des policiers assurant la sécurité lors de l’événement. Des enregistrements de surveillance du réseau Safe City ont permis leur identification. Un exercice d’identification a eu lieu aux Casernes centrales le vendredi dernier, où Oomar Jeenathally et Zayd Bin Ahmad Jeenathally ont été formellement reconnus.
Lors de leurs interrogatoires respectifs, les trois individus ont nié avoir été présents à La Citadelle ce soir-là. Cependant, les enquêteurs de la MCIT disposent d’images CCTV jugées incriminantes à leur encontre. La MCIT South, dirigée par le surintendant de police (SP) Heman Dass Ghoora, prévoit incessamment de les confronter aux enregistrements de vidéosurveillance.
À l’issue de leurs interrogatoires, les deux frères ont été placés en détention policière. Ils ont été présentés devant le tribunal de Port-Louis le lundi 6 novembre 2023, sous des accusations provisoires de “damaging property by band” et d'”unlawful illegal assembly”, soit d’avoir endommagé des instruments de musique et d’avoir participé à un rassemblement illégal. La police s’est opposée à leur remise en liberté conditionnelle en soutenant que l’enquête est toujours à un stade préliminaire. Suivant la décision de la magistrate, les deux suspects ont été maintenus en détention. Néanmoins, Me Ritesh Sumputh, l’avocat d’Oomar Fardeen Jeenathally, a sollicité un renvoi des débats autour de la demande de remise en liberté sous caution de son client. Il a expliqué qu’il est prévu que la police prenne une autre déposition de son client. Les débats ont donc été ajournés au 16 novembre 2023.
Aucune objection pour Muzammil Lallmohamed. Les habitants de Plaine-Magnien ont été arrêtés au même moment que Muzammil Lallmohamed, un coiffeur de 19 ans résidant à Stanley. Ce dernier a également été identifié grâce aux enregistrements de surveillance du réseau Safe City. Appréhendé, il a également nié sa participation à cette attaque en bande mais a été positivement identifié lors d’un exercice d’identification. Confronté aux preuves, Muzzamil Lallmohamed a gardé son droit au silence et a affirmé qu’il donnera sa version des faits en présence de son avocat. Le coiffeur a été présenté devant le tribunal de Port-Louis le lundi 6 novembre 2023, sous des accusations provisoires de “damaging property by band” et d'”unlawful illegal assembly”, soit d’avoir endommagé des instruments de musique et d’avoir participé à un rassemblement illégal. Il a obtenu la liberté conditionnelle car, à l’appel de l’affaire, la police n’a présenté aucune objection à sa remise en liberté conditionnelle. Il s’est acquitté d’une caution de Rs 15 000 et a signé une reconnaissance de dette de Rs 50 000. Ruksheed Lallmohamed libéré sous caution. À noter qu’Anas Ruksheed Lallmohamed, autre suspect dans cette affaire, qui avait comparu en cour de Port-Louis le vendredi 3 novembre, a également recouvré la liberté le lundi 6 novembre. Il a payé une caution de Rs 25 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 500 000. Cependant, tout comme Muzzamil Lallmohamed, plusieurs conditions ont été attachées à sa libération. Notamment, il devra se présenter au poste de police le plus proche de son domicile tous les jours. De plus, il ne devra pas être en contact avec quelque témoin que ce soit dans cette affaire. Les deux hommes devront de nouveau se présenter en Cour le 16 février 2024. À noter que sur les 26 suspects arrêtés, seulement trois d’entre eux ont été libérés sous caution, à savoir Irfaan Meerun, Muzzamil Lallmohamed et Anas Lallmohamed. Vendredi dernier, la Cour a rejeté la demande de libération sous caution de sept suspects. Il s’agit d’Anfaal Khodadin, d’Imteeaz Tourabaly, de Sooltan Sorabally, de Muzzafar Ali Raeez Salauroo, d’Ally Zameer Khan Batchkhan, de Noor Mohammad Ally Hosanee et de Muhammad Ajmal Aniff Imrit.
Mohammad Shehzaad Seeroo tente de négocier. D’autre part, Mohammad Shehzaad Seeroo s’est aussi présenté le lundi 6 novembre 2023, devant la magistrate Shavina Jugnauth. Des débats sur sa requête de remise en liberté sous caution étaient prévus le jeudi 9 novembre 2023, mais son avocat, Me Shakeel Mohamed, a informé la magistrate Shavina Jugnauth qu’il est en possession de trois documents qu’il prévoit de communiquer à la poursuite avant que celle-ci ne prenne position au sujet de la motion de son client. Rubesh Oberoi Dawoodarry, l’Acting Senior State Counsel, a répondu qu’il dévoilera sa décision ce vendredi 10 novembre 2023 après avoir examiné ces documents. Me Shakeel Mohamed a aussi indiqué qu’il détient la “Diary Book Entry” effectuée par l’assistant surintendant de police (ASP) Domun, le 21 octobre 2023, au poste de police de Trou-Fanfaron. Il a précisé qu’il a aussi la déclaration faite par son client le même soir dans ce poste de police, dans laquelle il affirme avoir été victime d’une agression. L’homme de loi a fait ressortir que des fauteurs de troubles avaient été identifiés à la suite d’une enquête discrète menée par le NSS sur les incidents à La Citadelle. Selon l’avocat, son client est un médiateur qui a dissipé le malentendu et qui a été pris à partie par le groupe. Me Shakeel Mohamed a aussi souligné que le père de son client a subi une intervention chirurgicale et que vu que Mohammad Shehzaad Seeroo est le seul gagne-pain de sa famille, il doit être libéré sous caution le plus vite possible.
Me Rama Valayden fait état de trois événements survenus le jour du concert. Ce mardi 7 novembre 2023, Me Rama Valayden a questionné le surintendant de police (SP) Hayman Dass Ghoora sur trois événements qui ont eu lieu le 21 octobre 2023. C’était lors de la comparution de trois prévenus, notamment Mohammed Sheik Huzaifi Khan Peerally, Yousouf Mungroo et Yusuf Ruhomutally. Tout d’abord, l’avocat de ce dernier, Me Rama Valayden, a voulu savoir le nombre exact de personnes que la police prévoit d’arrêter dans cette affaire. Le haut gradé a évoqué que la police continue de visionner des enregistrements des caméras de surveillance afin d’identifier les “potentiels suspects” dans cette affaire. Le SP Ghoora a soutenu ne pas pouvoir donner de chiffre exact, car l’exercice de visionnage des enregistrements des caméras de surveillance et l’identification des suspects se poursuivent. Par la suite, Me Rama Valayden a interrogé le SP Ghoora sur trois événements qui se sont tenus le 21 octobre 2023, notamment la fête culturelle à La Citadelle, un groupe de personnes qui préparaient des drapeaux et des banderoles au Champ de Mars pour la marche pacifique en soutien au peuple palestinien, et un troisième où des gens participaient à une manifestation pour le compte d’un politicien et faisaient des dégâts. Le haut gradé a affirmé ne pas être au courant de ce troisième événement. Selon Me Rama Valayden, son client Yusuf Ruhomutally criait aux personnes présentes de ne pas se joindre à ce groupe. Le SP Ghoora a répondu qu’il n’était pas au courant de cela. D’autre part, le haut gradé a confirmé qu’un des prévenus arrêtés et qui en avait identifié d’autres avait été libéré après que la police a obtenu l’information qu’il percevait une pension car il n’est pas sain d’esprit. Le SP Ghoora a affirmé que l’assistant surintendant de police (ASP) Domun a fait un rapport des incidents survenus à La Citadelle le 21 octobre 2023, où il a évoqué avoir identifié des suspects mais n’a pas fourni leurs descriptions. Les débats sur la remise en liberté de ces trois prévenus sont prévus le 13 novembre 2023.
Un entrepreneur de 29 ans arrêté. La dernière arrestation en date dans cette affaire est celle de Muhammad Akram Chotoye. Cet habitant de Vallée-Pitôt, un entrepreneur de 29 ans, a été interpellé par la MCIT ce mercredi 8 novembre. Les autorités soupçonnent cet entrepreneur d’être impliqué dans cette affaire qui est au-devant de l’actualité depuis le samedi 21 octobre, date à laquelle un escadron a fait irruption dans le Gran Konser à La Citadelle. Selon la police, lors de son arrestation, le jeune homme serait passé aux aveux. Il a ensuite été placé en détention. Muhammad Akram Chotoye s’est présenté devant le tribunal de Port-Louis le jeudi 9 novembre 2023. Deux accusations provisoires ont été retenues contre lui : “damaging property by band” et “taking part in an unlawful assembly”. La police a objecté à sa remise en liberté sous caution, mettant en avant quatre points : le risque qu’il interfère avec des témoins, celui qu’il manipule des preuves, ainsi que le risque pour sa sécurité et celle du public. Il a été reconduit en cellule policière où il restera jusqu’au 16 novembre 2023.
Jameer Yeadally s’explique
Cette semaine, la Major Crime Investigation Team (MCIT) a aussi convoqué Jameer Yeadally, conseiller du vice-Premier ministre et ministre des Administrations régionales, Anwar Husnoo, pour donner plus de détails au sujet de sa présence à La-Citadelle dans la soirée du 21 octobre. Cela après que trois témoins ont confirmé aux enquêteurs avoir vu l’attaché de presse du VPM durant cette soirée et l’ont positivement reconnu lors d’une parade d’identification aux Casernes centrales. L’équipe du surintendant Ghoorah ont voulu avoir plus de précisions sur sa présence à La-Citadelle s’il n’avait pas l’intention d’assister au concert.
Le principal concerné, assisté de Me Assad Peeroo, a une nouvelle fois expliqué qu’il avait appris un possible problème au concert. Raison pour laquelle il dit d’être rendu sur les lieux, et ce, afin d’en informer les policiers sur place. « Je suis un whistleblower », a-t-il déclaré aux enquêteurs de la MCIT, avant de leur donner des détails sur l’heure à laquelle il dit avoir reçu l’information ainsi que sur ses mouvements sur le lieu du concert.
Jameer Yeadally affirme, en outre, ne rien avoir avec les fauteurs de trouble, ajoutant qu’il s’est contenté de laisser la police effectuer son travail. Il devait réaffirmer qu’il devait rapporter ce qui s’était passé à son ministre. Il a été autorisé à partir après sa déclaration. La police lui a cependant demandé de rester disponible pour les besoins de compléments d’informations dans le cadre de cette enquête.
Trois groupes
Du côté de l’enquête, la MCIT pense que trois groupes étaient présents à La-Citadelle lors de cette soirée, dont le premier était impliqué dans la préparation d’une marche pacifique prévue le lendemain en faveur de la cause palestinienne. Quelques personnes étaient ainsi présentes sur les lieux afin de s’occuper de la décoration, et ce, alors que le concert n’avait pas encore pris fin. Selon les policiers présents au Grand Konser, ces volontaires n’avaient aucun problème avec les chansons qui étaient interprétées et s’affairaient à poser des banderoles.
Le deuxième groupe est l’escadron ayant semé la terreur au concert, soit une vingtaine d’hommes, certains cagoulés et armés de sabres et de bâtons télescopiques. Ces individus ont lancé des jurons, fait fuir des membres du public et endommagé des instruments de musique, mais sans agresser personne. La MCIT est d’avis qu’ils n’ont fait que suivre des instructions, et qu’il leur avait été interdit d’en venir aux mains.
Mais aujourd’hui, c’est la présence du troisième groupe qui intéresse plus particulièrement les enquêteurs. L’activiste Shezaad Seeroo, arrêté dans le cadre de cette affaire, avait ainsi déclaré s’être rendu à La-Citadelle pour prévenir la police d’un éventuel problème. Des explications qui ne sont pas à la pleine satisfaction de la police. Ce petit groupe s’est contenté de rester sur place et ces personnes ont assisté aux violences verbales de l’escadron avant de quitter à leur tour les lieux.